mais il faut recourir à la cadence parfaite pour faire
entendre l’accord dominant. Voyeçfig. 2.
La cadence interrompue forme encore par fa fùçcef-
fion une harmonie defeendante : mais il n’y a qu’un
feul fon qui defeende; les trois autres retient en place
pour defeendré fucceffivëmerit chacun à fontour.
( Voye[ même fig. ) Quelques-uns prennent pour cadence
interrompue un renverfemerit dé la cadence parfaite
, où la baffe après un accord de feptieme, def-
cend de tierce portant un accord de fixte : mais il
eft évident qu’une telle marche n’étant point fondamentale
, ne fauro'it continuer une cadencé particulière.
3. Cadence rompue eft celle où la baffe fondamentale
, aii lieu de monter de quarte après un accord
de feptieme , comme dans la cadence parfaite , monté
feulement d’un degré. Cette cadence s’évite le plus
foùvent par une feptieme fur la fécondé note : il eft
certain qu’on ne peut la faire pleine que par licence ;
Car alors il y a néceffairemènt défaut de liaifon.
Voyeifig.3.
Une fucceflion de cadences rompues eft encore def-
Cendâiïte ; trois fons y defeendent, Sc l’oâave reftë
feule pour préparer la diffonance : mais une telle fuc-
ceffiôn eft dure, & fè pratique très-rarement.
4. Quand la baffe defcènd de quinte de la dominante
fùr la tonique, c ’eft, comme je l’ai dît, un à£te
de cadence parfaite : fi au contraire la baffe monte dé
quinte de la tonique fur là dominante, c’eft ùri a&e
cadence irrégulière, félonM.Rameau, ou de cadence
imparfaite, félon la dénomination commune. Pour
l ’annoncer ôri ajoute une lixte à l’accord de là tonique
, d’où cet accord prend le riorii defixée àj'oûiéè.
■ Foyei Accord. Cette lixte qui fait diffonance fur
la quinte , eft auflï traitée comme diffonance fur la
baffe fondamentale , Sc comme telle eft obligée de
fe fau ver en montant diàtoniquement fur la tierce de
l ’accord fuivant.
- Il faut remarquer que la. cadence irrégulière formé
une oppofition prefqu’entiere à la cadence parfaite.
Dans le premier accord de l’un & de l’autre on di-
vife là quarte qui fe trouve entre la quinte Sc l’o&a-
ve par une diffonance qui y produit une nouvelle
tierce ; cette diffonance doit aller fe refoudre fur
la tierce de l’accord fuivant par une marche fondamentale
de quinte. Voilà tout ce que ces deux cadences
ont de commun : voici- ce qu’elles ont de contraire.
Dans la cadence parfaite, le fon ajouté fe prend au
haut de l’intervalle de quarte auprès de Podave ÿ
formant tierce avec la quinte , Sc produit une diffonance
mineure qui fe fauve en defeendant ; tandis
que là baffe fondamentale monte de quarte, ou defr
cend de quinte de la dominante à la tonique , pour
établir Uri repos parfait. Dans la cadence irrégulière,
le fon ajouté fe prend au-bas de l’intervalle de quarte
auprès de la quinte, & formant tierce avec l’oda-
ve , il produit une diffonance majeure qui fe fauve
en montant, tandis que la baffe fondamentale def-
cend de quarte , ou monte de quinte de la tonique à
la dominante, pour établir un repos imparfait.
M. Rameau qui a parlé le premier de cette cadence
, .Sc qui en a admis plusieurs renverfemens, nous
défend dans (on traité de V Harmonie, pag. ny . d’admettre
celui où le fon ajoûté eft au grave, portant un
accord du" feptieme. Il a pris cet accord de feptieme
pour fondamental ,de forte qu’il fait fauver une fep^-
rieme par une autre feptieme , une diffonance par
une autre diffonance , par mouvement femblable fur
la baffe fondamentale. Voye^fig. 4. Mais l’harmonie
fous laquelle cet auteur a mis une telle baffe fondamentale,
eft vifiblement renverfée d’urie cadence irrégulière
évitée par une feptieme ajoutée fur la fecon-
de note , tnêmè figure ; & c-e-la eft fi .Vrai, qüè la baffe.
