chaîne «les êtres eft émanée du fein de Dieu, & y
remonte continuellement, comme le fil fort du ventre
de l’araignée & y rentre. Au refie il paroît que ce
fyftème de religion varie avec les lieux. Sur la côte
de Coromandel, Wiftnou efi le dieu des Bramines ;
Brama n’eft que le premier homme. Brama reçut
de Wiftnou le pouvoir de créer ; il fit huit mondes
comme le nôtre, dont il abandonna l’adminiftration
à huit lieutenans. Les mondes périffent & renaiflent :
notre terre a commencé par l’eau, & finira par le
feu : il s’en reformera de les cendres une autre, où
il n’y aura ni mer ni viciflitude de faifons. Les Bramines
font circuler les âmes dans différens corps ; celle
de l’homme doux paffe dans le corps d’un pigeon ;
celle du tyran dans le corps d’un vautour ; 8c ainfi
des autres. Ils ont en conféquence un extrême ref-
peft pour les animaux ; ils leur ont établi des hôpitaux
: la piété leur fait racheter les oifeaux que les
Mahométans prennent. Ils font fort refpeftés des
Benjans ou Banians dans toutes les Indes ; mais fur-
tout de ceux de la côte de Malabar, qui pouffent
la vénération jufqu’à leur abandonner leurs époufes
avant la confommation du mariage, afin que ces
hommes divins en difpofent félon leur fainte volonté
, & que les nouveaux mariés foient heureux
& bénis. Ils font à la tête de la religion ; ils en expliquent
les rêveries aux idiots, & dominent ainfi lur
ces idiots, & par contre-coup fur le petit nombre de
ceux qui ne le font pas. Ils tiennent les petites écoles.
L’auftérité de leur v ie , l’oftentation de leurs jeûnes,
en impofent. Ils font répandus dans toutes les Indes:
mais leur collège eft proprement à Banaffi. Nous
pourrions pouffer plus loin l’expofition des extravagances
de la philofophie & de la religion des Bramines
: mais leur abfurdité, leur nombre & leur durée,
ne doivent rien avoir d’étonnant : un chrétien y voit
l’effet de la colere célefte. Tout fe tient dans l’entendement
humain ; l’obfcurité d’une idée fe répand
fur celles qui l’environnent : une erreur jette des ténèbres
fur des vérités contiguës ; 8c s’il arrive qu’il
y ait dans une fociété des gens intéreffés à former ,
pour ainfi dire, des centres de ténèbres, bien-tôt le
peuple fe trouve plongé dans une nuit profonde.
Nous n’avons point ce malheur à craindre : jamais les
centres de ténèbres n’ont été plus rares 8c plus reffer-
rés qu’aujourd’hui : la Philofophie s’avance à pas de
géant, 8c la lumière l’accompagne & la fuit. Foye^
dans la nouvelle édition de M. de Voltaire, la. lettre
d'un Turc fur les Bramines.
BRAMPOUR, grande ville d’Afie, capitale du
royaume de Candish, qui eft tributaire du grand Mo-
gol. Les habitans font idolâtres. Il s’y fait un grand
commerce de toiles de coton. Long. p i . lat. 21. 10.
BRANCA, (Géog.) ou l’ISLE-BLANCHE, l’une
des îles du Cap-Verd.
BRANCARD, f. m. affemblage de plufieurs pièces
de bois de charpente , fur lequel on place des
pierres, ou autres fardeaux d’une grande pefanteur,
quand on craint d’en gâter la forme par des chocs.
On donne le même nom à une efpece de grande civière
à bras 8c à piés, fur laquelle les crocheteurs
tranfportent les chofes fragilës, comme glaces, bureaux,
buffets, &c.
B r a n c a r d , terme de Charon; ce font deux pièces
debois longues, quarrées, un peu courbées, qui font
enchâffées à mortoife dans le bout du liffoir de derrière,
8c pofent fur l’avant-train : elles peuvent avoir
environ quinze ou feize piés de long, fur fix pouces
d’équarriffage. Foye^ la figure Planche du Sellier...
