quelques autres articles qui n’etoient pas moins pernicieux.
Ces malheureux ne pouvant fubfifter lans
union & fans chef, fe firent un fouverain pontife qu’ils
appelleront pape,, 8c qu’ils reconnurent pour leur
premier fupèrièur , auquel tous les autres minières
étoient fournis ; & ce faux pontife établit fon fiége
dans la Bulgarie , fur les frontières de Hongrie, de
Croatie , de Dalrnatie , où les Albigeois qui étoient
en France alloient le confulter oc recevoir fes décidons.
Reyner ajoute que ce pontife prenoit le titre
d’évêque, & de fils aîné de l’églife des Bulgares. Ce
fut alors que ces hérétiques commencèrent d’être
nommés tous généralement du nom commun de Bulgares;
nom qui fut bien-tôt corrompu dans la langue
françoife qu’on parloit alors ; car au lieu de Bulgares
, on dit d’abord Bougares 6c Bouguers, dont on lit
le latin Bugari & Bugeri ; & de-là un mot très-fale
en notre langue, qu’on trouve dans les hiftoires anciennes
, appliqué à ces hérétiques, entr’autres dans
une hiftoire de France manufcrite qui fe garde dans
la bibliothèque du préfident de Mefmes, à l’annee
1225 , 8c dans les ordonnancés de S. Louis, où l’on
voit que ces hérétiques étoient bridés vifs lorfqu’ils
étoient convaincus de leurs erreurs. Comme ces mi-
fcrables étoient fort adonnés à l’ufure , on donna
dans la fuite le nom dont on les appelloif à tous les
ufuriers, comme le remarque du Cange. Marca, hiß.
de Bearn. La Faille , annales de la ville de Touloufe.
Abrégé de Vancienne hiß. Du Cange, gl°ß~ latin. (G)
BULGARIE , ( l a grande') Géog. province d’Afie
dans laTartarie ruflienne, bornée au nord par le
royaume de Cafan, à l’eft par la Baskirie, au fud
par le royaume d’Aftracan, & à l’oiieft par le Wolga.
La capitale eftBulgar ou Belojer. Cepayseft fournis
à l’empire Ruflien.
Bulgarie , ( la petite ) ou le royaume de Bulgarie,
Géog. pays de la Turquie en Europe , bornée au
nord par le Danube 8c la Valachie, à l’orient par la
mer Noire, au midi par la Romanie 8c la Macédoine,
& au couchant par la Servie. Elle eft fous la domination
des Turcs. La capitale eft Sophie.
BULGOLDA , ( Hiß. n a t.) c’eft une pierre qui
( au rapport de Ferdinand Lopez dans fon hißoire des
Indes ) fe trouve dans la tête d’un animal de même
nom. Les Indiens y ont beaucoup de foi, & lui attribuent
les mêmes vertus qu’au bézoar : ils la regardent
comme un remede fouverain contre toute forte
de poifon. On la dit fort rare. Elle eft de la grandeur
d’une noifette. ( — )
BULIMIE ou BOULIMIE, f. f. (Médecine.) faim
canine, appétit extraordinaire , accompagné d’eva-
noiiiffement 8c de froid aux extrémités du corps.
Voye^ Faim.
Ce mot eft tiré du grec G^xi/Aa ou GbXi/xoç, formé
de Gbc, boeuf, & de Xi/xoc, faim ; ou, comme d’autres
l’expliquent, faim ajfe{ grande pour manger un boeuf;
ce qui cependant conviendroit mieux au mot Gvyxy'ut
qu’à GvXifjLÎct. Suidas & Varron donnent à ce mot une
étymologie qui femble plus naturelle, en le faifant
venir de , particule dont les Grecs fe fervent pour
augmenter, 8c de x/fioc, faim ; car ces mots GCvaiç,
un grand garçon , ßuauzoc, une große figtti, montrent
que les Grecs fe fer voient de la particule G* , jointe
avec les mots auxquels il donnoient une lignification
augmentative.
Il eft parlé dans les Tranfaclions philofophiques d’une
perfonne malade de bulimiet qui fut guérie en rendant
plufieurs vers de la longueur 8c de l’épaiffeur
d’un tuyau de pipe. (-N)
Il paroît par plufieurs expériences, que la préfence
des vers eu fouvent la caufe de la bulimie.
BULLA ou BULIA, (Géog.) petite riviere de
Grece dans la province de Livadie, qui fe jette dans
le golfe de Lepante.
