
A trois ou quatre pouces derrière l’écheveau des
cordes, s’élève un fort montant (2 1 ) , compofé de
deux poteaux équarris de bois de chêne de quatorze
pouces de groffeur, & des trois traverfans à tenons
Ôc à mortoil'es. Comme ce montant fé trouve à deux
ou trois pouces derrière le gros écheveau de cord e ,
il eft néceffaire qu’il fo it pofé obliquement vers l’é cheveau
, de telle forte que le bras (22 ) enfermé
par fon bout d’en-bas;, au milieu 6c au centre d’entre
les cordes de l’é ch ev eau , dont une moitié l’em-
braffe d’un côté & de l ’autre; il eft néceffaire, dis-
je , qu’il foit baiffé de telle forte que le bras appuie
un peu obliquement fur le couflinet (2 3 ) , qui doit
être mis au centre du traverfant (24)« La hauteur
-du montant (2 1 ) eft de fept diamètres & d em i&
trois pouces, appuyé derrière par trois forts liens
o u contre-fiches (2 5 ) , affemblées par le bas dans
l ’extrémité des deux poutres ( 2 , 3 )* 6c celle du
milieu (26:) , au traverfant ( 2 4 ) , avec tenons 6c
mortoiles. Les poteaux & les traverfans doivent être
embraffés par de doubles équerres larges de quatre
p o u c e s , 6c ëpaiffes de trois lignes, affurées par des
boutpns arrêtés par une goupille pour les tenir fermes.
On obfervera de mettre le couflinet (23 ) au centre
, comme je l’ai d it, 6c qu’il foit couvert de cuir
de boe u f paffé & garni de bourre; car c’eft contre
ce couflinet que le bras v a frapper avec une très-
grande force.
Lorfqu’on vouloit mettre la catapulte en batterie
& en état de jetter des pierres, on mettoit le bout
d’en-bas de l’arbre ou du bras, dans l’entre-deux 6c
au centre de l’échevéau de corde. C e c i eft d’autant
plus important, que s’il ne fe rencontroit pas dans
ce jufte milieu, la tenfion fe trouveroit inégale;t6ç
ce qu’il y a de cordages plus d’un côté que de l’autre,
fe cafferoit infailliblement dans la tenfion : ce qui mérite
d’être obfervé. Pour n’être pas trompé dans une
chofe fi importante, on peut mettre un morceau de
bois en formant l’écheveau de la groffeur du bout
d’en-bas du bras. C e morceau de bois fervira pour
marquer le centre des cordes .e n les paffant 6c re-
paffant dansfles trous des chapiteaux.
Le bras pu f ty le , comme Ammien Marcellin l’appe
lle , doit être d’excellent bois de frêne,, &c ,1e plus ;
fain qu’il fera-poflible de trouver. Sa longueur eft de
quinze àfeiz e diamètres du troii dès. chapiteaux. Le
bout d’enrbas engagé dans le milieu de l’écheveau ,
e ft,de dix pouces d’épaiffeur , ,& large de quatorze ; .
c ’eft-à-dire qu’il doit être plus étroit dans la première
dimenfion que dans la fécondé, pour lui donner plus
de fo rc e , St empêcher qu’il ne plie ; car fi on s’apper-
cevpit que le, bras pliât, il fa,udroit lui donner plus
de largeur. :
• On doit- laiffer ces dimerifiôns au bout- d’en-bas
que les cordes embraffent, en rabattre les carnes ;
car.fans cette précaution pelles couperoïent ou-écor-
cheroient les cordes qui-font de boyau^ Le refte du
bras doit être taillé en ellipfe; moins épais d’un pou-
ce quë le -bout enchâffé dans l’ écheveaù f ô ed e la
même largëur jufqu’à l’endroit où il vient frapper le>
couflinet, qui doit être plus'épais, mais plat; de-peur
que la; violence du c o u in e le coupât en deux; C ’eft
en. cet endroit que le bïta« doit être un peu plus cour-
beoPoiir fortifier davantage le bras ou l ’àrbre dont
lieffôrt'eft'tout ce qu’brï -peut imaginer: de plus v io -
lent ,ron’ doit le garnir tou^-aùtour dans une: toile'
trempée dans .de -la'ïcolle'forte , comme les arçons i
d’une Telle.* .& rouler» autour une corde goudronnée;
de deux-lignes de diamètre;’fiTerfément & i i près-àv.
près*. qu’U ri’ y ait aucun intervalle entre lés-tours.
On, doit , commencer, cette dipce hors ;du ;gros bout
d’en-bas. I«a ligure fuflif de refte pour le faire comprendre.
