on remue le métal dans le fourneau ; 3 , cheminées
par lefquelles la fumée fort du fourneau ; 4 , baf-
cules par lefquelles on leve & ferme les portes du
fourneau ; 5 , trou du tampon par lequel fort le métal
pour couler dans l’écheno ; 6 , perrier avec lequel
on pouffe le tampon dans le fourneau pour en faire
fortir le métal , afin qu’il coule dans l’écheno. Ce
perrier eft fufpendu par une chaîne de fer ; 7 , 7 ,7 »
trois quenouilles dans l’écheno où elles bouchent les
entrées du métal, au haut des trois jets, par lefquels
le métal fe répand dans tous les jets de la figure ; 8,
8 , bafeule pour lever en même tems les trois que-
nouillettes , afin que le métal entre dans lès trois
principaux jets ; 9 ,9 , écheno en maniéré de baflin,
dans lequel coule le métal au fortir du fourneau ,
pour entrer dans les trois principaux jets en même
tems, quand on a levé les quenouillettes-.
On laiffe repofer le métal dans le moule pendant
trois ou quatre jours afin qu’iL y prenne corps, &
quand la chaleur eft entièrement ceffée , on le découvre,
& l’on a une figure toute femblable à celle
qu’on avoit exécutée en cire. On a pouffé la fonderie
fi loin, que la cire n’étoit quelquefois guere plus nette
que ne l’eft l’ouvrage fondu, & qu’on pourroit pref-
que fe contenter de le laver , & de l’éeurer avec la
lie de vin : mais les gens habiles qui font toujours difficilement
contens d’eux-mêmes, retouchent les contours
de leurs figures. D ’ailleurs il y a des trous à
boucher , des jets à couper , des évents & d’autres
fuperfluités à enlever ; c’eft ce qu’on exécute avec
des cifeaux. On fe fert de la marteline pour détacher
une craffe qui fe forme fur l’ouvrage du mélange
de la bronze même & de la potée, & qui eft plus
dur que la bronze même. La marteline eft une efpece
de marteau d’acier pointu par un bout, & à dents
de l’autre, avec lequel on frappe fur l’ouvrage , pour
ébranler la craffe qu’on enleve enfuite au ciieau. On
employé auffi le gratoir, le rifloir, &c le grate-boffe ;
on achevé de nettoyer avec l’eau-forte, dont on frote
l’ouvrage avec une broffe, ufant auffi du gratoir &
du grate-boffe. On réitéré cette manoeuvre trois ou
quatre fois ; puis on écure avec la lie de vin.
- Quant aux petits ouvrages, quand on en a ôté les
jets, on les laiffe tremper dans l’eau-forte pendant
quelque tems ; la craffe fe diffout ôc fe met en une
pâte qu’on ôte aifément.
On bouche enfuite les trous en y coulant des gouttes
de métal. On appelle' goutte , ce que l’on fond
après coup-fur un ouvrage ; ces gouttes rempliffent
quelquefois les plus grands creufets.
Pour les couler , on taille la piece en queue d’a-
ronde, en la fouillant jufqu’à moitié de t’épaiffeur de
la bronze On y met de la terre que l’on modèle fui-
vant le contour qu’elle doit avoir, & fur laquelle on
fait un7 moule de terre , eu de plâtre & brique , au-
deffus duquel on pratique un évent & un petit godet
qui fert de jet pour y faire couler le métal ; on dé’
place enfuite cette piece du inouïe, pour la faire recuire
comme le moule de potée ; & après avoir ôté
la terre du:trou où 1-on doit couler la goutte, on remet
cette portion recuite dans fa place , en l’atta-
ehaht avec des cordes à l ’ouvrage, pour qu’elle y
foit jointe ; de maniéré que le métal ne puiffe s’écouler.
