Ces-di-vifions & fous-divifions une fois établies ,
Forment ce qu’on nomme fiyJÜme bibliographique, Sc
s’appliquent à l ’arrangement des liv re s , foit dans une
bibliothèque, foit dans Uncatalogue. Un des avantages
que l’on retire de ces divilions & fous-divifions
bien établies, eft de trouver avec facilité les livres
que l ’on cherche dans une bibliothèque Sc dans un
catalogue ; elles procurent aufli à l’homme de léttres
le moyen de connoître allez promptement ce qu’on
a écrit de meilleur fur-les matières qu’il é tud ie , ou
qu’il fie propofe d’étudier.
D e lavans bibliographes & des libraires habiles
ont do uné différens fyftèmes de catalogues : mais il
feroit inutile & trop long de les rapporter ici ; nous
nous contenterons d’indiquer les principaux que l’on
.pourra confultcr. On a obligation à Lambecius du catalogue
des manufcrits de la bibliothèque de l’empe-1
reur ; Mettaire a fait celui de la bibliothèque Har-
icienne; Profper Marchand a fu iv i des routes qui lui
étoient particulières, Sc en a donné les raifons dans
la préface de fon catalogue deFaultrier. Celui de tous
qui s’eft fait jufqu’à-préfent le plus de réputation dans
ç c genre de littérature, Sc qui en effet a mis le plus
d’ordre-, d’intelligence, & de raifonnement dans les
divifions , Sc le plus d’inftru&ions fur les livres rares
dans fes no tes, eft M. Martin, libraire à Paris ;
aufîi Ion fyftème eft-il le plus généralement adopté.
Quoiqu’on le trouve dans tous les catalogues qu’il a
donnes au pub lic, nous croyons devoir le rapporer
ic i en faveur de ceux qui ne font point à portée de
fe les procurer.
Si le catalogue de la bibliothèque du Roi étoit achev
é , nous croirions n’avoir rien de plus agréable &
de plus in ftru â if â donner au public fur cette matière
, que le fyftème que Ton y a adopté. Les d iv ifions
générales font les mêmes que. celles de M ' Martin
: mais on y a porté les divifions à un degré de détails
qui ne fe trouve dans aucun autre ouvrage de
cette nature. On eft redevable de ce travail immenfe,
& qui fe continue, à M. l’abbé Sallier & à M. Melot.
I l ne falloit pas moins que lefa v o ir profond & le zele
infatigable de ces deux illuftres académiciens, pour
commencer & conduire à fa f in ,à la fatisfaftion des
connoiffeurs , une entreprife aufli difficile & aufli
pénible.
M. Martin divife toute la Littérature en cinq claf-
fes primitives, Sc chacune de ces claffes comme il fuit.
ta THEOLOGIE, la J U R I S P R U D E N C E ;
les SCIENCES & ARTS , les BELLES-
LETTRES , & P HISTOIRE.
L A TH ÉO LO G IE en
E c r i t u r e S a i n t e , C o n c i l e s , P e r e s d e
l ’E g l i s e G r e c s & L a t i n s , &
T h é o l o g i e n s .
L’Écriture Sainte comprend les textes & v e r -
fions de l’Écriture-fainte, leurs commentaires, explications
, paraphrafes, &c. les hiftoires de la b ib le ,
vies de J. C . Sc harmonies évangéliques extraites de
l’Écriture-fainte; les critiques facrées, & les liturgies.
Les Conciles font ou généraux ou particuliers.
Les Saints Peres fe diftinguent par Tordre des
fiecles dans lefquels ils ont vécu.
Les Théologiens fe divifent en fcholaftiques,
mo rau x, catéchétiques ou inftru&ifs; parénétiques
ou prédicateurs ; myftiques, polémiques, ou qui ont
écrit pour la dé fente de la religion chrétienne Sc catholique
, hétérodoxes.
L A J U R I S P R U D E N C E en ,
D r ô ï t C a n o n i q u e & D r o i t C i v i l .