BULLE , f. f. (Hiß. anc. ) petite boule concave
d’o r , d’argent, ou d’autres métaux, que les enfans
des Romains portoient au cou : on la donnoit aux en-
fans de qualité en même tems que la robe prétexte
ou bordee do pourpre , 8c ils ne la quittoient qu’en
quittant cette robe , c’eft-à dire à l’âge de dix-fept
ans. Quoiqu’il paroiffe confiant parle témoignage de
tous les auteurs qu’il n’y avoit que les enfans des
magiftrats curules qui euffent droit de porter la bulle
d’or; il n’eft pas moins certàin qu’ils n’étoient pas les
feuls qui la portaffenf ; ceux à qui les honneurs du
triomphe étoient décernés prenoient aufii cet ornement
: Bulla , dit Macrobe, gefiamen erat triumphan-
îium , quam in triumpho proe je gerebant : mais cette
bulle étoit d’un plus grand volume que celle des enfans.
La grande veftale & les dames romaines en
portoient àuiïi : la première par diftinftion ; les autres
comme une parure. On.regardoit encore ces
bulles comme de très-puiflànspréfervatifs contré l’çn-
v ie , & contre les génies mal-faifans. La fuperftitîon
n’avoit guere moins de part que la vanité dans la
coutume d’attacher ces bulles au cou des enfans des
patriciens. (G )
Bu l le , ( Hiß. anc. & mod. ) ce mot defignoit au-,
trefois le fceau attaché à un infiniment ou charte quelconque
: il y en avoit d’o r , d’argent, de cire , & de
plomb. Les empereurs 8c les rois, dans les affaires
de grande importance, fe fervoient de fceaux d’or ;
aujourd’hui on fe fert prefque par-tout de cire : mais
le fceau attaché aux conftitutions des papes eft toû-,
jours de plomb. ( —)
B ul le , (Hiß. eccléf. & Droit canon.) expédition
de lettres en chancellerie romaine, fcellées en plomb,
qui répondent aux édits , lettres-patentes , 8c pro-
vifions des princes féculiers.
On dérive le mot de bulle de bulla, un fceau, &
celui-ci de bulla , une boule ou bouteille ronde qui
fe forme dans l’eau. D ’autres le dérivent du grec
GaXn, confeil. Le pere Pezron prétend qu’il eft tiré du
celte buil ou bul, une boule ou bouteille qui fe forme
fur l’eau.
La bulle eft la troifieme forte de referit apoftolique
qui eft le plus en ufage,tant pour les affaires de juftiçe
que pour les affaires de grâce : elle eft écrite fur parchemin
, à la différence de la fignature qui eft écrite
en papier. La bulle eft proprement une fignature étendue
, & ce qu’elle contient en peu de parole, la but
/«l’étend: néanmoins elle ne doit pas être, quoiqu’é-
tendue, plus ample que la fignature, fi ce n’eft pour
les cïaufes qu’on a coutume d’étendre félon le ftyle.
Foye{ Bre f .
Si les bulles font lettres gracieufes , le plomb eft
pendant en lacs de foie ; & fi ce font des lettres de
juftice & exécutoires , le plomb eft pendant à une
cordelle de chanvre : elles font écrites en carattere
rond ou gothique.
La bulle en la forme qu’elle doit être expédiée ,
fe divife en quatre parties, qui font la narration du
fait, la conception, les claufes, & la date. Dans la
falutation le pape prend la qualité d’évêque, ferviteur,
des ferviteurs de Dieu ; fervus fervorum Dei. Voye£
Se r v it e u r .
La bulle n’eft proprement que le fceau ou le plomb
pendant qui donne fon nom au titre, parce qu’il lui
donne feul autorité ; 8c généralement tout referit où
il y a du plomb pendant s’appelle bulle. Ce plomb
repréfente d’un côté les têtes de S. Pierre à droite ,
& de S. Paul à gauche ; de l’autre côté eft écrit 1©
nom du pape régnant, & l’an de fon pontificat, f^oye^
Pontificat.
