•de leurs grands côtés, & fontcouvertes d’un baldaquin
ou impérial décoré de mouffeline, toile de coton
, toile peinte ou perfe , comme il s’en voit au
château de S. Cloud, de Sceaux, &c.
Par oeconomie ces baignoires le font quelquefois de
bois , & fe portent en ville chez les particuliers ,
lorfqu’ils font obligés pendant l’hy ver de prendre les
bains , par indifpofition ou autrement. (P)
M. Burette , dans les Mém. de VAcad, des Belles-
Lettres , remarque que dans les thermes des anciens
il y avoit deux fortes de baignoires ; les unes fixes ,
&.les autres mobiles; & que parmi ces dernieres on
en trouvoit de faites exprès pour être fufpendues en
l ’air, & danslefquelles on joignoit le plailir de fe baigner
à celui d’être balancé , & comme bercé par le
mouvement qu’on imprimoit à la baignoire. (G)
Les baignoires de cuivre font l’ouvrage des Chau-
deronniers ; les Tonneliers font & relient celles de
bois.
BAIGNOIRE, clie{ les Hongrieurs ; c’eft ainfi qu’ils
appellent la poelle dans laquelle ils font chauffer l’eau
d’alun & le fuif qu’ils emploÿent dans l’apprêt de
leurs cuirs. Voye^ la vignette PL de T Hongrieur.
* BAIGORRI, (le) Géog. petit pays de France
dans la baffe Navarre , entre les confins de la haute
Navarre à l’occident, & le pays de Cife à l’orient.
* BA1KAL , lac de Sibérie d’où fort la riviere
d’Angara. Long. ixS-ryo.
BAIL , f. m..terme de Droit3 eft une convention
par laquelle on transféré à quelqu’un la joiiiffance
ou l’ufitged’un héritage, d’une maifon, ou autre forte
de bien , ordinairement pour un tems déterminé,
moyennant une rente payable à certains tems de
l ’année que le bailleur ftipule à fon profit, pour lui
tenir lieu de la joiiiffance ou deTufage dont il fe dépouille.
Il y a aufîi des baux par lefquels on promet
de faire certains ouvrages pour un certain prix. Voy.
L ouage , L o c a t io n .
Le bail des chofes qui produifent des fruits eft ce
qu’on appelle bail à ferme. Voye[ Ferme.
Le bail des chofes qui ne rapportent point de fruits
eft ce qu’on appelle bail à loyer, Vyye{ Lo yer.
Chez les Romains les baux nefe faifoient pas pour
un tems plus long que cinq années. Parmi nous ils ne
paffent jamais neuf ans, à moins qu’ils ne foient à vie
ou emphytéotiques. Voye{ Em ph y t éo t iq u e .
Les baux fe font pardevant notaire ou fous feing
privé. Ils font également obligatoires d’une & d’autre
maniéré : feulement s’ils ne font faits que fous fi-
gnature privée , ils n’emportent point hypotheque
fur les biens du bailleur ni du preneur. Les Anglois
font aufîî des baux de vive voix.'
Tous ceux qui ont la libre adminiftration de leur
bien en peuvent faire des baux ; ceux même qui n’en
ont que l’ufufruit le peuvent aufîi ; tel qu’un mari,
une femme doiiairiere, un tuteur, un bénéficier ; &
dans l’ufage commun, ceux qui entrent en joiiiffance
après eux doivent entretenir les baux qu’ils ont faits.
L’obligation de celui qui fait le bail eft de faire
ioiiir le fermier ou locataire de la chofe donnée à ferme
ou à loyer, ou de lui payer des dommages & intérêts
qui l’indemnifent de la perte qu’il fouffre par
l ’inexécution du bail.