* BRANCASTRE, ( Géog. anc. &mod.') village du
comté de Norfolck, autrefois grande ville. C ’étoit
le Brannodunum des Latins.
* BRANCE, f. m. ( Economie rufiique. ) efpece de
blé blanc affez commun e n Dauphiné : on le confond
avec leJamlelium des Latins, ôî le riguet 8c Yarinque
de nos ancêtres. Foye[ Blé.
BRANCHES, f. f. (fard.) Les branches font les
bras du corps de l’arbre ; ce font elles qui lui donnent
la figure. Le bourgeon s’étend peu-à-peu en branches
portées collatéralement, 8c compolées des mêmes
parties de la tige. Ces branches s’étendent enfuite ,
s’élargiflent, & fe divifent en ramilles, d’où fortent
quantité de feuilles. Elles croiffent à l’oeil de la queue
de la feuille , 8c produifent des fleurs, enfuite des
fruits, qui fe convertiffent en femence pour la propagation
de l’efpece.
L’agitation des branches caufée par le vent eft aux
a rb re s c e qu’eft aux animaux l’impulfion du coeur :
inflexibles comme les os, elles pourroient fe rompre :
pliantes 8c élaftiques comme elles font, elles fe prêtent
& réfiftent à la violence des vents.
On compte des maîtreffes ou meres branches ; des
branches petites & foibles ; des branches à bois, à
fruit, chifonnes, gourmandes, veules, aoûtées, 8c
les branches de faux bois.
Les branches chifonnes, qui font courtes & fort menues
, feront retranchées lors de la taille d’un arbre.
Les branches gourmandes font celles qui fortent des
meres branches ou du tronc j bien droites, groffes, 8c
longues.
Les branches à bois font celles qui étant les plus
groffes & pleines de boutons plats» donnent la forme
à un arbre fruitier, 8c doivent fe conferver en partie.
Les branches à fruit font celles qui naiffent plus foibles
que les branches à bois, avec des boutons ronds :
ce font elles qui donnent les fruits, & qu’on doit con-
Les branches de faux bois font celles qui croiffent
hors des branches taillées de l’année précédente, ou
qui étant venues, font groffes oitelles devroient être
menues, & qui ne donnent aucune marque de fécondité
: on les coupe ordinairement.
Les maîtreffes branches ou meres branches , font les
plus hautes branches de l’arbre, 8c d’où.partent toutes
les autres.
Les branches veules, qui après leur accroiffement
font longues 8c fort menues, fans promettre aucune
fécondité, fe coupent comme n’étant propres à
La branche aoûtée fe dit quand après le mois d’Août
elle a bien pris fa croiffance, s’endurcit 8c prend une
couleur noirâtre. Si elle demeure verte & velue, elle
n’eft pas bien aoûtée. (X)
* On a tranfporté par métaphore le nom de branche
, de l’arbre où il eft pris au propre, aux pièces
d’une infinité de machines, dans lefquelles ces pièces
font regardées comme des parties analogues à la
branche dans l’arbre. Voye^-en des exemples ci-dejfous.
B r a n c h e , en Généalogie ; fe prend quelquefois
pour un rejetton, ou pour une famille iffue d’une
autre ; ce que les généalogiftes appellent aujourd’hui
fécondé ou troijieme branche. ■.
B r a n c h e , en Anatomie; c’eft un nom qui fe donne
à quelques produttions d’autres parties qui en font
confidérées comme le tronc.
Les arteres principales fe divifent en branches, 8c
ces branches fe fubdivifent en rameaux. F. A r t e r e .
La cinquième paire de nerfs fe divife en trois branches
, 8c chacune de ces branches fe fubdivife en d’autres
rameaux. Foyc{ N e r f & P a i r e .
Les branches ou cuijfes du clitoris , qui font comme’
les racines des deux corps caverneux du clitoris,
font de même attachés au bord de la branche de l’os
ifehium, où elles fe terminent peu-à-peu, quoiqu’une
portion du tuyau membraneux paroiffe dans quelques
unes s’étendre jufqu’à la tubérofité. Foye{ C l i -:
t q r i s j .Is c h iü m , &c. Elles font trois fois aufli, Iongués
que le tronc ordinaire du clitoris même ou des
çuiffes.
