rendu public par un coup de canon qu’on tire, pour
avertir tous ceux de Pefcadre ou de la flotte d’en être
les fpeftateurs.
Donner la grande cale, ou donner la cale par-deffous
la quille, (Marine.) c’eft une forte de punition quion
pratique à la mer parmi les Hollandois. On mene le
coupable au bord du vaifleau, 6c on y attache une
corde, au milieu de laquelle il eft lié par le milieu du
corps, ou bien on amene la vergue fur le vibord ;
6c ayant mis le coupable fur le bout, on y attache
la corde : autour de l'on corps on met quelque choie
de pefant, ou bien on l’attache à fes pies. La corde
•eft aufli longue qu’il faut pour pafler fous la quille du
vaifleau ; un des bouts en eft tenu de l’autre côté par
quelques-uns des plus forts matelots de l’équipage,
6c l’autre bout eft celui qui eft attaché au vibord ou
à la vergue. Le coupable, à l’ordre qu’en donne le
quartier-maître, étant jetté à la mer, ceux qui tiennent
la corde à l’autre bord du vaifleau, la tirent le
plus vite qu’ils peuvent, deforte qu’il paffe avec une
grande rapidité dans l’eau fous la quille. On recommence
même quelquefois, & on le jette autant de
fois que la fentence le porte. Ce châtiment eft rude
6c dangereux ; car le moindre défaut de diligence ou
d’adreffe de la part de ceux qui tirent la corde, ou
quelqu’autre petit accident, peut être caufe que celui
qu’on tire, fe rompe ou bras ou jambes, & même
le cou : aufli l’on met ce châtiment au rang des peines
capitales. (Z )
Cale , (Marine.) c’eft un abri fur la côte. Voye{
Calangue.
Cale fe dit encore d’un terrein creufé d’une certaine
longueur & largeur dans un chantier de conf-
tru&ion, préparé en pente douce & s’étendant juf-
que dans la mer, pour tirer les vaifleaux à terre lorf-
qu’il eft queftion de les radouber.
On a long-tems agité en France fi les cales étoient
plus avantageufes pour la conftruiion que les formes;
mais les formes paroiflent l’avoir emporté. Le
principal inconvénient que l’on trouve dans les cales,
c’eft que le vaifleau eft en danger de tomber fur le
côté quand on le tire fur la cale, ou qu’on le remet à
l’eau ; &quapd le navire refte fur la cale, il ne peut
être foûtenu que par les coittes, qui ne pouvant aller
d’un bout à l’autre du vaifleau, à caufe du relèvement
des façons de l’arriere 6c de l’avant, n’en foû-
tiennent qu’une partie, pendant que le devant 6c le
derrière, qui ne font fou tenus de rien , fouffrent
beaucoup. D ’ailleurs la cale étant plus étroite que le
vaifleau, on ne peut l’épontiller d’un bout à l’autre.
Ces inconvéniens ne fe rencontrent point dans la
forme.
Pour qu’une cale foit dans fa perfection ; il faut que
le fond en foit fort foliae & extrêmement uni, con-
fervant une pente douce 6c égale d’environ 6 à 8
lignes par pié ; defprte qu’elle devient extrêmement
longue, 6c peut avoir environ 6oo piés de long fur
à 30 piés de large. Il faut qu’elle s’étende fous
l’eau, de façon qu’il y ait au moins z i piés d’eau au
bout, afin qu’un navire fe puiffe porter tout entier
fur la cale, 6c que la quille touche d’un bout à l’autre
dans le même moment ; car un vaifleau dont une
partie touche 6c l’autre eft à flot, fouffre beaucoup.
Pour rendre le fond de la cale folide, on le fait de
grandes caiffes maçonnées, qu’il faut avoir attention
de pofer de façon que le niveau de la pente foit bien
confervé : la caifle du bout, qui eft la plus avant fous
l’eau, eft fort difficile à enfoncer. On met fur ce fond
un grillage de bois qu’on appelle échelle, qui fert à
faire gliffer le vaifleau, & y établir des couliffes pour
le tirer droit & l’empêcher de varier. On fe fert
de plufieurs cabeftans pour tirer le vaifleau fur la
cale, & d’un bâtis de charpente qu’on appelle berceau,
Il faut pour le feryice d’une cale, une échelle,
trois berceaux , un pour les grands vaifleaux ; un
pour les moyens 6c un pour les petits , 6c plufieurs
cabeftans.