continue qui frappe la diffonance , eft néceffaire-
ment obligée de monter diatoriiquement pour la fau--
ver i autrement le paffagé ne vaudroit rien. D ’ailleurs
M. Rarrièau donne dans le même ouvrage jpag.
u j2 . un exemple d’un paffage femblable avec la
vraie baffe fondamentale : on peut reinarquer encore
que dans un ouvrage poftérieur , ( Gener.
harm. pag. s8CT. ) le même auteur femblé reconnoî-
tre le véritable fondemeht de Ce paffage à là faveur
de ce qu’il appelle le double emploi. Voye^ D o u b l e
E m p l o i , ( i 1)
M. Rameau donne lés ràifohs fuivantes des dénominations
qu’on, a données aux différentes efpeces
de cadence.
La cadence parfaite confifte dans une marche de
quinte en descendant, & au contraire 1J'imparfaite
confifte dans une marche dé quinte en montant. En
voici la raifon : quand je dis ut , fol , fol ëft déjà
renfermé dans u t, puifque tout fon comme ut j porte
avec lui fà douzième , dorit fol eft l’oâavè. Ainfi
quand on va d'ut à fol > c’eft le fon générateur qui
paffe à fon produit , de riianierë pourtant que l’oreille
defîre toujours de revenir à ce premier générateur
; au contraire, quand on ditfolÿ ut, c’eft:
le produit qui retourne au générateur , l’oreille eft
fatisfaite, Sc né defire plus rien. De plus dans cette
marche , fo l , u t, le fo l fe fait encore entendre
dans ut, ainfi l’oreille enterid à la fois le générateur
Sc fon produit ; au lieu que dans la marche u t, f o l ,
l’oreille qui dans le premier fon avoit entendu ut
Sc fol , n’entend plus dans le fécond que fo l fans
ut. Ainfi. le repos ou cadence de fo lk ut eft plus parfait
que le repos ou cadence de ut à fol.
Il femble que dans les principes de M. Rameau 1
on peut éneofe expliquer l’effet de la cadence rompue
Sc de la cadence interrompue : imaginoris pour cet e f fet
qu’après un àccôrd dé feptièiîié fo l J l ré f à , on
monte diatoniquement par ünè càdéncèrômpûé à l’accord
la ut mi f o l , il eft vifiblé que cet accord ëft ren--
verfé de l’accord de fous-dominante ut mi folia ; ainfi
la marche de cadence rompue équivaut à celle-ci folfi
refa , ut mi fol la, qui n’eft autre chpfe qu’une cadence
parfaite, dans laquellë ut au lieu a’être tràîté comme
tonique, eft rendu fous-dominantè; Or toute tonique
peut toujours être réridüe fous-dominante en
changeant de mode. Voye\_ D o m i n a n t e ,
S o u s - D O M I N A N T E , B A S S E F O N D A -
M E N T A L E , &.C.
A l’égard de la cadence interrompue, qui confifte à
defceiidre d’une dominante fur une autre par l’intervalle
de tierce en defeendant, en cette for le fo l f i re
fa , mi fo l f i re , il femblé qù’ori petit ëricorè S’expliquer
: en effetle fécond accord mifolfi re, éffrènver-
lé de l’accord dé fous-dominârité ffolfire mi ; ainfi la
cadence interrompue équivaut à cette fuccetiiôri ,yô/
f i refa, folfire mi, où la no te fo l , après avoir, été
traitée comme dominante, eft rendue fous-dominante
en changeant de mode, ce qui eft permis, & dépend
du compofiteur. Voye^ Mode , &t. (O1)
La cadence irrégulière fe prend aum de la fous-dominante
à la tonique : ori peut dé cèffé maniéré lui
donner une fucceffion dé plufiéùfs n'ôtës, dont les
accords formeront unè harmonie, d'ans laquelle la
fixte Sc l’oftave montent fur la tiercé Sc la qùirite de
l’accord fuivant, tandis que la quinte Sc la tierce ref-,
tent pour faire l’o&ave, Sc préparer la fixte, &c.
Nul auteur jufque-ici n’a parlé de cettè afeerifion
harmonique, Sc il eft vrai cpi’onriepourrbif pratiquer
une longue fuite de pareilles cadences , à caufe
des fixtes majeures qui éloigneroient la modulation ,
ni même en remplir fans précaution! toute l’harmonie.
