par des billets cachetés. On porta à l’empereur Confiance
quelques-uns de ces billets, quioccafionnerent
des perquisitions très-rigoureufes, & l’emprifonne-
ment de beaucoup de monde. On y confultoit apparemment
l’oracle fur la durée de l’empire , ou furie
fiiccès de quelque confpiration contre l’empereur.
BEZANT ou BIZANT, f. m. (Hift. & Comm. )
une forte de monnoie frappée à Byfance dans le tems
des empereurs Chrétiens. Voyc^ Monn.o yag e & Monnoie.
Le bêlant eft d’un or pur & fin à vingt-quatre ka-
rats ; mais on n ’eft pont d’accord fur. fa valeur : delà
vient que l’or-offert à l ’autel par le roi d’Angleterre
les jours de fêtes, s’appelle encore bêlant ou
binant.,
Du Peyrat dit que les bêlants n’ont été reçus en
France que fous la troifieme ra'ce de nos rois', depuis
Louis le jeune qui apporta des bêlants d’or pris fur
les Arabes & autres infidèles qu’il avoit vaincus ; de
forte que les rois commencèrent à s’en fervir au jour
de leurfacre & couronnement, où l’on en prélèntoit
treize à l’offrande. Henri II. en fit forger exprès pour
cette cérémonie, valant environ un double ducat la
piece. Un double ducat étoit alors ce que nous appelions
un louis. Il eft encore fait mention dans qo-
tre hiftoire de huit cents mille bêlants d’or payés aux
Sarrafins pour la rançon de S. Louis & des feigneurs
faits prifonniers avec lui. M. l’abbé Goujet, dans
fon fupplément de Moréri , prouve par des chartes &
d’autres monumens de notre hiftoire , que fous Philippe
le hardi, en iz 8 z , le bêlant fut évalué à huit
fous tournois, & fous Philippe le b e l , en 1 197 > à
neuf fous. ( G ) Bezant , f. m. on appelle ainfi dans le Blafon une
piece d’or ou d’argent fans marque: elle eft ronde &
plate bles fu; r& le luers paladins François en mirent de fembla- écu, pour faire cOnnoître qu’ils avoient
fait le voyage de la Terre-fainte. ( V )
BEZANTÉ , adj. terme de Blafon ; il fe dit d’une
piece chargée de bezants, comme une bordure be^an- tée dé huit pièces. Voye^ Bezant.
Rochefort en Angleterre, écartelé d’or;& de gueules
, à la bordure be^antè Ü B f l f iH
BEZESTAN , f. m. ( Commerce.) on nomme ainfi
à Andrinople , & dans quelques autres principales
villes des états du grand-feigneur , les lieux où les
marchands ont leurs boutiques, & étalent leurs mar-
chandifes. Chaque forte de marchand a le fien ; ce
qui s’entend auffi des ouvriers qui travaillent tous
dans le même endroit. Ce font ordinairement de
grandes galeries voûtées ,dont les portes fe ferment
tous les foirs. Quelquefois les concierges ou gardiens
de ces bezeflans , répondent des marchandifes
pour un droit affez modique qu’on leur paye pour
chaque boutique.
Les bezejlans d’Andrinople font très - beaux, fur-
tout celui où fe vendent les étoffes , & un autre où
font les boutiques des cordonniers.
A Conftantinople on donne le même nom, ou celui
de beçejlin, à des efpeces de halles couvertes, où
fe vendent les plus riches & les plus précieufes marchandifes.
Il y a deux be{eftins dans cette capitale de l ’empire
Ottoman ; le vieux & le nouveau : le vieux a été bâti
en 1461, fous le régné de Mahomet II. Il y a peu
de marchandifes fines : on y vend des armes , & des.
harnois de chevaux affez communs.
Le be{eftin neuf eft deftiné pour toutes fortes de
marchandifes ; on n’y voit guere cependant que les
marchandifes les plus belles & les plus riches , comme
de l’orfèvrerie , des fourrures, des veftes, des
tapis , & des étoffes d’or , d’argent, de foie , & de
poil de chevre.Les pierres précieufes ôc la porcelaine
Tl y manquent pas non plus.
Ce dernier, qu’on nomme auffi le grand be{eftin 1
eft bâti en rond, tout de pierre de taille : il y a quatre
portes, qui ne font ouvertes que pendant le jour ; on
y enferme.pendant la nuit des gardes pour la fureté
des boutiques. Chaque corps de métier a fa place-af-
fignée,hors de laquelle perfonne ne peut vendre ni
même expofer en vente les mêmes fortes de marchandifes.