L e Droit canonique renferme les canoniftes
anciens Sc modernes , le Dro it eccléfiaftique François
, le Dro it eccléfiaftique étranger, le D ro it ec-
cléfiaftiqpe des moines & des réguliers.
Le Droit Cîvil reiiferme le Droit naturel, pu*
b l i e , Sc des gens ; le Dro it romain , le Dro it fran-
ç o is , le Dro it étranger.
L E S S C I E N C E S & A R T S en
P HI LOS O PH IE^MeDECINEjM a THEMATIQUES±
& A rts tant Li b e r a u x que M éc h a n i q u e s.
L a Philosophie comprend les philofophes anciens
Sc modernes a v e c leurs interprètes & fefra-
teurs, les traités de la Philofophie univ erfelle, L o gique
, & D ia le â iq u e , Mo ra le, (Economie, Politique
, Métaphyfique, Phyfique, Hiftoire naturelle.
L a Medëcine comprend les Médecins anciens
& modernes, les traités particuliers de Medecine ,
l ’Anatomie, la -Chirurgie, la Pharmacie, & la C h imie
, la Philofophie ou Medecine hermétique, para-
Celfique, ou Alchimie.
Les Ma t h é m a t iq u e s fe divifent en traités généraux
de Mathématiques, Arithmétique , Sc Algèbre
, Géométrie, A ftronomie, Gnomonique ou feien-
Ce dès càdrans folaires , Hydrographie o u fcience
de la N av iga tion, O ptique , Mufique, Méchaniquè,
A ftrô lo g ie, &c.
Les Arts fe divifent en art de la Mémoire ; art
de l’Écriture ; l ’art de l’Imprimerie, Tart du Deffein*
de la Peinture , de la G ra v ü r e , & de la Sculpture ;
TArchiteCture ; Tart militaire ; la Pyrotechnie ou Tart
du F eu , de la fufion des métaux ’4 e s Feux d’artifice
, de la Verrerie ; les divers méchaniques ;
la Gymnaftique qui comprend Tart de manier & de
traiter les chevaux ; TEfcrime, la D a n fe , les exercices
du corps.
Les B E L L E S - L E T T E R S en
Gr a m m a i r e , R h é t o r i q u e i Poét ique }
Phil ologie, Po l ÿ g r a p h e s.
La Grammaire comprend les traités généraux
de la Grammaire, Inftitutions, Grammaires, & D ic tionnaires
de diverfes langues.
La Rhétorique renferme les traités de Tart
Oratoire , & les Orateurs anciens & modernes.
La Poétique comprend les traités de Tart de
verfifier , les Poètes anciens Sc modernes, la M y thologie
, les poéfies profaïques ou fa cé tie s , plai-
fanteries , con tes, nouv e lle s , romans, &c.
La Philologie renferme la Critique,, qui côn-
fifte en critiques anciens & modernes, fa ty re s , apologies
, & differtations critiques, allégoriques, enjo
u ée s, &c. les gnomiquesou fentences, apophtegm
e s , ad age s , proverbes, &c. Sc les hyéroglyphi-
qu e s, ou emblèmes, Sc devifes.
Les Polÿgraphes fe divifent en auteurs anciens
Sc modernes, qui ont écrit divers traités fur différens
fujets, dialogues, Sc entretiens fur différens fujets ,
épiftolaires ou lettres écrites fur différens fujets.
L ’étude de l’Hiftoire demandant la coftnoiflanée
de la G éographie Sc de la-Chronologie ;les livres qui
traitent de ces deüx fciences font à la tête de cette
claffe, & fe d iv ifen t, fa voir :
L a Géographie ert Cofmographie ou defeription.
de l’Unive rs, géographes anciens & modernes, ou
defeription du globe terreftre, deferiptions Sc cartes
particulières, voy a g es & navigations.
La Chronologie en Chronologie technique, Chronologie
hiftorique ou THiftoire réduite Sc divifée par-
tables & divifions chronologiques, hiftoires univer-
fe lle s , &c.
L’ H I S T O I R E en
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e
H i s t o i r e P r o f a n e .
