BELVEDERE, f. m. (.Architecture.) mot italien
qui fignifie belle vue; c’eft ordinairement un petit bâtiment
fitué à l’extrémité d’un jardin ou d’un parc pour
y prendre te frais, s’y mettre à l’abri de l’ardeur du fo-
leil ou des injures du tems.Les belvederesne font com-
pofés, pour la plûpart, que d’un falon percé à jour ,
ainfi qu’il s’en voit dans plufieurs de nos maifons
royales ; ou bien d’une feule piece à pans , elliptique
ou circulaire, fermée de portes & croifées, comme
ell celui de Sceaux, nommé le pavillon de Vaurore;
ou enfin ils font compofés de plufieurs pièces, favoir
de veftibules, falons, cabinets, chambres à coucher,
earde-robbes, tels qu’on l’a pratiqué à la ménagerie
de Sceaux, nommée ainfi parce que ce bâtiment eft
fitué au milieu du jardin potager, dans lequel font
diftribuées les baffe-cours de la ménagerie.
Lorfqu’un bel afpeâ:, une campagne..fertile, des
prés, des vallons, étalent avec éclat les dons de la nature,
& que ces points de vu e , qui font les délices
de la campagne, fe trouvent éloignés du château
d’une diftance affez confidérable, alors on diftribue
plufieurs appartemens dans ces belvederes, pour s’y
raffembler par choix & fans tumulte : mais dans ce
cas,on nomme ces bâtimens trianons. V . T rianon.
La décoration extérieure d’un belvedere doit être
tenue fimple & ruftique ; & leur intérieur, au lieu de
lambris, doit être revêtu de marbre ou de pierre de
liais , à moins que ces pavillons par leur proximité
ne foient affez près du château pour être fouvent
vifités dans les différentes faifons par les maîtres ou
par les étrangers. (P)
On appelle auffi très-fouvent belvedere , en jardinage,
un fimple berceau élevé fur quelque montagne
ou terraffe ; ce peut être aulïi une éminence ou
plate-forme élevée & foûtenue par des talus de galon
, pour jouir de la belle vue dont le belvedere a pris
fon nom. On voit un fort beau belvedere en forme de
palais, dans les jardins de Bagnolet, & dans ceux de
Meudon, de S. Cloud, & de Marly : on en trouve
tout de gafon. (K)
B e l v e d e r e , f. f . {Hifi. nat. bot.) p lan te q u i d o it
'être ra p p o r té e a u g en re nom mé patte d'oye. Voyei
P a t t e d ’O y e . ( / )
La belvedere, linaria, ('Jardinage.) eft une plante
que les Latins appellent linaria, qui jette plufieurs tiges
à la hauteur de deux pies, garnies de feuilles fem-
blables à celles du lin. Ses fleurs font jaunes, fermées
en-devant par deux levres en forme de mâchoires.
Il s’élève du calice un piftil qui fe change en un fruit
à deux baies remplies de femençes.
Cette plante fe multiplie par la graine que l’on fe-
me en pleine terre pour la replanter. On la trouve
dans les lieux incultes , & on la met fur une plate-
bande ou dans des pots : elle aime affez l’ombre, &
Forme un buiffon. ( if)
* B e l v e d e r e , {Géog.) ville de Grece, capitale
de la province du même nom , dans la Morée. La
province eft fituée fur la côte occidentale de la mer.
* B ELUS, (.Myth.) c’étoit la grande divinité des
Babyloniens. S’il eft vrai que la tour de Babel lui ait
fervi de temple, le paganifme n’a point eu d’autels
plus anciens que ceux de Belus.Les rois de Babylone
y amafferent fucceflivement des threfors inynenfes,
que Xercès pilla au retour de fon expédition de Grece.
Ce fut alors que le temple fut démoli : il en refte
une belle defeription dans le premier livre d’Herodo-
te. Les prêtres de Belus a voient perfuadé aux habi-
tans de Babylone, que le dieu honoroit de fa préfen-
Ce toute vierge Babylonienne , qui fe rendoit dans
un lit magnifique qu’on avoit dreffé dans le lieu du
temple le plus élevé ; & toutes les nuits Belus avoit
une compagne nouvelle. Ce Belus, qui accueilloit
fi bien les filles de Babylone, étoit le foleil pendant
le jour, ou la nature elle - même qu’çn adoroit
fous fon nom. Dans la fuite, le premier roi des Af-
fyriens , qui porta le nom de Belus , ayant été mis
au rang des dieux , on confondit ce Belus avec là
grande divinité des Affyriens. Il y eut beaucoup d’au:-
tres princes de ce nom ; & Cicéron appelle du nom
de Belus, le cinquième de fes Hercules.