Mais il peut en demander la réfiliation, pour défaut
de payement ; fi le locataire ou fermier dégrade
l’héritage qu’il tient à bail ; fi la maifon tenue à
bail menace ruine, & qu’il y ait nécefîité de la rebâtir
; fi le propriétaire d’une maifon de ville veut
occuper fa maifon en perfonne ; & dans tous ces cas
le propriétaire ne doit pas des dommages & intérêts
au fermier ou locataire,
Celui qui fuccede au propriétaire n’eft engagé à
entretenir le bail par lui fait, que quand il lui fuccede
à titre univerfel ; c ’eft-à-dire, à titre d’héritier ,
de donataire ou légataire univerfel ; mais non pas
s’il lui fuccede à titre fingulier, foit lucratif ou oné-
Le fermier ou locataire de fon côté eft obligé à
trois chofes : i°. à joiiir en bon pere de famille , a ne
point faire de dégradations dans les lieux dont il a la
joiiiffance, & meme à y faire les réparations locatives
ou viagères auxquelles il s’eft obligé par fon bailz
2°. à payer le prix du bail, fi ce n’eft que le fermier
ait fouffert des pertes confidérables dans l’exploitage
de fa ferme par des cas fortuits ; ce qu’on appelle en
Droit vimaires , du Latin vis major, comme grêle ,
feu du ciel, inondations, guerre , &c. auquel cas
l’équité naturelle exige qu’il foit fait diminution au
fermier : 30. à entretenir le bail, c’eft-à-dire, à continuer
l’habitation ou l’exploitage jufqu’à l’expiration
du bail.
Lorfque le terme du bail eft expiré, fi le locataire
continue à occuper la maifon, ou le fermier à exploiter
la ferme, quoiqu’il n’y ait point de convention
entre les parties , le filence du propriétaire fait
préfumer un confentement de fa part, & cela forme
un contrat entre les parties qu’on appelle tacite reconduction.
Voyc^ R écon du ct ion.
Le bail à rente , fuivant la définition que nous avons
donnée du mot bail au commencement de cet article
, eft moins proprement un bail qu’une véritable
aliénation, par laquelle on transféré la propriété d’un
immeuble à la charge d’une certaine fommeou d’une
certaine quantité de fruits que le poffeffeur doit payer
à perpétuité tous les ans.
Le bail a rente différé de l’emphytéofe en plufieurs
chofes, mais fingulierement en ce que de fa nature
il doit durer à perpétuité , moyennant la preftation
de la rente par le tenancier ; au lieu que l’emphytéo-
fe finit fouvent après un tems déterminé, comme
de 99 ans, ou de deux ou trois générations. Voyeç
Emphytéose.
Bail emphy téotiqu e , voyeç Emphytéose.
Bail a ch eptel, voyeç C heptel.
Bail judiciaire , voyeç. Ju d ic ia ir e . ;
On appelle aufli bail l’expédition même du traité
appellé bail, qu’on leve chez le notaire devant lequel
il a été paffé.
Bail eft encore fynonyme à ce qu’on appelle autrement
baillie , ou garde.-noble, ou bourgeoifie. Voye£
Garde.
B a il, dans les anciennes coutumes, lignifie aufli
la tradition d'une chofe ou d'une perfonne a quelqu'un z
en ce fens on dit qu’il y a bail quand une fille fe marie
, parce qu’elle entre en la puiffance de fon mari ;
& quand fon mari meurt, ily a desbail ', parce qu’elle
eft affranchie par fa mort de la puiffance maritale^
Voye^ D e SBAIL & PUISSANCE MARITALE.
B AILE, f. m. terme de Palais ufité particulièrement
en Béarn, où il fe dit de certains huifliers fubalter-
nes qui ne peuvent exploiter que contre les roturiers,
à la différence des veguers qui exploitent contre les
gentilhommes. VoyefSfeguer. (H)
Baile , f. m. ( Polit. & Comrn. ) nom qu’on donne
à Conftantinople à l’ambaffadeur de la république
de Veniferéfidentà la Porte.
Outre les affaires de politique & d’état dont ce mi-
niftre eft chargé , il fait aufli les fondions de conful
de la nation auprès du grand-feigneur ; & c’eft proprement
de lui que dépendent les autres confuls établis
dans les échelles du levant, qui ne font pour la
plupart que des vice-confuls. Voye^ C onsul. (G)
BAILLE-BOUTE, f. f. c’eft parmi les Marins une
moitié de tonneau en forme de baquet. Les vaiffeaux
de guerre ont une baille amarrée à chaque hune,
pour y enfermer des grenades & autres artifices que
l’on couvre de peaux fraîches, s’il eft poflible, pour
les garantir du feu.