Traite de l'Attaque des Places des anciens, par
M. le chevalier Folard.
Les effets des catapultes étoient confidéfables. On
lançoit avec ces machines des poids de plus-de 1200 -
livres. Elles étoient encore en ufage en France dans
le xij. 6c le xiij. fiecle. L e P. D a n ie l, dans XHis toire
de la Milice Françoife, cite un paflage de Froif-
fa r t , qui fait voir la force furprenante de ces fortes
de machines.Tl nous apprend qu’au^fiége de Thyn»
Lévêque aux Pays-Bas, le Duc Jean de Normandie fit
charrier grand foifon d'engins de Cambray & de Douay,
& entre autres Jix fort grands , qu'il fit lever devant la
forterejjc , lefquels jettoïent nuit & jour groffes pierres &
mangonneaux, qui abattoient les combles & hauts des
tours , des chambres, & des fales : tellement que les compagnons
qui gardaient la place, n'ofoient demeurer que
dans les caves & les Jélliers. Ceux de l'ojl leur jettoient
encore plus par leurs engins des chevaux morts, & autres
char oignes infectes pour les empuantir là- dedans , dont
ils étoient en grande détrejfe ; & de ce furent plus contraints
que de nulle autre chofe , parce que même il fai-
fou chaud comme en plein été, &c.
C ’étoit-, dit M. de Folard que nous copions ici
une très-grande incommodité que ces chevaux lancés
dans une place afliégée ; rien n’étoit plus capable
d’y mettre la pefte, ou du moins d’occuper une
partie de la garnifon pour les enterrer 6c fe délivrer
de l’infeûion de ces cadavres.
L ’hiftoire de Ginghifcan 6c de Timur-Beg nous
fournit une infinité d’exemples de la force & de la
puiffancé de ces fortes de machines. Les catapultes
dont ces conquérans fe fervoient étoient fl énormes,
qti’ellês chaffoient des meules de moulin 6c des maf-
fes affreufes ; qu’elles renverfoient tout ce qu’elles
rencontroient avec un fracas épouvantable. Ces machines
paroiffent avo ir fubfifté jufqu’à l’invention de
la poudre. L ’ufage du Canon qui les dérruifoit-facile-
men's, les fit difparoître : cependant M. le chevalier
dé Folard croit qu’ elles feroient encore aujourd’hui
fupérieures à nos mortiers.
Les effets en font à-peu-près les mêmes pour jetter
des corps pefans, capables d’écrafer par leur
poids les-édifices les plus folides : la catapulte a même'
quelque avantage en cela fur le mortier. Il faut
bien moins de dépenfe pour le tranfport des chofes
. rtëcéffaires à la conftruftion de la première, que
pour le tranfport du dernier.
- Ce': que l’on doit le plus confidérer dans la catapulte
, dit toujours le chevalier Folard , c’eft la certitude
de fon effet & la jufteffe de fes tirs différens.'
«-On eft affûré de jetter les pierres où l’on veut ; car
» il n’y a point detaifon qui puiffe faire qu’elle chaffe
»plus oirmoins lo in , ou plus ou moins jufte en un
» tems qu’en un autre fur les mêmes-degrés.d’éléva-
tf tion 6c dé bandage. Il n’en eft pas ainïi.dé nos moru
tie r s , à caufe des aifférens effets ou des différentes
» qualités de la poudre ; car quoiqu’elle foit de mê-
» me nature en apparence y elle ne l’eft pas en effet.'
» Un barril n’eft jamais femblable à un autre barril ;
» la poudre n’eft jamais égale en qualité & en force,
» &c. ■
Il e f t v ra i, comme l’obferve M. de Folard, que
les effets de la poudre font fort irréguliers : mais le
reffort 'des cordes de la catapulte qui- en fait toute
la 'force ; feroit à-peu-près Tu jet aux-mêmes Variations
à caufe des différentes impreflîonsde l’air: ainfi
il n’y à guère d’apparence que le coup de là catapulte
puiffe être beaucoup plus lûr que celui du mortier;
mais cette machine paroît avoir uni avantage très-
évident fur le pierrier.