Mais enfin fi les meilleurs ouvrages de Mufique,
ceux., par exemple, deM. Rameau , font pleins de
pareils paffagçs ; fi ces paffages font établis fur de
bofts principes, & s’ils plaifent à l’oreîlfè, pourquoi
n’en avoir pas parlé? ( i 1)
On pourroit au refte, ce me femble, obferver que
M. Rameau a parlé du-moins indirectement de cette
forte de cadence, lorfqu’il dit dans fa Génération harmonique
, que toute fous-dominante doit monter de
quinte fur la tonique, & que toute tonique peut être
rendue à la volonté fous-dominante. Car il s’enfuit
de-là qu’on peut avoir dans une baffe fondamentale
line fuite de lous-dominantes qui vont en montant de
quinte, ou en defeendant de quarte, ce qui eft la même
chofe. (O)
Il y a encore une autre efpece de cadence qqe les
Muficiens ne regardent point comme telle, & qui,
félon la définition, en elr pourtant une véritable ;
c’eft le paffage de l’accord feptieme diminuée de la
note fenfible, à l’accord de la tonique; dans ce paffage
il ne fe trouve aucune liaifon harmonique, Si
c ’eft le fécond exemple de ce défaut dans ce qu’on
appelle cadence. On pourroit regarder les tranfitions
enharmoniques comme des maniérés d’éviter cette
même cadence: mais nous nous bornons à expliquer
ce qui eft établi.
C a d e n c e fe dit, en termt de chant, de ce battement
de voix que les Italiens appellent trillo, que nous appelions
autrement tremblement, & qui fe fait ordinairement
fur la pénultième note d’une phrafe muficale,
d’où fans doute il a pris le nom de cadence. Quoique
ce mot foit ici très-mal adapté, Sc qu’il ait été condamné
par la plupart de ceux qui ont écrit fur cette
matière, il a cependant tout-à-fait prévalu ; c’eft le
feul dont on fe ferve aujourd’hui à Paris en ce fens,
Sc il eft inutile de difputer contre l’ufage.
C a d e n c e , dans nos danfes modernes , lignifie la
conformité des pas du danfeur avec la mefure marquée
par l’inftrument : mais il faut obferver que la
cadence ne fe marque pas toujours comme fe bat la
mefure. Ainfi le maître de Mufique marque le mouvement
du menuet en frappant au commencement
de chaque mefure ; au lieu que le maître à danfer ne
bat que de deux en deux mefures, parce qu’il en faut
autant pour former les quatre pas de menuet. (S) >
C a d e n c e , dap.s la Danfe, fe prend dans le même
fens que mefure & mouvement en Mufique : ainfifen-
tir la cadence, c’eft fentir la mefure, & luivre le mouvement
d’un air \fortir de cadence y c’eft ceffer d’accorder
fes pas avec la mefuVe Sc le mouvèment d’une
piece de mufique. Les danfeurs diftinguent deux fortes
de mefures ; une vraie & une fauffe, & confé-
quemment deux fortes de cadences, l’une vraie Sc l’autre
fauffe. Exemple : dans le menuet la mefure vraie
eft la première mefure, & la fécondé eft la fauffe ;
Sc comme les couplets du menuet font de huit ou de
douze mefures, la vraie cadence eft en commençant,
Sc la fauffe en finiffant. La première fe marque en
frappant de la main droite dans la gauche; Sc la fécondé
ou fauffe cadence en levant, ce que l’on continue
par deux tems égaux.
Le pié fait tout le contraire de la main. En effet,
dans le tems que l’on rele ve fur la pointe du pié droit,
c’eft dans ce même tems que vous frappez ; ainfi on
doit plier fur la .fin de la derniere mefure, pour fe
trouver à portée de relever dans le tems que l’on
frappe;
La cadence s’exprime de deux maniérés en dan-
fant : i°. les pas qui ne font que pliés Sc élevés font
relevés en cadence. z°. Ceux qui font fautés doivent
tomber en cadence. Il faut donc toûjours que les mou-
vemens la préviennent, Sc plier fur la fin de la derniere
mefure, afin de fe relever lorfqu’elle fe doit
marquer.