Qh
On met dans des bailles le breuvage que l’on dif-
tribue tous les jours aux gens de l’équipage. Il y a
aufli des bailles à tremper les écouvillons dont on fe
fert pour rafraîchir le canon. Il y a des bailles pour
mettre tremper le poiffon & la viande falée.
On fe fert quelquefois des bailles pourpuifer l’eau
qui entre dans le rum ou fond de cale. (Z )
BAILLEMENT, f. m. ( Pkyfiolog. ) ouverture involontaire
de la bouche , occafionnée par quelque
vapeur ou ventuofité qui cherche à s’échapper, &
témoignant ordinairement la fatigue , l’ennui, ou
l’envie de dormir.
Leremede qu’Hippocrate preferit contre le bâillement,
eft de garder Iong-temsfa refpiration. lire-
commande la même choie contre le hocquet. Vyes^ Hocquet. Suivant l’ancien fyftême , le bâillement
n’eft jamais produit fans quelque irritation qui détermine
les efprits animaux à couler en trop grande
abondance dans la membrane nerveufe de l’oefopha-
g e , qu’on a regardée comme le fiége du bâillement.
Quant à cette irritation, on la fuppofe occafionnée
par une humeur importune qui humefte la membrane
de l’oefophage , & qui vient ou des glandes répandues
dans toute cette membrane, ou des vapeurs
acides de l’eftomac raffemblées fur les parois de l’oe-
fophage. Par ce moyen les fibres nerveufes de la
membrane du gofier étant irritées ; elles dilatent le
gofier, & contraignent la bouche à fuivre le même
mouvement.
Mais cette explication du bâillement a depuis peu
donné lieu à une nouvelle plus méchanique & plus
fatisfaifante.
Le bâillement eft produit par une expanfion de la
plûpart des mufcles du mouvement volontaire, mais
fur-tout par ceux de la refpiration. Il fe forme en
infpirant doucement une grande quantité d’air, qu’on
retient & qu’on raréfie pendant quelque tems dans
les poumons, après quoi on le laiffe échapper peu-
à-peu, ce qui remet les mufcles dans leur état naturel.
De-là, l’effet du bâillement eft de mouvoir, d’accélérer
& de diftribuer toutes les humeurs du corps
également dans tous les vaiffeaux, & de difpofer par
confisquent les organes de la fenfation & tous les
mufcles du corps , à s’acquiter chacun de leur côté
de leurs fondions refpettives. Voy. Boerhaave, Inft.
■ méd. § . 638. (L) Bâillement , f. m. ce mot eft aufli un terme de
Grammaire ; on dit également hiatus : mais ce dernier
eft latin. Il y a bâillement toutes les fois qu’un mot
terminé par une voyelle , eft fuivi d’un autre qui
commence par une voyelle, comme dans il m'obligea
à y aller; alors la bouche demeure ouverte entre les
deux voyelles , par la nécefîité de donner paffage à
l ’air qui forme l’une, puis l’autre fans aucune con-
fonne intermédiaire ; ce concours de voyelles eft
plus pénible à exécuter pour celui qui parle, & par
confisquent moins agréable à entendre pour celui
qui écoute ; au lieu qu’une confonne faciliteroit le
paffage d’une voyelle à l’autre. C’eft ce qui a fait
que dans toutes les langues, le méchanifme de la parole
a introduit ou l’élifion de la voyelle du mot précédent
, ou une confonne euphonique entre les deux
voyelles.
L’élifion fe pratiquoit même en profe chez les
Romains. « Il n’y a perfonne parmi nous , quelque
» groflier qu’il foit, dit Cicéron , qui ne cherche à
» éviter le concours des voyelles, & qui ne les réu-
» niffe dans l’occafion. Quodquidem latina linguafic
obfervat, nemo ut tam rujlicus J it , quin vocales nolit
'conjungere. Cic. Orator. n°, 1S0. Pour nous, excepté
avec quelques monofyllabes, nous ne faifons ufage
de l’éli£on que lorfque le mot fuivi d’une voyelle
eft terminé par un e muet ; par exemple, unefincere
Tome //.
am it ié on prononce (incer-amitiê. On élide aufli Vi
de f i en f i i l , qu’on prononce s'il ; on dit aufli m'amie
dans le ftyle familier, au lieu Aetna amie ou mon
amie : nos peres difoient m'amour.