C ’eft dans ce beçeftin que les marchands
François, Anglois, Hollandois, ont leurs boutiques
de draperies.
Les marchandifes font en grande fureté dans' ces
lieux, & le s portes eh font fermées de bonne heure.
Les marchands Turcs qui y ont des boutiques, vont
coucher chiez eux dans la ville : pour les marchands
Chrétiens-:ou Juifs , ils fe retirent au-delà de l’eau ,
& reviennent le lendemain matin. Foyer B a z a r ,
{G ) • - ; •
BEZET, au je u de Trictrac, eft la même chofe que'
deux as.
* BEZETTA, ( Comm. c’ëft ainfi qu’on nomme
du crépon ou du linon très-fin teint avec de la cochenille.
Les meilleurs viênnent tle Conftantinople
& font d’un rouge très-vif : ori le contrefait à Straf-
bourg. .Les dames s’en fervent quelquefois pour fe
farder , après l’avoir Un peu trempé dans l’eau : on
peut auffi l’employer pour colorer les liqueurs à l ’ef-
prit-de-vin. La laine de Portugal, qui n'ëft autre
chofe que du coton coloré avec de Ja-cochenille, fert
auffi aux mêmes ufages.
* BEZIERS , ( Geog.f'Vfile de France au bas L a n guedoc,
fur uneyeùine près de l’Orbe. Long, z o i
Sx. 63 . lat. 4$<xo. 41.
BEZOARD, f. m. (Hfl. nat.) pierre qui fe trouvé
darw lé corps de certains animaux. Les premières,
pierres connues fous le nom de bé^oard, furent apportées
de l’Orient. Il en vint enfuite d’autres de l’A-
mérique, auxquelles on donna le même nom : mais
comme elles n’étoient pas abfolument femblables
aux premières, on les nomma bé^oards occidentaux -
pour les diftinguer des bé^oards orientaux, Les uns
& les autres font polis à l’extérieur ; cependant il y
en a qui font inégaux & rudes. Les bénards font affez
tendres, & ils teignent en couleur jaune, verdâtre
ou olivâtre le papier froté de craie, de cérufe ou de
chaux, lorfqu’on les frote deffus : ils s’imbibent
d’eau & d’efprit-de-vin , & troublent ces liqueurs.
Leur fubftance eft pierreufe & compofée de couches
concentriques. Ils font de groffeur & de figure diffé--
rentes. Il y en a qui reffemblent à un rein ou à une
fève ; d’autres font ronds, oblongs, ou ovoïdes &c.
Les lames formées par les couches concentriques des
béçoards , font de couleur verdâtre ou olivâtre tachetée
de blanc dans leur épaiffeur. On les écrafe facilement
fous la dent ; elles font glutineufes , & teignent
légèrement la falive. Toutes les lames n’ont
pas la même couleur , ni la même épaiffeur. Lorfqu’on
caffe un bénard, ou lorfqu’on lui donne un
certain degré de chaleur, il fe trouve des lames qui
s’écartent & fe féparent les unes des autres. Il y a au
centre de la plupart des bé^oards, une maffe dure
graveleufe & affez unie : on y trouve des pailles *
du poil, des marcaffites, des caillous,des matières
graveleufes unies enfemble , & auffi dures que la
pierre ; du talc, du bois, des noyaux, prefque fem-
blables à ceux des cerifes, des noyaux de myrobo-
lans, &c. des fèves revêtues d’une forte de membrane
formée par la matière du bè^oard, fous laquelle
l’écorce de la fève fe'trouve féchée après avoir été
gonflée. Quelques béçoards fonnent comme des pierres
d’aigle ,^parce que la première enveloppe de la
fève ayant été defféchée , le noyau devient mobile.
Les fruits qui fervent .de noyau fe pourriffent
quelquefois, & fe réduifent en pouffiere. II y a des
auteurs qui ont vanté, je ne fai pourquoi, l’efficacité
de cette pouffiere. On a crû que les noyaux de matière
étrangère dévoient indiquer que les béqoards
avoient été apprêtés , & qu’ils étoient faôices.: maïs
cette opinion n’eft pas fondée. Il ferait auffi aifé de
faire un noyau de matière femblable à celle du refte
du bé^oard , que d’employer, pour noyau des corps
étrangers , qui pourroient décéler l’art : il eft même
très-naturel que des noyaux de fruits ou d’autres
corps qui fe trouvent dans .l’éftomac des animaux
qui produifent les bc^oards, y occafionnent leur formation.