Cale, (Marine.) ce mot fe dit enfin d’im plomb
dont on fe fert pour faire enfoncer l’hameçon au fond
de l’eau dans la pêche de la morue.
Cale , (Marine.) terme de commandement qui fe
fait pour laiffer tomber tout-d’un-coup ce que l’on
tient fufpendu. Cale-tout. (Z )
CALE-BAS, CARGUEBAS , CAL-BAS , CAR-
QUE-BAS , f. m. (Marine.) c’eft un cordage qui fert
à amener les vergues des pacfis : il eft amarré par un
bout au racage de l’un de ces pacfis , 6c par l’autre
bout à un arganëau qui eft au pié du mât ; & ce cordage
eft un palan fimple.
Caleb AS , (Marine.) c ’eft aufli un petit palan dont
on fe fert pour rider le grand étai. (Z )
CALEBASSE, cucurbita, f. f. (Hijl. nat. bot.) genre
de plante dont les fleurs font faites en forme de cloche
ouverte, & pour l’ordinaire découpées de façon
qu’elles paroiflent être compofées de cinq pétales.
Les unes de ces fleurs font ftériles, 6c ne tiennent à
aucun embryon ; les autres font fécondes, & font
portées fur un embryon qui devient dans la fuite un
fruit cylindrique dans quelques efpeces , 6c fait en
forme de flacon : dans d’autres ce fruit eft ordinairement
partagé en fix loges remplies de femences ap-
platies, oblongues, émouffées par les deux bouts,
échancrées par le plus large. Tournefort, injl. rei
herb. Voyeç PLANTE. ( I )
CALEBASSIER d'Amérique, f. m. plante étrangère
; les Efpagnols l’appellent higuero; les Anglois, the
calabash-tree; 6c les Botaniftes, cucurbitijera arbor
americana. H. L.
Un arbre d’Amérique dont on ne peut prefque fe
pafler dans aucune habitation, eft le calebajjier. Le
leéteur en va juger tout-à-l’heure.
Ses caractères. Sa fleur eft d’une feule piece, faite
en forme de cloche, & découpées en divers fegmens.
Du calice de la fleur s’élève un piftil qui devient un
gros fruit plein de chair, femblable à nos calebafles,
revêtu.d’une écorce dure 6c forte, 6c contenant plufieurs
femences faites en coeur.
Defcription du calebajjier. Cet arbre s’élève à une
grande hauteur dans les pays chauds de l’Amérique.
Son tronc eft tortueux, couvert d’une écorce grife ,
blanchâtre 6c raboteufe. Il eft divifé en plufieurs
branches compofées d’autres plus petites, chargées
de feuilles. Son bois eft plus coriace que dur. Ses
feuilles ont quatre, cinq, fix pouces de longueur fur
un pouce de largeur ; plus larges dans le milieu que
par l’une ou l’autre de leurs extrémités ; épaiffes,
liffes, glabres, d’un verd clair en-deflous, plus obf-
cures en-defîus : elles font attachées le long des branches
les unes après les autres. Ses fleurs qui croiffent
fur le tronc comme fur les branches, font d’une feule
piece en forme de cloche, approchant allez pour la
figure à des rofes fauvages éclofes à moitié : elles font
longues d’un pouce & demi fur un pouce de largeur,
pointillées fur leur furface, 6c d’une odeur defagréa-
ble. Les étamines font blanches, 6c le calice de la
fleur eft verdâtre, à deux feuilles arrondies, du milieu
defquelles s’élève un piftil qui devient un fruit femblable
aux calebafles 6c au potiron, de différente figure
6c groffeur, revêtu d’une écorce blanchâtre,
dure, liffe, épaiffe, forte, 6c renfermant plufieurs
graines brunes.
Noms de fon fruit. On nomme communément ce
fruit macha-mona en Guinée, cuicte dans la Nouvelle-
Efpagne, 6c coui dans nos colonies françoifes.
On connoît que les calebafles font mûres, quand la
queue qui les attache à l’arbre fe flétrit 6c fe noircit :
pour lors on les détache de l’arbre. Si on veut s’en
fervir pour mettre de l’eau ou d’autres liqueurs, on
fait près de la queue un trou d’une grandeur convenable
, par lequel on jette de l’eau bouillante dans la
calebaffe pour macérer plus promptement la moelle
ou pulpe dont elle eft remplie.