Pour éviter de tenir la bouche ouverte entre deux
voyelles, & pourfe procurer plus de facilité dans la
prononciation, le méchanifme de la parole a introduit
dans toutes les langues, outre l’élifion, l’ufage
des lettres euphoniques, & comme dit Cicéron, on
a facrifié les réglés de la Grammaire à la facilité de
la prononciation : Confuetudini auribus indulgenti libenter
obfequor.......... Impetratum ejl à confuetudine ut
peccare fuavitatis caufâ liceret. Cicer. Orator. n. 158.
Ainfi nous difons mon ame, mon épée , plutôt que ma
ame, ma épée. Nous mettons un t euphonique dans
y a-t-il, dira-t-on ;& ceux qui au lieu de tiret ou trait
d’union mettent une apoftrophe après le t , font une
faute : l’apoftrophe n’eft deftinée qu’à marquer la fup-
preflion d’une voyelle, or il n’y a point ici de voyelle
élidée ou fupprimée.
Quand nous difonsf i T on au lieu de f i on, l 'n’eft:
point alors une lettre euphonique , quoi qu’en dife
M. l’abbé Girard, tom. 1.p. J 44. On eft un abrégé
de homme; on dit l'on comme ondit l’homme. On m'a
dit c’eft-à-dire, un homme , quelqulun m'a dit. O n ,
marque une propofition indéfinie, individuum vagum.
Il eft vrai que quoiqu’il foit indifférent pour le fens
de dire on dit ou Ton d it , l’un doit être quelquefois
préféré à l’autre, félon ce qui précédé ou ce qui fu it ,
c’eft à l’oreille à le décider ; & quand elle préféré
Ton au fimpleon, c’eft fouvent par la raifon de l’euphonie
, c ’eft-à-dire, par la douceur qui réfulte à l’oreille
de la rencontre de certaines fyllabes. Au refte
ce mot euphonie eft. tout grec, tv , bien, & çwn ,fon.
En grec le v, qui répond à notre n -, étoit une lettre
euphonique, fur-tout après l’e & l’< : ainfi au lieu de
diree/%097 âvS'ptç , viginti viri, ils difent uvS'ptç ,
fans mettre ce v entre les deux mots.
Nos voyelles font quelquefois fiiivies d’un fon na-
f a l , qui fait qu’on les appelle alors voyelles nafales.
Ce fon nafal eft un fon qui peut être continué , ce
qui eft le caraôere diftinôif de toute voyelle : ce fon
nafal laiffe donc la bouche ouverte ; & quoiqu’il foit
marqué dans l’écriture par un n , il eft une véritable
voyelle : & les poètes doivent éviter de le faire fuivre
par un mot qui commence par une vo yelle, à
moins que ce ne foit dans les occafions où l’ufage a
introduit un n euphonique entre la voyelle nafale &
celle du mot qui fuit.
Lorfque l’adj eftif qui fiftit par un fon nafal eft fuivi
d’un fubftantif qui commence par une voyelle, alors
on met 1’« euphonique entre les deux, du-moinsdans
la prononciation ; par exemple, ûn-n-enfant, bon-n-
homme , .commun-n-accord , mon-n-ami. La particule
on eft aufli fuivie de l'n euphonique, on-n-a. Mais fi
le fubftantif précédé, il y a ordinairement un bâillement
; un écran illuminé , un tyran odieux , un entretien
honnête, une citation équivoque, un parfum incommode;
on ne dira pas un tyran-n-odieux, un entretien-n-hon-
nête, &c. On dit aufli un bajfin â barbe, & non un baf-
fin-n-à barbe. Je fai bien que ceux qui déclament des
vers où le poète n’a pas connu ces voyelles nafales ,
ajoutent l’n euphonique, croyant que cette n eft la
confonne du mot précédent : un peu d’attention les
détromperoit : ca r, prenez-y-garde , quand vous
dites il ejl bon-n-homme, bon-n-ami, vous prononcer
bon & enfuite -n-homme, -n-ami. Cette prononciation
eft encore plus defagréable avec les diphthongues
nafales, comme dans ce vers d’un de nos plus beaux
opéra :
Ah ! j'attendrai long-tems, la nuit efi loin encore ;
où l’aâeur pour éviter le bâillement prononce loin-n«
encore, ce qui eft une prononciation normande.