Les jubilés s’oôroyent par bulles : on ne facre
point les évêques qu’ils n’ayent leurs bulles. En EI-
pagne on expédie des bulles pour toutes fortes dé bénéfices
; mais en France on n’a que de fimples, ligna-.
tûtes en papier, à la refetve àèii aïcTievfcWs, des
abbayes, 8c de quelques prieures conventuels. Les
bénéfices dont le revenu excede vingt-quatre ducats,
ne font poffédés que fur dès provifions qui s’expe-
dient par bulles , & non pas par fimples fignatures^,
Suivant une réglé de la chancellerie. La France n’a
point voulu fe foûmettre à cêtte réglé ; & à l’exception
des bénéfices qui font taxés dans les livres de la
chambre apoftolique , elle s’eft confervéé dans le
droit de n’exprimer le revenu du bénéfice qu’on im-
petre qu’en général & de cette maniéré : Cujas & illi
forfan annexorum fruclus 2.4. ducatorum auri , de caméra
fecundum communem efiimationem , valorem an-
nuum non excedunt.
Les bulles qui viennent de Rome en France > font
limitées & modérées félon les ufages du royaume,
avant que d’être enregiftrées. On n’yèn reçoit aucunes
, qu’après avoir bien examine fi elles ne contiennent
rien de contraire aux libertés de l’églife Gallicane.
Il fuffit en France que ces mots proprio motu,
de notre propre mouvement, fe trouvent dans Une bulle f pour la rejette* toute entieirê.
Les Efpagnols ne reçoivent pas non plus aveuglément
les bulles des papes : elles font examinées dans
le confeil du roi; 8c fi l’on trouve qu’il y ait dès raiforts
pour ne pas les mettre en exécution , l’on en
donne avis au pape par une fupplique ; 8c par ce
moyen ces bulles demeurent fans effet. Cette maniéré
d’agir avec la cour de Rome eft établie dans la plupart
des états 8c des royaumes. Fulminer des bulles, c’eft en faire la publication ou
vérification par l’un des trois commiffairés auxquels
elles font adreffées , foit qu’il foit.évêque ou official.
On s’oppol'e quelquefois à la publication des bulles oü
des referits du pape. Mais quand il s’y trou v e de l’abus
, l’on a pour lui le re fp e â de n’âppelier pas directement
de la conceffion dé la bulle, on interjette fifn-
plement appel comme d’abus de ƒ’exécution ou ful-
Snination de la bulle. C ’eft un expédient pour ne point
thoquer le p a p e , en ne fe plaignant que de la procédure
& de la partie qui a obtenu la bulle.
Cependant il y a des cas importans, dans lefqüels
on appellerait fans détour comme d’abus dé là bulle
du pape : par exemple , s’il prononçoit l’excommu-
fcication contre la perfonne du roi ; s’il entreprenoit
fur le temporel du royaume; s’il difpofoit des bénéfices
dont la nomination appartient au roi p a rle concordat.
Voye^ Fulmination. ^
Quand ïe pape eft mort, on n’éxpédie plus de bulles
durant la vacance du fiége , èc jufqu’à l’éle&ion
du fucceffeur : ainfi pour prévenir les abus qui pour-
rôiéftt fe gliffer, auffi-tôt que le pape eft mort, le
vicê-chàncelièr dé l’Êglife romaine va prendre lé
fceau des bulles, puis il fait effacer en préfence dé
plufieurs perfonriés , le nom du pape qui vient de
mourir ; il couvre d’un linge le côté où font les têtes
dé S. Pierre & dé S. Paul ; il y met fon fceaù, &
donne ce fceau des bulles ainfi enveloppé , au camé-
riér pour le garder, afih qu’on n’en puiffe feelier aucune
lettre. BulleI/2 coend Domini : on appelle ainfi une bulle
fameufe, qui fe lit publiquement tous les ans à Rome
le jour de lacene, c’eft-à-dire le jeudi-faint, par un
Cardinal diacre , en préfence du pape y accorhpagné
des autres cardinaux & des évêques. Elle contient
une excommunication contre tous les hérétiques, les
contumaces 8c les defobéiffans au faint fiége. Après
îà lefturê de cette bulle, le pape jette un flambeau allumé
dans la placé publique, pour marque d’anëthè-
me. Dans la bklie du pape Paul III. de l’ah 1536, il
éft énoncé dès le commencement, que c’eft une ancienne
côûtume dés fouverâins pontifes, de publier
cétte excommunication le jour du jéüdi-faint, pour
conferver la pureté de la religion chrétienne , pour
entretenir Ptinion des fidèles : mais oft n*y marque
pas l’origine de cetté cérémonie. Les principaux chefs
dé la bulle in coenâ Domini regardent les hérétiques
& leurs fauteurs, lès pirates & les corfaires ; ceux
qui impofent de nouveaux péages ; ceux quifalfifiéftt
les bulles 8c les autres lettres apoftoliques ; ceux qui
maltraitent les prélats del’Eglile ; ceux qui troublent
ou veulent reftraindre la jurifdiftion eccléfiaftique f
même fous prétexte d’empêcher quelques violences,
quoiqu’ils foient confeillers ou procureurs généraux
des princes féculiers, foit empereurs , rois ou ducs ,
ceux qui ufurpent les biens de l’Eglife , &c. ce qui â
donné lieu d’accufer Cette bulle d’établir indirectement
le pouvoir des papes für le temporel des rois»
Tous ces cas y font déclarés réfervés , ènforte que
nul prêtre n’èn puiffe âbfoudre, fi ce n’eft à l’àfticlc
de la mort.