Après avoir fait bien chauffer le tout, on ÿ coule
le métal» fondu très-chaud dans un creufet, énforte
qü’il fâfle corps-avec la bronze-: on pratique la même
chofe aux fentes : mais fi elles fe trouventdans-un en-
droit-ôù -il feroit difficile de jetter du métal ; on lime
une piece de la même étoffe que l’ouvrage, & de la
melure de la fente-, & on-'l’enfonce à forée , après
avoir entaillé cette fente en queue d’aronde » de la
-moitié de l’épaiffeur de la bronze. '■
© Oh achevé enfin tout cq grand travail en vuidant
Ja piece fondue de_ ton noyau ; fi c’eft une ftatue
équeftre, on defcend dedans par l’ouverture prati»
quée au-deffus de la croupe : on retire une partie des
fars de l’armure & du noyau par le haut ; le refte s’écoule
par les ouvertures du ventre. On bouche bien
tous ces trous. Si on négligeoit ce foin , les ouvrages
venant à fe charger d’eau en hy ver ; & cette eau
defcendant dans les parties inférieures »dans les cuii-
fes & dans les jambes , elle pourroit s’y glacer, Se
détruire les formes de ces parties , peut-être même
les ouvrir. On coupe les jets ; on enleve un cifeau
les barbures ; on repare l’ouvrage jufqu’à ce qu’il
n’y ait plus rien à defirer » & on le tire de la foffe ,
pour le placer fur fon pié-d’eftal.
Quels travaux, quelles dépenfes, quelle induftrie !
Mais doit-on rien épargner quand il s’agit d’éternifer
la mémoire des fouverains, qui ont rendu leurs peuples
heureux ? Pour les princes oififs ou méchans
îont-il dignes des honneurs du bronze? Perdez-vous»
art divin, fous les régnés des Claudes, des Nérons,
& des Caligulas, &c ne vous retrouvez que fous les
régnés des T ites, des Trajans , & des Antonins.
La ftatue équeftre élevée par la ville de Paris dans
la place de Louis-le-grand en 1699 ,eft le plus grand
ouvrage qui ait peut-être jamais été fondu d’un feu!
jet ; il a vingt-un pies de haut. Les ftatues équeftres
de Marc-Aureleà Rome,deCofme de Medicis à Florence
, d’Henri IV. & de Louis XIII. à Paris , ont
été fondues par pièces féparées. Il en eft de même de
la chaire de i’églife de S. Pierre de Rome; cet ouvrage
, qui a quatre-vingt piés de haut, eft fait de
pièces remontées fur une armature.
Les Egyptiens, les Grecs, ont connu l’art de fondre
i mais ce qui refte de leurs ouvrages, & ce que
l’hiftoire nous apprend des autres, n’eft que médiocre
pour la grandeur. Le coloffe de Rhodes, ainfi que
quelques autres ouvrages qui nous paroiffent prodigieux
aujourd’hui, n’étoient, félon toute apparence ,
que des platines de cuivre rapportées : c’eft ainfi qu’on
a fait la ftatue du connétable de Montmorency,
élevée à Chantilly.
On peut exécuter de très - grands ouvrages d’un
feul jet ; l’expérience qu’on fit du fourneau de la ftatue
équeftre de la place de Louis-le-grand, prouve
que le métal en fulion peut couler à cinquante piés à
l’air fans fe figer ; c’eft ce que Landouillet n’ignoroit
pas. Quand on propofa de faire dans le choeur dé
Notre-Dame de Paris un autel en baldaquin de bronze
de cinquante piés de haut , pour acquitter le voeu
de Louis XIII. cet habile fondeur, commiffaire de la
fonderie de Rochefort, s’offrit de le fondre d’un feul
jet dans le choeur même de Notre-Dame» dans lat
place 6ù le modèle étoit fait , établiffant fes fourneaux
dans l’églife , enfortê qu?il n’y eût eu aucun
embarras de tranfport. Ce projet étoit beau & poffi-
ble »mais au-deffus dés lumières de fon tems ; & l’on
pourroit dire que Landouillet' naquit un peu trop-
tôt. :
_ Lorfque M. le Moine , habile fculpteur, exécuta
la ftatue équeftre de Louis XV. pour.Ia ville de Bordeaux
, il y avoit 50 ans que celle-de Louis X IV .
pour la ville de Paris avoit été fondue ; les mouleurs:,
les forgerons, & les fondeurs qu’on y avoit employés
n’étoient plus vivans ; & la pratique en étoit prefque
•perdue., fans les mémoires & les deffeins recueillis
par M. Boffrand, & communiqués à M. le Moine :
ce fut à l’aide de ces mémoires que. l’art de fondre
d’un jet des ftatues équeftres fe retrouva. A l’égard
de la ftatue équeftre de- Louis X I V. dont M. de
Boffrand a expliqué la fonte & les. travaux dans un
ouvrage intitulé , Dtfcrïption de ce qui a ici pratiqué
.pour fondre la Jlatue-équeJlre , &e; la fculpture eft de
François Girardon , dont les ouvrages font l’éloge
mieux qué je ne pourrais faire ; & la fonte & fes
opérations ont été-conduites par Jean-Baltafar Kel-
1er, fuiffe de nation , homme très-expérimenté dans
les grandes fonderies.
