,d’eau ; d’où M. de Reaumur conjeriure avec affez
d’apparence, que la liqueur des buccins 8c celle des
grains font à-peu-près de même nature , excepte
que celle des grains eft plus aqueule. Elles different
encore par le goût : celle des grains eft falée, 6c celle
des buccins extrêmement poivrée 8c piquante, peut-
être parce qu’elle a moins d’eau.
Si on vouloit les employer dans la teinture, celle
des grains feroit d’un ufage plus commode, & coû-
teroit moins, parce qu’il eft aile de la tirer d une
grande quantité de grains qu’on écraleroit à la fois :
au lieu que pour avoir celle des buccins, il faut ouvrir
le réfervoir de chaque buccin en particulier, ce
qui demande beaucoup de tems : ou fi pour expedier
on écrafe les plus petits de ces coquillages , on gâte
la couleur par le mélange des différentes matières
que fournit l’animal.
La Chimie indiqueroit peut-être des moyens qui
feroient paroître la couleur plus vite &c plus belle ,
& qui la rendroient plus ténace. M. de Reaumur a
prouvé que le fublimé corrofif produit cet effet fur la
liqueur des buccins : mais la pratique, 8c fur-tout un
principe qui viendroit à faire partie d’un métier, de-
manderoit beaucoup d’autres obfervations , 8c des
vûes nouvelles. Il y a bien de la différence entre un
phyficien qui veut connoitre 8c un artifan qui veut
gagner. C’eft par cette réflexion que M. de Fonte-
neïte finit fon extrait du mémoire deM. de Reaumur.
Foyti hiß., de Cacad. ly n . p. n . Le favant académicien
le commence par une autre, qui ne me paroit
pas aufli vraie ; c’eft qu’il y a plus de chofes trouvées
dans ces derniers fiecles, qu’il n’y en a de perdues
des anciens : mais qu’il ne peut y avoir rien de
perdu que ce qu’on veut bien qui le foit ; qu’il ne faut
que le chercher dans le fein de la nature , où rien
ne s’anéantit, 8c que c’eft même une grande avance
pour le retrouver, que d’être fur qu’il fe peut trouver.
Mais on peut répondre à M. deFontenelle, que le fein
de la nature eft vafte ; que propoi'er à un phyficien ce
champ à battre pour y retrouver quelque ancienne
découverte, c’eft lui donner à chercher un diamant
tombé dans le fond de la mer. Une découverte fe
fait fouvent par hafard ; 8c il peut fe paffer bien des
fiecles avant que le même hafard fe reprefente : en
un mot, je croique quand une invention eft perdue,
non-feulement on ne la retrouve pas quand on veut,
mais qu’il fe peut faire qu’avec beaucoup de foins 8c
de travail,on ne la retrouve jamais. Quant au nombre
des chofes nouvellement trouvées, 8c à celui des
anciennes découvertes perdues, c’eft un examen im-
poflîble : nous favons très-bien ce qu’il y a de récemment
découvert, mais nous ne favons point tout ce
que nous avons perdu des anciens ; 8c fans l’une 8c
l’autre de ces connoiffances, il n’y a point de com-
paraifon à faire.
BUCCINATEUR, f. m. pris adjeél. en Anatomie,
nom d’un mufde fitué tranfverfalement fur les joues
dont il fait partie. Il s’attache à la partie antérieure
8c inférieure del’apophyfe coronoïde de la mâchoire
inférieure, 8c vis-à-vis les racines des dernieres dents
molaires de l’une 8c l’autre mâchoire, 8c fe termine
à la commiflùre des deux levres. Il eft percé vers fon
milieu par le conduit falivaire de Stenon. Voy. Conduit
& Salivaire. (L)
BUCCINE, f. f. ( Art milit.') étoit un ancien infiniment
militaire , ou plutôt un ancien inftrument
de mufique, dont on fe fervoit à l’armée pour avertir
les gardes de nuit, 8c pour faire favoir aux foldats
quand ils dévoient defeendre ou monter la garde.
Le mot latin buccina, dont celui-ci eft fa it, vient
de bucca, bouche, 8c de cano , je chante ; parce qu’on
s’en fert avec la bouche. D ’autres croyent qu’il vient
du grec ßwetvi, qui fignifie la même chofe, formé de
ßac j bmfi 8c de cano, je chante ; parce qu’ançienne-.
ment cet inftrument étoit fait de corne de boeuf.