Les branches antérieures de la moelle alongée ou
fes groffes branches, que l’on nomme aufli jambes antérieures
de cette moelle ; pédoncules du grand cerveau
, bras de la moelle a longée, cuiffes de la moelle
alongée, font deux faifeeaux médullaires très-confi-
dérables, dont les extrémités antérieures s’écartent
l ’une de l’autre, 8c les extrémités poftérieures s’unifient,
de forte que les deux faifeeaux repréfentent
un V romain. Leurs extrémités antérieures paroif-
fent fe perdre au bas des corps cannelés. Les petites
branches ou branches poftérieures de la moelle alongee
font des produ&ions latéralesde la protubérance annulaire,
qui vont fe perdre dans le cervelet. On
nomme aufli ces petites branches , jambes pojlérieures
du cervelet, pédoncules du cervelet. (Z.)
B r a n c h e de courbe, terme de Géométrie. Pour entendre
ce que c’eft que branche de courbe, imaginez
une courbe géométrique, dont on ait l’équation en x
& en y , x repréfentant les abfciffes, 8c y les ordonnées.
V jye^CouRBE, A b s c i s s e , O r d o n n é e , &c.
11 eft évident,
10., Qu’en prenant x pofitive, y aura un certain
nombre de valeurs correfpondantes à la même valeur
de x.
i° . Qu’en prenant x négative, y aura de même
un certain nombre de valeurs correfpondantes à la
même x.
Or la co u r b e a a u tan t d e branches q u e y a d e v a leu
rs r ép o n dan tes a u x * tan t p o fit iv e s q u e n é g a t iv e s .
Voye{ à l'article C o u r b e , p o u rq u o i le s o rd o n n é e s
p o f it iv e s fe p renn en t d u mêm e c ô t é d e l ’ a b f c i f f e , 8c
n é g a t iv e s du c ô t é o p p o fé .
Au refte il eft bon d’obferver que les Géomètres
n’ont pas encore bien fixé la lignification du mot
branche. Par exemple, foit une courbe qui ait pour
équation .y = ^~ -\-x-{-h a , on regarde d’ordinaire
cette courbe comme n’ayant qu’une feule branche,
parce quey n’a qu’une feule valeur. Cependant cette
branche eft quelquefois comptée pour deux, parce
u’elle s’étend à l’infini du côté des x pofitives, 8c
u côté des x négatives. Introduit, à l ’analyfedes lignes
courbes par M. Cramer.
On appelle branche infinie une branche de courbe
qui s’étend à l’infini.
L’hyperbole & la parabole ont des branches infi-
nies. Mais le cercle & l’ellipfe n’en ont point; c e 1’
font deux courbes qui rentrent en elles-mêmes.
Les branches infinies d’une courbe font ou paraboliques
ou hyperboliques.
Les branches paraboliques font celles qui peuvent
avoir pour afymptote une parabole d’un degré plus
ou moins élevé. Par exemple, là courbe dont l’équation
f e r a i t = — q- — , auroit une branche infinie
parabolique, qui auroit pour afymptote une parabole
ordinaire dont l’équation feroit y = —. En
effet x étant infinie , l’équation fe réduità>y = ^§
qui eft celle de la parabole ordinaire. De même fi
l’équation é toit y = ~ on trouveroit que la
branche infinie auroit pour afymptQte une parabole
du troifieme degré y =
Les branches hyperboliques font celles qui ont pour
afymptote une ligne droite ; elles peuvent aufli avoir |
pour afymptote une hyperbole d’un degré plus ou \
moins élevé. Par exemple, la courbe y =2 -J- ^
dont nous yenons de parler, fe réduit à y — |
lorfquc x = o , elle a pour afymptote l’ordonnée '
infime qui paffe par l’origine, 8c elle peut avoir aufli I
Tome II,
pour afymptote l’hyperbole ordinaire.