* BRONZES, f. m. pl. ( Antiquit. ) les Antiquaires
donnent ce nom aux figures humaines, aux animaux
, aux urnes ,*alix tables, & en général à tout
morceau de fculpture , ou même d’architeéhire un
peu confidérable, fondus de ce métal par les anciens,
& échappés aux ravages des tems. , ' •.
On tire de ces morceaux des inftrmftions très-certaines
fur un grand nombre de faits. Nous en poffé-
dons beaucoup ; & il n’y a aucun doute que le nombre
n’en,fût beaucoup plus confidérable , fi les plus
grands bronzes n’avoient été fondus dans les tems de
barbarie : alors on faififfoit avidement Ces métaux,
comme des matériaux dont le poids faifoit tout le
prix.
- Nous donnons auffi le ’nom de bronzes à toutes les
pièces un peu importantes que nous faifons fondre
de ce métal ; foit que ces pièces foient des copies de
l ’antique ; foit que ce foient des fujets nouvellement
inventés.
BRONZER, c ’eft applique? la bronze fur les figures
& autres ornemens de bois, plâtre, ivoire, &e.
en forte que la bronze réfifte à l’eau. On prend du
brun rouge d’Angleterre broyé bien fin, avec de
l’huile de noix & de l’huile graffe, on en peint toute
la figure qu’on veut bronzer, puis on laiflè bien fé-
cher cette peinture quand elle eft bien feche , on y
donne une autre couche de la même couleur, quron
laiffe encore fécher ; après quoi l’on met dans une
coquille ou godet du vernis à la bronze ( voye{ Vernis
à la bronzej , & avec un pinceau imbibé de:ce
vernis, & que l’on trempe dans de l’or d’Allemagne
en poudre, on l’étend le plus également qu’il eft pof-
fible fur la figure qu’on vent bronzer. Au lieu d’or
d’Allemagne on peut prendre de beau bronze qui
n’eft pas fi cher, & qui fait.uri bel effet : il y en a de
plufieurs couleurs.
BRO N ZE R , terme d'Arquebujîer & autres ouvriers en
fer, c’eft: faire prendre au canon d’un fufil une couleur
d’eau. Les Arquebufiers font chauffer ce canon
jufqu’à un certain point, le pofent dans les tenailles
en bois qu’ils affujettiffent dans l’étau, & le ffotent
enfuite un peu fort avec la pierre fanguine, jufqu’à.
ce que le canon ait pris la couleur.
BRONZER , terme de Chamoifeur, PeauJJier & Cor-
roytur, façon qui fe donne aux peaux de maroquin
& de mouton , par laquelle au lieu d’en former le:
grain, on y éleve à la fuperficie une efpece de bourre
ou velouté, femblable à celle qu’on remarque fur
les bafannes velues. Le bronzé lé fait toujours en
noir ; c’eft avec les peaux qui ont été bronzées qu’on
fait des fouliers & des gants de deuil, qu’on appelle
fouliers bronzés , & gants bronzés. Voye£ CH AM O I -
SEUR.
* BROQUELEUR , f. m. ( Econom. rujliq. ) c’eft
ainfi qu’on appelle un trou du diamètre de quatre à
cinq lignes, pratiqué fur le devant des tonneaux :
on le laiffe ouvert pendant dix à douze jours après
qu’on à abandonné les vins nouveaux ; paffé ce tems,
on y place une cheville haute.de deux pouces, qu’on
puiffe ôter & mettre facilement, pour donner de l’air
au vin nouveau dans le cas qu’il vînt encore à s’émouvoir.
On fe fert de la même ouverture pour remplir
les tonneaux pendant deux ou trois lèmaines,
tous les huit jours une fois ; pendant un mois ou
deux, tous les quinze jours une fois ; & enfin tous les
deux moisyme fois. On prétend qu’il faut être très-
exaâ à faire ces rempliffages dans les commencer
a™ , lorfque le vin bouillonne encore, & cherche
à fe debarraflèr de fes impuretés ; & qu’il ne faut pas
les négliger dans la fuite, le vin reftat-il des années
entières dans la cave.
j * BROQUETTE, f. f. {Cloutier.') c’eft la plus pe-
Tome I I ,
tite forte de clous ; il y en a depuis quatre onces juf-
qu à deux livres le millier : on donne le nom de bro-
quette emboutie ou eflampée à ces dernieres. Il y a une
groffe broquette de trois livres au millier qui-fe vend
au cent. Les broquettes au-déffous de celle-ci fe vendent
à la fomme-, qui eft de douze milliers. Voye%_
C l o u .