- « La portée la plus grande des mortiers-pierriers
» de quinze pouces ,de diamètre à leur bouche, ne v a
»-guere au-delà de cent cinquante toifes. Les caillous
» chaffés par une catapulte , parcourront un plus
» grand
» grand e fpa ce , & écarteront beaucoup moins. C e t
» avantage eft beaucoup plus grand qu’on ne penfe ;
» car lorfqu’il en peut tomber une plus grande quan-
» tité dans un logement, dans une batterie, dans les
„ fapes, dans un ouv ra g e , 6c dans un chemin cou-
» v e r t , quel defordre ! quelle exécution cesTortes
» de machines ne feront-elles pas ? En jettant fi juf-
» t e , foit des pierres ou des bombes, il n’y a point
» de batterie qui ne puiffe être démontée, ni de io-
» gement qu’une grêle de caillous ne faffe abandon- » ner » . Folard, T ra ité de V attaque des places des an ciens.
( Q )
C A T A F A LQ U E , fubft. m. ( H ift.m o d . & P e in t. )
échaffaud ou élévation : c’eft une décoration d’Ar-
chite&ure, de Peinture, & de Sculpture, établie fur
une bâtiffe de charpente, pour l’appareil & la repré-
fentation d’un tombeau que l’on éleve pour les pompes
funèbres des princes & des rois. Ce mot vient de
l’italien ca ta fa lco , qui fignifie proprement un échaffa
u d , & fe trouve abfolument confacré à l’ufage que
nous venons de rapporter. ( R )
* C A T A P P A S , ( H ifi. n a t. bot. ) c’eft le nom d’une
efpece d’amandier qui croît communément aux Indes
orientales, & fup-tout dans l*île de Java. Comme
fes feuilles font très-grandes, & fourniffent beaucoup
d’ombrage, les habitans du pays ont foin d’en planter
autour de leurs jardins, pour les mettre à couv
er t des gros vents & des rayons brûlans du Soleil.
C e t arbre donne une fleur d’un blanc tirant fur le
jaune ; fon fruit eft verd au commencement, & contient
un noyau oblong, d ’une couleur blanche, qui
reffemble à une groffe amande.
* C A T A R A C T A IR E S , f. m. plur. ( H iß . anc. ) il
paroît que c’eft ainfi qu’on appelloit anciennement
les geôliers ou gardes-portes des prifons, & les gardes
des prifonniers.
C A T A R A C T E D ’E A U , ( P h y fiq . ) chûte ou précipice
dans le canal ou lit d’une r iv ie r e , qui a pour
caufe des rochers ou autre chofe. qui arrête le courant
, & fait tomber l ’eau avec bruit & une grande
impétuofité.
C e mof: vient du grec Ka.T*j>p*<r<ru>, c u m im p etu de-
c id o , je tombe av e c impétuofité ; lequel eft compofe
de jsätä, en e n -b a s, & de paWw, dejicio, je jette en-bas.
M. de Maupertuis, dans la relation curieufe & in-
téreffante de fon voy ag e au N ord, parle des cataractes
du fleuve de Torneao , & de la maniéré dont les
gens du pays les franchiffent dans des nacelles fort
minces. On peut vo ir aufli dans le tom e I . del'hifioirc
ancienne de M. R o llin , la defeription abrégée des cataractes
du N il, & de l’intrepidite a v e c laquelle les
peuples du pays s’y expofent.
Strabon appelle aufli cataractes, ce qu’on appelle
aujourd’hui cafcade ; & ce que nous appelions pré-
fentement cataracte, les anciens l’appèlloient catadu-
p es. V o yc^ Cascade 6* Ca-tadupes.
Dans prefque tous les fleuv es , dit M. de Buffon,
la pente v a en diminuant jufqu’à leur embouchure
d’une maniéré affez infenfible : mais il y en a dont la
pente eft très-brufque dans certains endroits, ce
qui forme ce qu’on appelle une cataracte, qui n’eft
autre chofe qu’une chute d’eau plus v iv e que le courant
ordinaire du fleuve. Le R h in , par exemple, a
deux cataractes ; l’une à Bilefeld, & l’autre auprès de
Schaffoufe. Le Nil en a plufieurs, & entr’autres deux
qui font très-violentes & qui tombent de fort haut
entre deux montagnes : la riviere V p lo g d a , en Mof-
c o v ie , a aufli deux cataractes auprès de Ladoga : le
Z a ïre , fleuve de C o n g o , commence par une forte
cataracte qui tombe du haut d’une montagne : mais la
plus fameufe cataracte eft celle de la riviere N iagara,
en Canada ; elle tombe de cent cinquante-fix piés de
hauteur perpendiculaire, comme un torrent prodigieux
, & elle a plus d’un quart de lieue de largeur ;
Tom e I I ,
la brume ou le brouillard que l’eau fait en tombant
fe voit de cinq lieue s , & s’élève jufqu’aux nues ; il
s’y forme un très-bel arc-en-cie l lorfque le SoleiL
donne deffus. Au-deffous de cette cataracte il y a des
tournoyemens d’eau fi terribles, qu’on ne peut y na-
viger jufqu’à fix milles de diftance ; & au-deffus de la>
cataracte la riviere eft beaucoup plus étroite qu’elle,
ne l’eft dans les terres fupérieures. Voyt^ Tranfacl.
philofoph. abr. vol. VI. part. II. page 11 g. Vo ic i la
defeription qu’en donne le Pere Charlevoix : « Mon.