V f âge de la coque de ce fruit. Après que cette pulpe
eft bien macérée, on introduit dans la calebaffe un petit
bâton, pour rompre entièrement cette pulpe 6c la
faire fortir : enfuite on y met encore de l’eau chaude
avec du gros fable, que l’on remue fortement pour
achever de détacher ce qui peut refter de la calebaffe,
6c en polir lé dedans. Quand les calebajfes font ainfi
nettoyées 6c féchées, le vin 6c les autres liqueurs
qu’on y met s’y confervent parfaitement, & ne contrarient
point de mauvais goût. Lorfqu’on veut fé-
parer une calebaffe en deux parties pour en faire deux
couis, qui font propres à une infinité d’ufages , on
l’environne avec une petite corde que l’on ferre fortement
à l’endroit oh on veut couper ia calebaffe ; 6c
de cette maniéré on la fepare en deux : mais il faut
pour cela qu’elle ne foit ni trop feche, ni trop fraîchement
cueillie. Etant ouverte, on la vuide facilement
, on en gratte le dedans avec une coquille de
moule ou autre, pour le polir.
Les Indiens poliffent l’écorce du coui en-dedans
6c en-dehors , l’émaillent fi agréablement avec du
roucou, de l’indigo, 6c autres belles couleurs, que
les délicats même peuvent boire 6c manger fans dégoût
dans les divers vaifleaux qu’ils en forment. Ils
deflinent 6c gravent fur la convexité , des comparti-
mens 6c des grotefques à leur maniéré. Ils remplif-
fent les hachures de couleurs afforties ; & leurs del-
feins font aufli juftes qu’on peut l’attendre de gens
qui ne fe fervent ni de réglé , ni de compas. Il y a
des curieux qui recherchent ces fortes d’ouvrages,
6c qui ne les eftiment pas indignes d’une place entre
les raretés de leurs cabinets.
Ces couis font d’un ufage très-diverfifié ; & quoiqu’ils
ne foient que de bois , on ne .laiffe pas que de
les employer à y faire chauffer de l’eau. Lorfqu’ils
font rompus, leurs pièces fervent à faire des cuil-
lieres : on en fait des écumoires 6c des paflbires, en
les perçant avec un petit fer rouge. C’eft la vaiffelle
ordinaire 6c la batterie de cuifine, tant des Caraïbes
que de nos Negres. En un mot le calebajjier fournit
tout feul la plus grande partie des petits meubles du
ménage des Indiens & des habitans étrangers qui demeurent
aux îles*
Ufages de la pulpe. Mais la pulpe de la calebaffe leur
eft encore plus précieufe que la çpque : c’eft-là leur
grande panacée pour une infinité de maladies ou d’ac-
cidens. Dans toute efpece de brûlure, ils en font une
efpece de cataplafme , qu’ils appliquent fur la partie
brûlée ou échaudée ; ils renouvellent de tems en tems
ce cataplafme, 6c le maintiennent par un bandage :
ils fuivent la même méthode poutf guérir les maux de
tête caufés par des coups de foleil. Ils cuifent cette
pulpe , ou la macèrent dans des cendres chaudes ; &
du fuc qu’elle fournit, ils en compofent des lavemens
pour la colique. Ils l’employent encore comme un
préfervatif contre tout accident dans les chûtes con-
fidérables : pour cet effet, ils vont cueillir Une cale-
baffe prefque mûre , la cuifent fous des cendrés chaudes
, l’ouvrent enfuite, expriment le fuc de la moelle
dans un vafe , 6c le donnent à boire au malade. Ne
nous moquons point ici de cette pratique ; cette boif-
fon rafraîchiflante vaut mieux en pareil cas que celle
de l’infufion des herbes vulnéraires , que plufieurs de
nos Médecins ordonnent, &qu e je trouve recommandées
dans les Mémoires de L'Académie des Sciences.