* BELUTES ( l e s ) f. m. plur. {Géog.) peuple de
voleurs & de vagabonds, qui vivent fous des tentes,
& fe tiennent aux environ de Candahar, entre lés
frontières de Perfe & l’empire du Mogol. ,
* BELUTTA TSJAMPACAM , {Hifi. nat. bot.)
c’eft le nom d’un grand arbre qui croît au Malabar.
Voye^ dans le dictionnaire de Médecine fes propriétés
merveilleufes contre les ferpens , les humeurs
pituiteufes du cerveau , la difficulté de tranfpirer, la
toux, la conftipation, les douleurs des membres, &c.
* BELZELINGEN , {Géog.) ville de Suiffe dans
le canton d’Uri.
* BELZIC, {Géog.) petiteville de Pologne,dans
le palatinat de Lublin.
* BELZIEH, {Géog.) ville de l’éleâorat de Saxe.
* BEME , f. m. {Hifi. mod.) autel des Manichéens
ou jour de fête qu’ils célebroient en mémoire de la
mort de Manès leur fondateur, Berne en général fignifie
auffi fanctuaire. De tous les laïcs, il n’y avoit
chez les Grecs que l’empereur qui pût entrer dans le
berne.
* BEMILUCIUS, {Mythol.) furnom d’un Jupiter
jeune & fans barbe, qui avoit fes autels dans la province
que nous nommons la Bourgogne, aux environs
de l’endroit où eft maintenant l ’abbaye de Flavigny.
BÉMOL, en Mufique, voyeç B. MOL. {S)
* BEN, fubft. m. {Hifi. nat. bot.) petite noix de la
groffeur d’une aveline , de figure tantôt oblongue *
tantôt arrondie, triangulaire, couverte d’une coque
blanchâtre, médiocrement épaiffe, fragile , contenant
une amende affez groffe, couverte d’une pellicule
fongueufe, blanche , de la confiftance d’une ave-
liq,e. On eftime celle qui eft récente , pleine, blanche,
& fe fépare aifément de fa coque : on l’apporte
d’Egypte.
C’eft le fruit d’un arbre appellé glans unguentaria,
qui a deux fortes de.feuilles, l’une fimple, & l’autre
branchue. La branchue prife depuis l’endroit où elle
tient à la tige, eft compofée d’une côte molle, pliante
, cylindrique , grêle, femblable au petit jonc ou
à un rameau de genêt, mais une fois plus menue ; de
cette côte fortent des queues ou petites côtes d’un
palme & plus de longueur, fort écartées les unes de9
autres, mais toujours rangées deux à deux , garnies
chacune de quatre ou de cinq.conjugaifons de feuil-
; des, qui fe terminent auffi en une pointe fort menue.
Le toutenfemble forme la feuille branchue : mais ces
rameaux de feuilles en portent d’autres petites à leurs
noeuds, toujours pofées deux à deux, de figure & de
grandeur différentes ; car les premières font à pointes
mouffes, comme les feuilles du tournefol ; celles qui
font au milieu font plus pointues & femblabiés à celles
du myrte ; & celles qui font à l’extrémité font
plus petites & plus étroites, & approchent de celles
de la renouée. Elles tombent toutes en hyver ; d’abord
les petites feuilles., puis toute la feuille branchue
; c’eft pourquoi Aldinus l’appelle feuille. Si c’étoit
une branche, dit cet auteur, elle ne tomberoit
pas. La racine de cette plante eft épaiffe, femblable
en quelque façon à celle du navet, noire en dedans,
& peu branchue. Le fruit, félon Bauhin, eft une goul-
fe longue d’une palme, compofée de deux coffes, cylindrique
, grêle, partagée intérieurement en deux
loges, renflée depuis fon pédicule jufqu’à fon milieu,
contenant une noifette dans chaque loge. Cette goufi*
fe eft pointue ou en forme de ftylet,recourbée en bec à
| • fon extrémité, rouffâtre en-dedans, brune ou cendrée
en-dehors,
en-dehors, cannelée & ridée dans toute fa longueur,
coriace, flexible, de la nature des écorces, infipide ,
un peu aftringente & fans fuc. Chaque loge contient
une noifette de médiocre groffeur, triangulaire, laquelle
renferme fous une coque & fous une pellicule
blanche & fongueufe une amande triangulaire, graf-
fe , blanchâtre, un peu acre , amere, huileufe, & qui
provoque le vomiffement.