L’Histoire Ecclésiastique fe divife en Hiß-
toire eccUßaßique proprement dite , ou Hiftoire eccléfiaftique!
fiaftique ancienne Sc n o u v e lle , Judaïque Sc Chrétienne.
Il y a des hiftoires eccléfiaftiques uniyer-
fe lle s , St des hiftoires eccléfiaftiques particulières ;
on les divife en hiftoire catholique, pontificale,
hiftoire monaftique, hiftoire fainte, hiftoire eccléfiaftique
des héréfies Sc des hérétiques.
UHifioirè catholique 6’ pontificale renferme l’hif-
toire des conciles, générale Sc particuliere, l’hiftoire
Sc les vies des papes Sc des cardinaux.
L ’Hifioire monafiique comprend Thiftoire des ordres
monaftiques & religieu x, avec les vies des inf-
tituteurs, fondateurs, faints Sc perfonnages illuftres 1
de chaque ord re , & de plus Thiftoire des monafte-
res ; elle renferme aufli Thiftoire des ordres militaires
& de chevalerie.
L’Hifioire fainte comprend les martyrologes &
vies des faints Sc des perfonnes.illuftrés en p ié té ,
Thiftoire des lieux faints, des églifes, cimetières, &c.
des reliques des faints, des faintes images, des mirac
le s , &c.
U Hifioire eccléfiafiique des héréfies & des hérétiques
fe divife en hiftoire anciennes des héréfies jufqu’au
xij. fie c le , hiftoire des nouvelles héréfies depuis le
xiij. fiecle jufqu’à préfent, hiftoires des inquifitions
contre les hérétiques 6c contre d’autres.
L’Histoire profane fe divife en hiftoire ancienne
, hiftoire moderne., hiftoire généalogique Sc
héraldique, antiquités, hiftoire des lolennités Sc des
pompes; hiftoire littéraire, académique, Sc bibliographique
; vies des perfonnages illuftres ,& traits
hiftoriques. -
L ’Hifioire ancienne ou des anciennes monarchies ,
comprend leshiftoires des Juifs, des Chaldéens, des
babyloniens ; des Afly rien s, &c. hiftoire de la monarchie
des Perfes; hiftoire G re cq u e , Romaine, Byzantine
ou de l’empire de Conftantinople.
h’Hifioire moderne ou des monarchies qui fubfifient
aujourd’hui, fe divife en deux parties. L a première
renferme les monarchies de l’Europe : la fécondé les
monarchies hors de l’Europe.
Dans la première partie font comprifes les hiftoires
d’Italie , de France, d’Allemagne, des Pays-Bas,
de Lorraine ,d é s Suiffes & des peuples leurs confédérés,
d’Efpagne, de la Grande-Bretagne, des pays
feptehtrionaux;
Dans/la fécondé partie font comprifes Thiftoire
Orientale générale, celle des Arabes, des Sarrafins
Sc des Turcs ji Thiftoire Afiatique., Thiftoire . d’A fr iq
u e , Thift0xre.de T Amérique ou. des Indes occidentales...
j A
UHifloire généalogique' & héraldique, comprend les
traités généraux Sc particuliers d e là fcience héroïque
, de la nbblefle, des nobles , de leurs/titris,.prérogatives
9'.&c. & des choies qui leu r font propres ;
les traités héraldiques ou quiappiartiènnentàla feien-
c e du Blafon ; les hiftoires généalogiques des familles
illuftres.
Les antiquités renferment les ritsyufages & coû-
tuines dès anciens ; hiftoire métallique ou médailles,
'monnoies, &c. divers monumensdeTantiquiré; d eferiptions
Sc traité^ finguliers des-édifice$ publics, des
amphithéâtres, obélifques, pyramides, &c. divers
antiquités; pierres gravées^, cachets, lampes,& autres
chofes qùi nous reftent deSv?a'rtciehs; mélanges
d’antiquités contenant- des" èoilë&ions mêlées, des
di£fertatiôns! ,' des deicriptions.. d e . ^cabinet - d’adti-
quaircs ;• &c.< •.