Le concile de Tours , en 1Ç10, déclara la bulle m
cùena Domini infoûtenable à l’égard de la Francè, qui
a fouvent protefté contre cette bulle en céqui regarde
les droits du roi 8c les libertés de l’églife gallicane.
En 1580, quelques évêqües pendant le tems des
vacations, tâchèrent dé faite recevoir dans leursdio*
cefes la bulle in coena Domini. Le procureur général
s’en étan plaint, le parlement ordonna què tous les
archevêques 8c évêques qui auroient reçu, cette bulle
8c ne l’auroient pas publiée, ëiiffent à l’envoyer à la
cour : que ceux qui Sauraient fait publier fuffent
ajournés, 8c cependant leur temporel faifi ; 8c que
quiconque s’oppoferoità cet arrêt, fut réputé rebelle
& criminel de léfe-majefté. Mézer. hifi. de France,
fous le regne d’Henri 111. ( G)
Bulle d’or , ( Hiß. &Jurifp. ) on donne en Allemagne
ce nom par excellence àune pragmatique-fanc-
tion ou conftitution de l’empereur Charles IV. approuvée
par la diete ou l’affemblée générale des princes
& états de l’Empire , qui contient les fonétionâ ,
privilèges, & prérogatives des électeurs, tant ecclé-
fiaftiques que féculiers, 8c toutes les formalités qui
doivent s’obferver à l’éleûion d’un empereur. Elle
fut faite en 13 56 en partie à Metz , 8c en partie à Nuremberg.
La bulle d’or a toujours, été regardée depuis
ce tems comme loi fondamentale de l’Empire : elle eft
au nombre de celles que les empereurs font tenus
d’obferverpar la capitulation qu’on leur a fait jurer à
leur couronnement. Cette conftitution fut faite pour
terminer les difputes , quelquefois fanglantes , qui
accompagnoient autrefois les élections des empereurs
y 8c prévenir pour la fuite celles qui pourraient
arriver à ce fujet, 8c empêcher les longs interrègnes
dont l’Empire avoit beaucoup fouffert auparavant.
L’original le plus authentique de la bulle d’or fe con-
ferve à Francfort fur le Mein ; 8c c’eft le magiftrat de
cette ville qui en eft le dépofitaire. On a un refpeû
fi fcruptileiix pour cet exemplaire, qu’eh 1641 Té—
leâeur de Mayence eut de la peine à obtenir qu’on
renouvellât les cordons de foie prefque ufés , auxquels
le fceau de la bulle d’or eft attaché ; & il n’en
vint à-bout, qu’à condition que la chofe fe paffer oit
en préfence d’un grand nombre de témoins.
Bulle d’or deBohïmi * ( Hiß. ) c’eft un privilège
accordé en 1348 au roi & au royaume de Bohème
, par l’empereur Charles fV. Ce prince y confirme
toutes lés prérogatives accordées par Frédéric II.
en i z i z . àOttocare , roi de Bohème..
Bulle d’or duBrdbant, (Hifi. mod. & Jürifp.) on
nomme ainfi une conftitution de l’empereur Charles
IV.dOnfiéêà Aix-la-Chapelle en 1349 , par laquelle
Cè prince accorde àiix Brabançons le privilège de ne
pouvoir être traduits à aucuns tribunaux étrangers
où hors de leur pays, ainfi que dé ne pouvoir point
êtrè arrêtés ailleurs que chez eu x, ni pour crimes, ni
pour dettes. Là trop grande extèrtfiôn dé ce privilé«