On trouve par l’analyfe , que la noix de ben contient
beaucoup d’huile épaiffe, une certaine huile ef-
fentielle, acre, & brûlante, enpetite quantité à la vérité
, mais unie à un fel ammoniacal : c’eft cette huile
fubtile & acre qui purge & fait vomir.
La noix de ben eft contraire à l’eftomac , trouble
les vifeeres, purge avec peine & lentement , & a
quelque caufticité. Les parfumeurs vantent fon huile,
parce qu’elle fe rancit difficilement, & qu’étant fans
odeur-,-elle ne gâte point celle des fleurs.
Voici comment on tiré les odeurs des fleurs par le
moyen de cette huile : on prend un vaiffeau de verre
ou de terre, large en-haut, étroit par bas ; on y met
de petits tamis de crin par étage ; on arrange fur ces
tamis des fleurs par lits, avec du coton cardé bien
menu & imbibé d’huile de ben: on laiffe le tout dans
cet état pendant quatre heures, puis on jette les fleurs.
On en remet d’autres avec le même coton, & l’on
réitéré jufqu’à ceque l’huile foit fuflifamment imprégnée
de l’odeur des fleurs : on finit par exprimer l’huile
du coton.
Il y a une autre efpece de noix de ben, appellée
mouringou ; elle croît fur un arbre haut d’environ 15
piés, & gros d’environ 5 piés. Voye^ fa defeription
à l'article MOURINGOU.
* BENA ou BECCABENA, royaume de Nigritie.
* BEN A ou BENE, {Géog.) petite ville du Piémont,
avec titre de comté. L. 23 .30 . lat. 4 4 .2g.
* BENACHUS, {Géog. anc. & mod.) un des plus
grands lacs de l’Italie , dans l’état de Venife. Nous
l’appelions aujourd’hui lac de Garde.
* BENADKI, {Géog.) petite ville de Boheme.
* BEN ARES, {Géog.) ville de l’Indoftan, fur le
Gange ; c’eft où les bramines tiennent leurs écoles.
B EN ARI, oifeau. Voye^ O r t o l a n . (/)
BENATAGE, f.- m. c’eft ainfi qu’on nomme dans
les Salines , la fon&ion des bénatiers.s Voye[ Béna-
t i e r s 6* B e n a t e .
BENATE, f. f. {terme de Saline.) c’eft une efpece
de caiffe d’ofier capable de contenir douze pains de
fel. On donne auffi le nom de benate à la quantité de
lèl qui entre dans la benate. Voye[ B e n a t i e r s .
BENATH, f. f. ( Medecine. ) nom que les Arabes
donnent à de petites pullules qui s’élèvent fur le
corps pendant ia nuit après la fueur. {N )
BENATIERS, f. m. pl. ouvriers occupés dans les
falines de Moyen vie, au nombre de dix-huit, à affem-
bler des bâtons de bois avec des ofiers & de la ficelle,
& à en former des efpeces de paniers capables de
contenir douze pains de fel, ce qu’on appelle une benate.
Voye{ B e n a t e .
* BENAVARRI, ( Géog. ) ville d’Efpagne , au
royaume d’Arragon. Long. 18. 10. lat. 41.33. "
* BENAVENTE, ( Géog.) ville d’Efpagne, au
royaume de Léon, dans la tierra de Campos, avec
titre de duché, fur la riviere d’Ezla. Long. 12. 3 o.
lat. 42. 4.
* BEN AUGE, {Géog.) petite contrée de la Guien-
ne , province de France, le long de la Garonne, au
midi de Bordeaux, en allant vers l’orient.
BENDA, (Géog.) ville de la Macédoine, appartenante
aux Turcs.
* B E N D A R M A R S S E N ou BENJ ARM ASEN,
{Geog.) ville d Afie , capitale du royaume de même
nom, dans 1 île de Bornéo, fur la riviere de Benjar-
maffe. Longit. 131, 20. lat, mérid. 2. 40.