» premier foin fut de vifiter la plus belle cafcade qui
» foit peut-être dans la nature : mais je reconnus d’a-
» bord que le baron de la Hontan s’étoit trompé fur
» fa hauteur & fur fa figure, de maniéré à faire juger
» qu’il ne l ’avo it point vue.
» Il eft certain que fi on mefure fa hauteur par les
» trois montagnes qu’il faut franchir d’abord, il n ’y
» à pas beaucoup à rabattre des fix cents piés que lui
» donne la carte de M. de r i f le , qui fans doute n’a
» avancé ce paradoxe que fur la foi du baron de la
» Hontan & du P. Hennepin : mais après que je fus
» arrivé au fommet de la troifieme montagne, j’ob-
» fervai que dans l’efpace de trois lieues que je fis
» enfuite jufqu’à Cette chûte d ’e au , quoiqu’il faille
» quelquefois monter, il faut encore plus defeendre,
» 6c c’eft à quoi ces voyageurs paroiffent n’avoir pas
» fait affez d’attention. Comme on ne peut appro-
» cher la cafcade que de c ô té , ni la vo ir que de pro-
» fil, il n’eft pas aifé d’en mefurer la hauteur av e c
» les inftrumens : on a v ou lu le faire av e c une longue
» corde attachée à une longue perche, & après avoir
>* fouvent réitéré cette maniéré, on n’a trouvé que
>>cent quinze ou cent vingt piés de profondeur: mais
» il n’eft pas poflible de s’affûrer fi la perche n’a pas
» été arrêtée par quelque rocher qui avançoit ; car
» quoiqu’on l ’eût toûjours retirée mouillée aufli-bien
» qu’un bout de la corde à quoi elle étoit attachée ,
» cela ne prouve r ie n , puifque l’eau qui fe précipite
» de la montagne réjaillit fort haut en écumant. Pour
» m o i, après l’avoir confidérée de tous les endroits
» d’où on peut l’examiner à fon a ife , j’eftime qu’on
» ne fauroit lui donner moins de cent quarante ou
» cent cinquante piés.. .
» .Quant à la figure, elle eft en fer à ch e v a l, &
» elle a environ quatre cents, pas de circonférence
» mais précifément dans fon milieu .elle eft partagée
» en deux par une île fort étr<?ite, & d’un demi-quart
» de lieue de long , qui y aboutit. Il eft vrai quecCes
» deux parties ne tardent pas à fe rejoindre ; celle
» qui étoit de mon côté ', $c qu’on ne v o y o it .que de
» profil, a plufieurs pointes .qui avancent : mais celle
» que je découvrois en face me parut fort unie. Le
» baron de la Hontan y ajoute un torrent qui v ient
» de J’oüeft : il faut que dans la fonte des neiges les
» eaux fauvages viennent fe décharger-là par quel-
» que ra v in e , &c. » pag, 3 3 2 . &c. tom. lll.
Il y a , continue M. de Buffon, une cataracte à trois
i lieues d’Albanie , dans la nouvelle Y o r c k , qui a env
iron cinquante piés de hauteur ; & de cette chûte
d’eau il s’élève aufli un brouillard dans lequel on ap-
perçoit un leger arc-en-ciel, qui change de place à
mefure qu’on s’en éloigne ou qu’on s’en approche.
Voye^ Tranf. phil. abr. vol. VI. pag. u$. \
En général dans tous les pays où le nombre d’hommes
n’eft pas affez cônfidérable pour former des fo-
ciétés po lic ée s , les terreins font plus irréguliers &
le lit des fleuves plus étendu, moins é g a l, & rempli
de cataractes. Il a fallu des fiecles pour rendre, le R h ô ne
& la Loire navigables; c’eft ;en; contenant les
e au x , en les dirigeant & en n e tto y a it le fond des
fleuves, qu’on leur donne un cours affûré.Dans toutes
les terres où il y a peu d’habitans ,.la nature eft
brute & quelquefois difforme. Hiß, nqt. de MM. de
Buffon & Dauben ton, tom. I.
E E e e ç