D’autres de l’hébreu buk , une trompette. Varron dit
qu’il a été ainfi nommé par onomatopée de bou,bouy
en faifant allufion au fon qu’il rend : 8c d autres le
font plus probablement venir de buccinum3 qui eft le
nom d’une conque ou coquille de poiffon.
Le cornet eft regardé comme une forte de trompette,
de laquelle cependant il différé non feulement
par la figure qui eft droite dans la trompette , 8c recourbée
dans le cornet, mais encore par le fon, le
fon du cornet étant plus dur, plus fort, 8c plus facile
à être entendu de loin , que celui de la trompette.
Foyei T rompette. Le cornet 8c la conque
femblent avoir été le même inftrument, que l’on a
diftingué enfuite en ce que le nom de conque eft demeuré
aux plus petits cornets , 8c celui de cornet eft
refté à ceux de la plus grande efpece. Quelques-uns
croyent que la conque étoit moins recourbée que le
cornet, qui décrivoit un demi-cercle entier. Varron
afffire que la conque étoit aufli appellée cornet, parce
qu’on faifoit cet inftrument avec les cornes des
boeufs, comme cela fe pratique encore dans quelques
endroits. Servius aflûre qu’on les faifoit anciennement
de cornes de bélier ; 8c confequemment ces
inftrumens dont on fe fervoit anciennement chez les
Juifs à l’armée 8c dans le temple, fe trouvent nom-'
més dans l’Ecriture fopheroth haijobeliim, cornes de
béliers. Voye^ Cône, ( f )
BUCENTAURE , f. m. (Hiß. mod.) ç’eft le nom
d’un gros bâtiment qui reffemble affez à un galion ,
dont fe fert la feigneurie de Venife lorfque le doge
fait la cérémonie d’époufer la mer ; ce qu il fait tous
les ans le jour de l’Afcenfion. La feigneurie fort du
palais pour aller monter le bucentaure , qu on amene
pour ce fujet proche des colonnes de Saint-Marc.
Cette machine eft un fuperbe bâtiment, plus long
qu’une galere, 8c haut comme un vaiffeau, fans mâts
8c fans voiles. La chiourme eft fous un pont, fur lequel
eft élevée une voûte de menuiferie 8c fculptu-
re dorée par dedans, qui regne d’un bout à l’autre
du bucentaure, 8c qui eft foûtenue tout-autour par
un grand nombre de figures, dont un troifieme rang
qui foûtient 1^ même couverture dans le milieu, forme
une double galerie toute dorée 8c parquetée ,
avec des bancs de tous les côtes , fur lefquels font
aflis les fénateurs qui afliftent à cette cérémonie.
L’extrémité du côte de la poupe èft en demi-rond ,
avec un parquet élevé de demi-pie. Le doge eft aflis
dans le milieu ; le nonce 8c l’ambaffadeur de France
font à fa droite 8c à fa gauche , avec les nobles qui
forment le confeil. (Z )
BUCEPHALÔN, f. f. (Hiß. nat. bot.) genre de
plante dont la fleur eft fans pétales, compofée feulement
de deux étamines qui tiennent à l’embryon, &
qui reffemblent en quelque façon aux cornes d’un
taureau. L’embryon devient dans la fuite un fruit
charnu, ovoïde, 8c cannelé. Ce fruit renferme un
noy au qui fe caffe aifément, 8c dans lequel il y a une
amande. Plumier, nova plantar, amer. gen. Voye{
P l a n t e . ( / ) .
BUCH, (Géog.) petite ville de France en Guien-
ne. On nomme le territoire qui en dépend, le capi-
talat de Buch.
BUCHAN, (Géog.) province de l’Ecoffe fepten-
trionale, bornée au nord 8c à l’orient par la mer ; au
fud par le comté de Marr, 8c au couchant par celui
de Murray. Il s’y trouve beaucoup d’agates. On prétend
qu’il n’y a point de fouris ; 8c que fi on y en
tranfportoit d’ailleurs, elles ne pourraient y vivre.
BUCHAW, (Géog.) ville libre 8c impériale d’Allemagne
dans la Soiiabe, fur le Federzée , à neuf
lieues d’Ulm. Long. zy . zo . lat. 4 8 . 2.
Buchaw ( le) , Géog. petit pays d’Allemagne
dans le cercle du haut Rhin. Fulde en eft la capitale.