Enfin les habitans de l’Amérique regardent la pulpe
du coui comme fouveraine pour arrêter les hémorrhagies
caufées par des blefîures , pour prévenir
des abcès, pour réfoudre des tumeurs par contufion,
pour empêcher les défaillances , &'c. Les pauvres
gens font èxcufables dé croire à ce prétendu reme-
de : mais nos voyageurs Oviedo , Rochefort, du
Tertre, Labat, 6c tant d’autres, ne fe moquent-ils
pas de nous quand ils nous vantent les merveilleux
effets opérés par la moelle de calebaffe dans les derniers
cas dont nous venons de parler r
Culture du calebajjier en Europe. Quoique la pulpe
de calebaffe ni fa coque ne nous touchent guère en
Europe par le peu d’utilité que nous en pouvons tirer
, nous avons cependant pouffé la curiofité jufqu’à
chercher à élever dans nos climats le calebaffiir d’A -
mèrique, 6c nous y avons rcufli. En voici la méthode
enfeignée par Miller, 6c que tout le monde ne con-
noît pas.
Il faut tenir cet arbre dans un endroit de la ferre
dont le degré de chaleur foit modéré, parle moyen
du thermomètre. Il fembleroit qu’étant originaire des
pays chauds, il auroit befoin d’une très-forte chaleur:
mais on a trouvé par expérience , que la chaleur
tempérée lui eft beaucoup plus avantageufe. II
demande une terre legere, fablonneufe, de fréquens
arrofemens, 6c beaucoup d’air en été ; autrement il
arrive que fes feuilles font mangées d’infectes-, ce qui
le défigure étrangement 6c retarde fa pouffe. Il n’y a
d’autres moyens de prévenir ce mal ou d’y remédier,
que de nettoyer foigneufement les feuilles avec
une guenille de laine, de mettre l’arbre en été à un
plus grand air , 6c en hyver dans un endroit plus
frais.
On multipliera le calebajjier en plantant pendant
l’été de fes rejettons dans des pots garnis de bonné
terre, 6c en plongeant ces pots dans un lit de tan d’une
chaleur modérée , obfervant de les arrofer 6c de
les abrier pendant le chaud du jour , jufqu’à ce que
les rejettons ayent pris racine. Les graines de cet arbre
, fi on les apporte fraîches dans le fruit même ,
viendront à merveille en les fémant fur des couches
chaudes , 6c en les cultivant comme des ananas. Le
calebajjier vient mieux de bouture que de graine, 6c
porte bienplûtôt. On en transplante même en Amérique
de très-grands 6c. gros , d’un lieu à un autre ,
avec fuccès , fans qu’ils en reçoivent le moindre
dommage.
De la calebaffe d'herbe d'Amérique. Je n’entrerai
dans aucun détail fur une autre efpece de calebaffe
commune en Amérique , très-groffe , longue, qu’on
feme chaque année, 6c que les François de nos îles
nomment calebaffe d’herbe. Ces fortes de caùbajjes ne
font autre’chofe que la gourde européenne , plante
cucurbitacée dont la racine branchue périt toutes les
années , 6c dont la graine a été portée de l’Europe
dans le nouveau monde. Leur écorce ou coque eft:
beaucoup plus épaiffe que celle des calebajfes d’arbres
, mais beaucoup moins durable, parce qu’elle
eft molle 6c fpongieufe : ce qui fait encore qu’elles
contraient aifément un mauvais goût , 6c qu’elles
gâtent ce qu’on y met.
Les curieux trou veronttoutes fortes de détails fur
le calebajjier d'Amérique dans le recueil général des
voyages, Oviedo, Marcgrave, du Tertre , Roché-
fdrt, Labat, Plumier, 6c Miller. Cet article eft de M.
le Chevalier DE J AV COU R T .
ÇALEBEG ou K ILBEG, ( Géog. ) petite ville d’Irlande
dans la province d’Ulfter, au comté de Dun4
negal.
CALEÇONNIER, f. m. Les maîtres Peaujjibrsp
Teinturiers en cuir prennent le qualité de Caleçonniers$
parce que leurs ftatuts leur donnent pouyoir de pafr
fer les cuirs propres à faire des caleçons, qu’ils peut
vent aufli fabriquer & vendre dans leurs boutiques.
Voye\_ Peaussier.
CALECOULON, ( Géog. ) petit royaume d’Afie
dans l’Inde, fur la côte de Malabar.
CALEDONIEN, (O c é an ) Géog, anc, & mof