On prétend que pourreconnoître les bé^oàrds
fa&ices , il faut les éprouver avec une aiguille rou-
gie au feu ; fi elle entre facilement dans la fubftance
du béçoard, c’eft une marque qu’il eft faux : au contraire
fi elle brunit feulement l’endroit où elle eft appliquée
fans pénétrer,c’eft une preuve que le bé^oard
eft bon. On croit que les bons font de médiocre groffeur
, de couleur brune , qu’ils jauniffent la chaux
v iv e , qu’ils verdiffent la craie, qu’ils nefe diffolvent
point dans l’eau, qu’ils font compofés de lames fines
& difpofées par couches , &c. mais toutes ces marques
font fort équivoques ; il eft très-poffiblede donner
les-mêmes qualités à deshé^oards falfifiés avec
du plâtre ou d’autres matières femblables : cependant
on peut diftinguer lesbéçoards naturels des factices.
Les premiers font très-reconnoiffables pôur les
gens qui en ont vû beaucoup ; leur couleur n’eft ni
trop pâle , ni trop foncée: ils ont le grain fin , leur
furface eft polie, & leur tiffu ferré'; de forte que les
lames dont ils font compofés, ne fe féparent pas trop
aifément les unes des autres. On juge par le poids du
béçoard , s’il a pour noyau un caillou ou une matière
légère, telle que du poil ou des fubftances végétales *
Le bé^oard occidental eft d’une couleur pâle, & quelquefois
gris-blanc : ils’eri trouve dont les lames font
épaiffes & ftriées dans leur épaiffeur. ,
On ne fait pas précifément quels font les animaux
qui portent les bé^oards d’Orient & d’Occident. Il pa-
roît-'qUe ceux qui viennent d’Egypte, de Perfe , des
Indes & de la Chine, font produits par une efpece
de bouc ) que les Perfans nomment pdqan ; ou par
line chevre fauvage plus grande que la nôtre, que
Clufius nomme capricerva, parce qu’elle a autant d’agilité
que le cerf. Le bé^oard d’Amérique vient auffi
d’une chevre.
Comme on a donné le nom de bèqoard à plufieurs
chofes très-différentes les unes des autres, on pour-
roit en faire plufieurs claffes. La première compren-
droit les bé^oards d’Orient & d’Occident. On met-
troit dans la fécondé toutes les pierres qui font tirées
des animaux, & qui approchent des bé^oards par leur
ftru&ure & leur vertu : telsfontles béçoards de finge,
de cayman, &c,. les yeux d’écreviffes, & toutes les
différentes fortes de perles. La troifieme claffe com-
prendroit les matières qui font figurées comme le bé-
[oard, fans en avoir les vertus : telles font la pierre tirée
de la veffie de l’homme, celles des reins, de la
véficule du fiel, & celles qui fe trouvent dans la vé-
ficule du fiel des boeufs & des autres animaux. Les
égagropiles feroient dans la quatrième claffe. Voye^
E g a g r o p i l e s , Et dans la cinquième , les bè^oards
foffiles: FoyeçBÉzOARD FOSSILE. Mérn. de VAcad.
royale des Sciences , ann. iy io . page x$S. par M.
„Geoflroy le jeune. ( 1 )
B é z o a r d m i n é r a l , pierre de couleur blanche
ou cendrée, de figure irrégulière, & le plus fouvent
arrondie : elle eft compofée de différentes couches
friables, placées fucceffivement les unes fur les autres.