BuçHAVj
Bû ch a i , ( Géog. ) ville de Pologne dans le pâ-
latinat de Mcifelau , dans la Ruflie lithuanienne. Il
y a encore une petite ville de ce nom en Bohème ,
dans le cercle de Satz.
BUCHE, f. f. que l’on écrit aufli bufehe, 8c que
quelques-uns appellent bu^e ou Jlibot. ( Mar. ),La bûche
eft un petit bâtiment dont onfe fert à la mer pour
la pêche. Les Ahglois 8c les Hollandois fe fervent de
cette forte de bâtiment pour lapêche du hareng. La
forme de ce bâtiment fe connoîtra bien mieux par
l’infpeélion de la figure. Voye{ Planche XII. figure 2.
qui repréfente un t bûche ou jlibot, dont voici les proportions
les plus ordinaires.
Une bûche a ordinairement 52 piés de long de l’étrave
à l’étambord 513 piés 6 pouces de ban, 8c 8
piés de creux. L’étrave a 20 piés de haut, 12 piés de
quelle, 9 pouces d’épaiffeur en-dedans, 8c un pié 9
pouces de largeur par le haut 8c par le bas.
L’étambord a 22 piés de haut, 2 piés \ de quelle,
lin pié de large par le haut, 8c 3 piés 6 pouces par
le bas,
La plus baffe préceinte a 8 pouces de large, 8c la
fermure qui eft au-deffus, a 5 pouces 8c demi r la fécondé
préceinte a 7 pouces de large, 8c la fermure
en a 5 : la troifieme préceinte a 5 pouces 8c demi de
large, la fermure qui eft au-deffus en a 15 par fon milieu
, 8c 16 au bout ; la liffe eft large de 4 pouces ; les
lattes ont 2 pouces de largeur 8c 2 d’épaiffeut.
Les bûches ont deux fortes de petites couvertes ou
chambres, à l’avant 8c à l’arriere : celle de l’avant
fert de cuifine.
Le maître ou patron de ces bâtimens y commande.
Il a un aide ; le contre-maître vient après. Sous
lui font ceux qui virent à bord les aufîieres ou funes ;
ceux qui font employés à faifir les filets ; 8c les ca-
queurs qui égorgent les harengs, 8c qui les vuident
de leurs breuilles ou entrailles à mefure qu’on les pêche.
On nefe fertquedebifcuit, de poiffon fec ou fa-
lé , 8c de gruau, l’equipage fe contentant du poiffon
frais qu’il pêche. C’eft le patron qui donne l’ordre
pour jetter les rets 8c pour les retirer. Les matelots
i'e louent pour l’ordinaire pour tout le voyage en
gros. «
Bûche okBusche , ( Commerce de bois. ) morceau
de bois de chauffage, de grofléur 8c longueur
déterminée. Plufieurs de ces morceaux forment la
corde. Voye^ Bois.
* Bûche , (contrôleurs de la ) Police, petits officiers
établis fur les chantiers. Leur emploi eft de veiller
à ce que les bois de chauffage ayent les dimen-
fions 8c les qualités requifes par les ordonnances.
Voye%_ Bois.
Bû GHE , ( réparation à l a ) terme d’Eaux & Forets,
eft l’amende ordonnée par jugement des maîtres dés
eaux 8c forêts, pour avoir abattu ou enlevé des arbres
dans les forêts du foi- ( H )
Bûche, en Jardinage ; on appelle ainfi la tige des
orangers étêtés, que l’on amene en France de Provence
8cde Genes. (K )
BUCHEIRA ou BUCHIARA, ( Géog. ) c’eft ainfi
qu’on nomme un lac d’Egypte , a fept milles d’Alexandrie..
BUCHE N , ( Géog. ) petite ville d’Allemagne
dans l’Odenwalt , appartenante à l’éleélorat de
Mayence.