De même la courbe _y= ~ rf- — a pour afymp-
tote l’ordonnée infinie, qui paffe par le point où
x=zo; 8c elle a aufli pour afymptote une hyperbole
cubique.
Il eft vifible que toutes les branches infinies font ou
hyperboliques ou paraboliques. Car foit dans l’équation
d’une courbe^ exprimée en x par une ferie dont tous
les termes foient réels, il eft évident que quand x
fera infinie ou infiniment petite, toute cette équation
fe réduira à y — xm, tous les «pitres termes étant
alors regardés comme nuis. Or la branche fera parabolique
, fi m eft pofitif 8c plus grand que 1 , 8c hyperbolique,
fi 7« eft négatif, ou o , ou 1. Voye^ Série.
Au refte il ne faut pas croire que cette équation
y=z je”1 qui détermine fi une branche eft hyperbolique
ou parabolique, foit fuffifantc pour connoître le nombre
8c la pofition des branches. Par ex. foity= . — -|-
v a x ; en faifant * infinie, on a y = — , & l’on
voit que la branche eft parabolique. De plus, on eft
tenté de croire que cette courbe aura comme la parabole
deux branches infinies, l’une du côté des x pofitives
, l’autre du côté des x négatives. Mais on feroit
dans l’erreur, fi on le penfoit ; car x étant négative
, l’ordonnée^ = -— j- \/ax fera imaginaire.
On peut bien négliger \/ax vis-à-vis de A- 3 lorf-
' que \da x 8c— font tous deux réels : mais lorfque
l/a x devient imaginaire, alors ce terme y/a x rend
imaginaire — , & on ne fauroit conferver l’un fans
l’autre. Je fuis le premier qui ayefarteette remarque.
Voye[ les mém. de l'acad. royale des Sciences de Prujfe ,
année 1746. Foye1 aufji R EBROUSSEMENT.
On trouvera une théorie très-complette dès branches
infinies des courbes dans le viij. chapitre de l'introduction
à l'analyfe des ligries courbes, par M. Cramer.
Il y donne la méthode de déterminer les différentes
branches d’une courbe, 8c leurs afymptotes
droites ou courbes, Comme cette théorie nous con-
duiroit trop loin, nous renvoyons là - deffus à foo
ouvrage. On trouve aufli d’excellentes chofes fur ce
fujet dans les ujages de l'analyfe de Defcartes y par
M. l’abbé de Gua. (O)
B r a n c h e s d ’o g i v e s , (Architecture & Coupe des
pierres.) ce font les nervures des voûtes gothiques ,
qui font faillie fur le nud de ces voûtes. Foy. N e r f .
(-0 )
* B r a n c h e ou V e r g e d e B a l a n c e ; e’eft cette
longue piece de fer, de bois, ou de cuivre, qui fait
une des parties principales de la romaine, & fur laquelle
font marqués les points qui défignent les poids
des corps qu’on pefe. Foye^B a l a n c e & R o m a i n e .
BRANCHES , terme de Bimblotier, Faifeur de balles
& de dragées pour les armes à feu : on appelle ainfi le
jet principal auquel toutes les dragées, tiennent par
un jet particulier. Ces branches font formées dans la
gouttière du moule. Foye{, figure G. PI. de la fonte
des dragées au moule, les dragées qui tiennent par
autant de jets à l’arrête infériéure de la branche , 8c
l'article FONTE des dragées moulées.
BR AN CH E , terme de Riviere & de Marchand de bois ;
il fe dit de la partie d’un train qui forme un coupon.
II a quatre branches: fa voir deux de labourage, 8c
deux de rive.
La branche a fix mifes, & une petite mife nommée
accolure. Foye^ T r a i n .
* B r a n c h e , fe dit, cke^ les Charrons, des deux
pièces de bois qui font au-derriere du train d’un car-
roffe, vis-à-vis les montans, & qui en foûtiennent
les areboutans. C’eft fur ces branches que les laquais
D d d i j g