C a d e n c e , en termes de Manege, fe dit de la mefure
& proportion égale que le cheval doit garder
dans tous fes mouvemens, foit qu’il manie au galop,
Tome II,
ou terre à terre, ou dans les airs, enforte qu’aucun
de fes tèms n’embraffe pas plus de terrein que l’autre
, qu’il y ait de la jufteffe dans tous fes mouvemens
, & qu’ils fe foûtiennent tous avec la même
égalité. Ainfi on dit qu’un cheval manie toûjours de
la meme cadence, qu’il fuit fa cadence, ne change point
fa cadence, pour dire qu’il obfërve régulièrement fon
terrein , Sc qu’il demeure également entre les deux
talons. Loifqu un chevala la bouche fine, les épaules
& les hanches libres, il n’a aucune peine d’entretenir
fa cadence. Cheval qui prend une belle cadence
fur les airs, fans fe démentir, fans fe brouiller; qui
manie également aux deux mains. ( V )
C A D E N E , en terme de Marine, eft fÿnonyme à
chaîrie.
Cadene de hauban; ce font des chaînes de fer, au
bout defquelles '011 met un cap de mouton pour fer-
vir à rider les haubans.; -
On voit à chaque porte-hauban une cadene ou chaîne
de fer, faite d’une feule barre recourbée, Sc quï
furmonte. Il y a une corde qui eft amarrée, Sc qui
paffant dans les trous du cap de mouton que la cadene
environne, Sc qui fervent comme de roiiets,
tient ferme les haubans & les fait rider, Sc contribue
par ce moyen à l’affermiffement du mât; lés cadenei
font tenues par de bonnes chevilles de fer. Celles des
hunes font fort longues, & fur-tout celles qui font
aux hunes'des mâts d’avant Sc d’artimon, parce que
les haubans des mâts, qui font entés deffus, ne defeendent
pas jufqu’aux cercles de la hune, il n’y a
point de cadene à la hune de beaupré. Les cadenes qui
font aux porte-haubans font rider les haubans par le
moyen des palanquins : mais les haubans des hauts-
mâts ne fe rident qu’avec des caps de mouton.
Il y a dans les grands porte-haubans deux iôngues
barres de fer plates qui font mobiles, Sc que l’on appelle
pareillement cadenes: l’une fert à mettre le pa-
lang qui ride les grands haubaris, & l’autre à defeen-
dre la chaloupe à la mer, ou à la haler à bord. (Z )
CADENET, ( Géog. ) petite ville de France, en
Provence ï à cinq lieues d’A ix, près de-la Durance.
CADEQUIÉoa C AD AQUEZ, (Géogi) port d’Ef-
pagne, en Catalogne, fur la mer Méditerranée.
CADES, ( Géog.fainte.) ville de la tribu de Neph-
tali, lituée au haut d’une montagne, à l’occident du
lac de Lamechon. Ce fut-là que Jonathas*, frere de
Judas Machabée , tuàPt-rois mille hommes à Demetrius
Nicanor, avec une poignée de foldats.
C A D É S, ([Géog.fainte.) ville dans le defert de
Pharan & de Sin, qui eft entre la terre promife, l’Égypte,
& l’Arabie. Ce fut là que Marie , foeur de
Moyfe, mourut & fut enterrée. Il y avoit dans la Pa-
leftine d’autres villes du même nom.
CADESSIA, (Géog.) ville d’Afie, dans la province
de l’Irac Babylonienne.
C AD E T , f. m. (terme de relation.) eft fynonyme
à puîné, & fe dit de tous les garçons nés depuis l’aîné.
Dans la coûtume de Paris, les cadets des familles
bourgeoifes partagent également avec leurs aînés.
Dans d’autres coutumes les aînés ont tout ou pref-
que tout. En Efpagne, l’ufage dans les grandes familles
eft qu’un des cadets prenne le nom de fa mere.
w
C a d e t , {Art militaire.) un officier eft dit le cadet
«Pun autre de même fonâion que lui, lorfque fa com-
miffion eft plus nouvelle ; il n’importe qu’il foit plus
âgé ou qu’il eût beaucoup plus de fervice dans un autre
grade.
. C a d e t s , fe dit auffi, dans l'art militaire, de plu-
fieurs compagnies de jeunes gentilshommes que Louis
XIV. avoit créés en 1682, pour leur faire* donner
toutes les inftruétions néceffaires à un homme de
guerre. Le roi payoit pour chaque compagnie un maître
de mathématique, un maître à deffiner, un maî-j
T 11 ij