Tome II,
* BENDER ou TEK IN, {Géog.) ville de la Turquie
Européenne, dans la Beflarabie, fur leNiefter.
* BENDERICK, (Géog.) ville & port fur le golfe
Perfique.
* BENDIDIES, adj. pris fubft. ( Mythol. ) fêtes
qui fe célébroient à Athènes, dans le Pyrée, en l’honneur
de Diane Bendis ; elles y furent apportées par
des marchands qui fréquentoient les côtes de la
Thrace. Voyeç B e n d i s .
* BENDIMIR, (Géog.) fleuve de Perfe qui tombe
dans le golfe de Bengale.
* BENDIS, ( Mythol. ) nom que les peuples de
Thrace donnoient à Diane. Les uns prétendent qu’ils
entendoient par ce mot la terre ; d’autres, la lune. Les
fêtes qu’on célebroit en fon honneur différoient peu
des bacchanales ; elles précédoient de quelques jours
les panathénées, & elles fe faifoient dans le Pyrée.
BENEDICTINS , f. m. pl. {Hiß. ecléf.) moine?
ainfi nommés de S. Benoît, Benedictus, dont ils fui-
vent la regle.
C ’eft aux Bénédictins proprement que convient le
nom de moines ,monachi; & les plus éclairés d’entre
eux, tels que les PP. Mabillon, Martenne, Ruinard ,
&c. s’en font fait honneur à la tête de leurs ouvrages
; celui de religieux convenant plus particulièrement
aux autres ordres & congrégations. Voyeç
M o in e s & R e l i g i e u x .
Dans le droit canon, les Bénédictins font appellés
moines noirs, à caufe de la couleur de leur habit, par
oppofition à celle des ordres blancs. Ils n’étoient connus
autrefois en Angleterre que fous ce nom. Cet
habit eft compofé d’une robbe & d’un fcapulaire
noirs, avec-un petit capuee de même couleur, qu’ils
portent dans l’intérieur de leur maifon & en voyage.
Au choeur & Iorfqu’ils vont en v ille, ils mettent par-
deffus une ample chappe de ferge noire à grandes
manches, avec un capuchon qui fe termine en pointe.
L’ordre de Saint-Benoît a été floriffant dès fa naif-
fance. II fubfifte depuis plus de treize cens ans avec
un éclat qui a été rarement obfcurci ; également dif-
tingué par les fcienCfes & par la piété, il a été l’afyle
des lettres dans les fiecles où il fembloit qu’elles n’en
dûffent avoir aucun, & a donné à l’Eglife un très-
grand nombre de faints, de fouverains pontifes, de
cardinaux, patriarches,archevêques,évêques, &c.
Les réformes qu’y ont introduit en divers tems
plufieurs perfonnages éminens en fainteté, l’ont partagé
en plufieurs branches ou congrégations. Saint
Odon, abbé de Cluny, commença la réforme de cet
ordre vers l’an 940, & de-là eft venu l’ordre ou la
congrégation de Cluny. Celle de Sainte Juftine de
Padoue & du Mont-Caffin, s’eft établie en Italie en
1408 , & s’eft renouvellée en 1504. Celle de Saint
Maur en France a commencé en i 6 z i , & s’eft depuis
foûtenue avec beaucoup de gloire : elle a produit
ces hommes dont les noms ne périront jamais
dans la république des lettres , qui nous ont donné
d’excellentes éditions de prefque tous les P P. de
l’Eglife, & beaucoup d’autres qui fe diftinguent
encore par leur vertu & leurs lumières. La réforme
de Saint-Vanne & de Saint Hydulphe, établie
en Lorraine en 1600 , s’eft auffi rendue célébré par
les favans ouvrages qui en font fortis ; tels que ceux
de dom Calmet & de dom Remi Ceillier.
L’ordre de Saint-Benoît a été la tige de plufieurs.
autres, dont les plus confidérables font ceux de Ca-
maldoli, de Valombreufe , des Chartreux , de Cî-
teaux, de Grammont, des Céleftins, &c. qui ont
rendu de grands fervices à la religion, ou par leur
dodrine, ou par l’édification de leur v ie , & qui fui-
vent tous pour le fond la regle de S. Benoît. Voyez
C a m a l d u l e s , C h a r t r e u x , C î t e a u x , &c.
Il y a auffi des reügieufes appellées Bénédictines ,
dont on attribue l’inftitution à fainite Scholaftique ,
C c