, BUCHER, f. m. en Architecture, eft un petit bâtiment
ou engard, pratiqué dans une bafle-cour ou
dans une maifon de campagne, où l’on ferre le bois :
dans les maifons particulières, c’eft un lieu obfcur
dans l’etage foûterrain ou au rez-de-chauffée. Les
bûchers, chez les princes, s’appellent fourrières, en
latin cella lignaria. ( P )
Bûchers , f. m. ( Hifi, anc. ) amas de bois fur
lefquels les anciens bruloient leurs morts ; ces amas
Tome I I.
etoient plus où moins grands 3 félon la qualité des
perfonnes. La loi des douze Tables défendoit d’y employer
dubois poli 8c menuifé; On les conftruifoic
principalement de larix, d’if, de pin, de frêne, 8c
d’autres arbres qui s’enflamment facilement. On y
ajoutoit aufli la-plante appellée papyrus. On les envi-
ronnoit de cyprès, dit Varron, pour corriger par fon
odeur celle du cadavre, qui aurait incommodé ceux
qui afliftoient à la cérémonie, 8c qui répondoient
aux lamentations de la Proefica, jufqu’à ce que le
corps étant confirmé 8c les cendres recueillies, elle
difoit ilicety retirez-vous;
Le bûcher étoit de forme quarrée, a trois ou quatre
étages, qui alloient toûjours en diminuant comme
une pyramide : on l’ornoit quelquefois de liâmes*
On verfoit fur le cadavre du vin, du lait, 8c dit miel.
On répandoit fur le bûcher des parfums, des liqueurs
odoriférantes, de l’encens, du cinnamome, des aromates,
& de l’huile. On donnoit au mort la potion
myrrliine. VoyeçMYRRHE.Cetteprofufion coûteufe
d’aromates, de liqueurs, de potions, fut défendue
par la loi des douze Tables : outre la dépenfe fuper-
flue, qu’il étoit de la bonne police d’arrêter, l’exha-
laifon dé tant d’odeurs étouffoit quelquefois ceux qui
approchoient trop près-du bûcher.
Après qu’on avoit oint le corps, On lui ouvroit les
yeux qu’on avoit fermés après le dernier foûpir. On
mettoit au mort une piece de monnoie dans la bouche
; cette coûtume a été fort générale en Grece : il
n’y avoit que les Hermoniens qui prétendoient paffer
la barque gratis. C’étoient les plus proches parens
du défunt qui mettoient le feu au bûcher : ils lui tournoient
Ie dós, pour s’ôter la vue d’un fi trifte fpec-
tacle.
Quand le bûcher étoit allumé, on pfioit les vents
de hâter l’incendie. Achille appelle, dans Hoinere ,
le vent du feptentrion 8c le zéphyr fur le bûcher de
Patrocle, & cette coûtume paffa des Grecs chez les
Romains. Quand le bûcher étoit bien allumé, on y
jettoit des habits , des étoffes précieufes , 8c les parfums
les plus rares. On y jettoit aufli les dépouilles
des ennemis. Aux funérailles de Jules Céfar les vétérans
y précipitèrent leurs armes. On immoloit de
plus des boeufs, des taureaux, des moutons, qu’on
mettoit aufli fur le bûcher. Quelques-uns fe coupoient
Ou s’arrachôient des cheveux qu’ils y femoient.
Il y a des exemples de perfonnes qui fe font tuées
fur le bûcher de celles qu’elles aimoient. Aux funérailles
d’Agrippine, Mneftor, un de fes affranchis,
fe tua de douleur. Plufieurs foldats en firent autant
devant le bûcher de l’empereur Othon. Pline dit qu’un
nommé Philotimus, à qui fon maître avoit légué fes
biens, fe jetta fur fon bûcher. Plufieurs femmes ont
eu ce courage. Cette coûtume fubfifte encore, comme
on fait, chez les Banianes. Achille tua douze jeunes
Troyens fur le bûcher de Patrocle.
Lorfque le cadavre étoit réduit en cendres, 8c qu’it
n’en reftoit que les offemens parmi les cendres, on
achevoit d’éteindre le bûcher avec du vin : on recueil-
loit les relies, 8c on les enfermoit dans une urne d’or.
La loi des douze Tables défendit les libations de vin.
Mais tout ce qui précédé, ne concerne que les
grands 8c les riches. On brûloit les pauvres dans de
grands lieux enfermés, appelles ujlrina. Voye^Us-
t r i n u m .
C’étoit la mere, les foeurs ou les parentes du défunt
qui ramaffoient les cendres 8c les os : elles étoient
vêtues de noir : elles les mettoient fous leurs habits.
Les fils rccueilloient les relies de leurs peres ; au défaut
d’enfans, ce devoir étoit rendu par les autres
parens ou par les héritiers. Les confuls ou les premiers
officiers des empereurs ramaffoient leurs offemens.
Au décès d’Augufte, les premiers de l’ordre
équeftre, les ramafferent nuds piés. On enveloppoif
Mmm