Il y a quelquefois au centre de la pierre un petit
noyau piérreux, un grain de fable, une petite coquille
, ou un morceau de charbon de terre. Ces pierres
font de la groffeur d’une aveline , d’une noix, ou
meme d un oeuf d’oie. On en trouve en plufieurs endroits:
en France, auprès de Montpellier.; en Sicile,
autour du môntMadon ; eh Italie, dans le territoire
de Tivoji ; en Amérique, dans la nouvelle Efpagné,
dans le fleuve de Detzhuatland ; d’où on en tire de
fort groffes ; & en bien d’autres endroits : car le bézoard
foffile ne doit pas être plus rare que la pierre
Ammite. ( / )
B e z o a r d m i n é r a l , ( Chimie. ) c’eft un rémedé
connu dans la Pharmacie : il fe fait avec le beurré
d’antimoine dont on prend trois onces, furlefquel-
les on verfe bien doucement égale quantité d’efprit
de nitre, qu’on en retire parla diftillation au feu dé
fable ; on reverfe enfuite cet efprit de nitre deffus le
réfidu avec une once de plus ; on réitéré ces di'ftil-
lations & cohobations trois ou quatre fois ; cela fait,
on réduit en poudre le réfidu, & on le calcine dans
un creufet ; on le lave enfuite dans plufieurs eaux *
ou on brûle de l’efprit-de-vin par-deffus. Cette préparation
de l’antimoine eft un très-grand fudorifique,
qui a même plus d’efficacité que l’antimoine diaphon
iq u e . Voye^ Varticle ANT IM OINE. (—)
B e z o a r d m a r t i a l , ( Chim.) fe fait en mettant
dans le creufet une partie de limaille de fer , avee
deux parties d’antimoine ; on y ajoûte un peu de nitre
, qu on allume pour faciliter la. fonte, qui doit être
liquide : on a foin de remuer doucement avec une baguette
de fer qui puiffe aller jufqu’au fond du creu-
let ; par ce moyen le régule qui eft en fufion ronge
la baguette, & tourne en feories avec elle. Pour faciliter
l’opération, il eft bon d’y jetter de tems en
tems du nitre. Après avoir tenu le mélange en fufion
pendant une demi-heure, il faudra retirer la baguette
de fer. Si on voit qu’il n’en part plus d’étincelles
, & qu’elle ne diminue plus par le bout, on y
jettera encore un peu de nitre ; & la matière étant
devenue tres-liquide , -ilfaudra la verfer, la réduire
en poudre après qu’êUe rera}ïfi.o;d;e : on prend une
cuilleree de cetterpoudre, qu’ori^jeue dans deux
ÏOis la quantité de nitre mife en fonte dans'un. autre •
qreufet; on vuide de nouveau la matière, on IaTa've
dans de l’eau chaude, on l ’édulcore & la feche. On
dit que ce icymdmarâàle& un excellentremede pouf
la jauniffe ,des hypochondres,, &c. (—■ )
B e z o a r d s o l a i r e o itd ’ o r , (Chimie.) fe fait en
verfaiit une folution.d’or faite dans l’eau régale, ou
la folUtion d’une chaux d’or dans l’efprit de Ici'fur
huit fois, ou fuiyant Zwelfer, fur quatre fois autant
de beurre d’antimoine ; on les laiffe endigeiiion pendant
quelque tems ; on .fixe-alors la matière avec de
l’efprit de nitre, & on tire le diliolvant par la diftib
latiqn : ce n’eft autre chofe que le bezoardminitaluni
à une chaux d’or.
B e z o a r d l u n a i r e , ( Chimie.) fe fait ainfi : pour
chaque once de beurre d’antimoine , on diffoutune
dragme d’argent dans l’efprit de nitre, & on s’en fert
pour précipiter la poudre ; ce qui donne un bezoard
minéral mêlé avec la lune cornée. (—)
B e z o a r d j o v i a l ou d e t a i n . ^ Chimie.) Voici
le procédé de Stahl. On fait fondre enfemble parties
égales de régule d’antimoine & d’étain bien pur , on
broyé enfuite &pulvérife le mélange, qu’on fait fiil-
miner par parties avec trois fois autant de nitre à
grand feu pendant une demi-heure ; pendant ce tems
on a foin de remuer avec un bâton ; cela étant fait,
on vuide le creufet, on laiffe refroidir la matière ,
on la fait diffoudre dans l’eau, ou à l’air par ddi-
quium ; l’on aura par-là une poudre grife qui eft le be~
içoardd'étain. Voye^l’articleA n t i -H E C T IQ U E . ( — )
BÉZOLE, f. f. beqola, (Hifl. nat. Ichthyol. ) poiffon
qui fe trouve dans le lac de'Laufane ; il eft affez ref-
femblant au Iavaret, wj^ L a v a r e t : cependant fa
couleur eft moins blanche, & un peu teinte de bleu •
la tête eft plus petite , le mufeau plus pointu, le ventre
plus large & plus faillant ; la çhair eft plus molle