BRÔRA, (Géogi) ville de l’Ecoffe feptentrionale
dans le comté de Southerland, à l’embotichure de la
riviere de même nom.
BROSSÆA y f» f ..(^Hijt. nat, bot.) genre de plan*
te dont le nom a été dérivé de celui de Guy de la
Broffe., premier intendant du jardin du Roi. La fleur
des plantes de ce genre eft monopétale, campanifor*
me , & cependant reffemblant à un cône tronqué.
Cette fleur eft foûtenue fur un calice profondément
découpé, du milieu duquel il s’élève un piftil qui devient
dans la fuite un fruit compofé de cinq capfules,
rempli de femences menues, & renfermé dans le calice
de la fleur, qui devient charnu, mou, fphérique,
qui eft ouvert par cinq fentes. Plumier, Nova plant.
Amer, gener. Voye{ P l a n t e ; ( / )
BROUSSAILLES, f. m. pl. (^Jardin;') s’entend du
mauvais bois qui profite peu, tel que les haies , les
buiffons , les ronces , les épines , bruyères, ferpo-
let, genêt, jonc marin, &c. (i£ )
* BROSSE, f. f. fe dit en général de tout inftru-
ment à poil, ou à fil-d’archal, ou de laiton, qui fert
foit à nettoyer , foit à d’autres ufages femblables :
ce font les Vergettiers qui font les brojfes ; & l’on en
diftingue un grand nombre de fortes , tant par la
forme, que par l’emploi. Quant à la maniéré de les
fabriquer; elle eft fort fimple : on perce une planche
de plufieurs trous, on y inféré les poils pliés ; on arrête
ces poils dans les ouvertures par des ficelles ou
du fil-d’archal qui les embraffent par le milieu ; on
couvre ces attaches de peau, de maroquin, &.c. on
coupe les poils pour les égalifer, & la broffe eft faite.
V o y e^ V e r g e t t e .
B r o s s e .« l'apprêt, ce font des brojfes courtes qui'
n’ont rien de particulier que cette forme. Elles fervent
dans .toutes les occafions où le frotement devant
être violent, il faut que le poil ait une certaine
confiftancé.
B r o s s e s de carrojje y font.celles qui font à queue,
larges vers la poignée ou la queue, allant toûjours
en retréciffant jufqu’à l’autre bout, & dont on fe fert
pour nettoyer le dehors & Pintérieur du carroffe.
B r o s s e s à.chevaly celles dont on fe fert pour étriller
les chevaux & leur polir le poil : elles font à poil
de fanglier coupé court, & monté fur un bois rond,
avec Une courroie par*deffus qui prend la main en-
tr’elle St le bois.
B r o s s e s à chirurgien , celles dont quelques médecins
ordonnent l’ufage à ceux qui font incommodés
de rhûmatifmes, prétendant que cette efpece de
fri&ion ouvre les pores , Sc fait tranfpirer l’humeur
qui caufe la douleur.
B r o s s e à dent, eft celle dont le poil court eft attaché
dans les trous d’un fût d’os ou d’ivoire avec du.
fil-d’archal : elle eft ainfi nommée parce qu’elle fert
à nettoyer les dents.
B r o s s e « trois faces 9 celle qui a trois faces, dont
chacune a fon ufage particulier. On s’en fert pour
broffer les tapifferies, le plancher, St les bouffes des
lits. Elle eft faite de foie de fanglièr.
B r o s s é d'imprimerie, celle qui fert à laver les formes
dans la leffive, d’abord avant de les mettre fous,
prefle, enfuite le foir quand la journée eft faite , &
enfin quand le tirage eft fini. Cette broffe eft grande ,
&,doit être de poil de fanglier.
B r o s s e s .« ligner, font celles dont les Peintres fe fer-,
vent-pour tracer des moulures dans leurs tableaux,
& autres.ornemens femblables. V. oye[ P in c e a u .
K k k ij