h ’ H if io ir e dés>S.olennites< :& \d èS iP om p e s -comprend;
les réjóüiflances publiques, entrées,; mariages ÿ&c..
hiftoire:des:Pompes funèbres.., ■ .>
Z? U Hifioire littéraire,• académique & bibliographique ,•
comprend: Thiftoire des, lettres Sc des languesr,; desl
fciences:Sc des arts , oîi i t eft traitéj de lçur origine
■ 8c de lénriprogrès ; hiftoire des académies y écoles , J'orne ƒ/,
lîniverntés, colleges & fôeiétés de gens de lettres ;
bibliographie ou hiftoire & defeription des livres.
Vies des perfonnages illüfires divifées efl vies des
illuftres perfonnages anciens, Grecs & Romains, en
général Sc en particulier ; vies des hommes illuftres
Sc modernes enfemble, ou dés derniers tems feule-*
ment ; vies des hommes illuftres dans les lciences Sc
dans les arts, anciens Sc môdefnés;
Extraits hifioriques, font les diverfes colleftions
tirées Sc extraites des hiftoriens anciens Sc modernes
; les monumens, aftes Sc écrits hiftoriques, pièces
du tems, &c. traités de p a ix , de confédération,
d’alliance, de tr e v e , &c. entre les princes ; enfemble
les pièces, recueils, differtations, Sc autres cho*
fes concernant les négociations de ces traités ; les
difrionnaires hiftoriques, &c.
Ceux qui voudront mettre en pf-atiqüe le préfent
fyftème, pourront confulter pour les détails de cha*
que partie quelques-uns des catalogues de M. Martin
, comme ceux de MM. Bulteau, D u ta y ; comte
Hoym , de Rothelin , & Bellanger.
Il a été trouvé dans les manufcriis de feu M. L’Abbé
G ira rd, de l’Académie Françoife, un fylteme de
Bibliographie, oit il régné un ordre fort différent de
ceux que Ton a connus jüfqu’à prêtent* Comme on
ne fe propofe pas de le publier en particulier, nous
avons crû devoir le placer ic i , pour ne pas priver le
public de ces nouvelles lumières lur une matière
vraiment intéreflante. M. l’Abbé Girard y rend
compte en Philofophe des raifons qui l’ont déterminé
dans le choix Sc le rang de les divifions.
D ’abord il confidere l’homme dans la naiffance
du monde, foible & inquiet fur la deftinée, agité par
la crainte & par d’autres fentimens qui lui infpn ent
la défiance de lui-même, Sc le portent â chercher un
protecteur puiflanr. Conduit par degrés à la connoifr
lancé d’un D ie u , il met tous les foins à le le rendre
propice par le culte qu’il croit lui être le plus agréable
; c-’eft ce qu’on nomme religion chez tous les peuples.
C e qui la concerne loii dans le général,- toit
dans le particulier, toit pour la maintenir, loit pouf
la combattre, fait le premier ch e f de ce plan lotis le
titre de THEOLOGIE.
L ’homme iiolé ientit de nouveaux befoins , &
chercha dans la proteâion de Tes égaux' & de fes
voifins , un appui à fa portée ; cela .forma la fc c ié té
dont les commençemens n’ èurent o*autre> motifs que
les fecours mutuels Sc les fervices réciproques ; mais
dont les progrès formèrent des parties, des états, Sc
des empires ; produifirent des lois Sc des coutumes ,
&c. T ou t ce qui regarde la fo c ié té , Tes formes , fes
intérêts, fes lo is , Sc les ufages, fait le fécond ch e f
de ce fyftème fous le tit ie de NOMOLOGIE. ■
Quoique le culte & la police remédient aux horreurs
de lafolitude par, les liaifons qu’ ils établiffertf
entr,e les hommes, peu fatisfaits du petit volume de
leur perfonne, & de la çoiirte-durée de leur exillen-*
c e , ils travaillent à viv re dans l’idée d’ai;trui , Sù
forment fur le plan dé cette image une mar.iei'e d’ê -
t r e , à laquelle ils donnent le nom de gloire Sc de renommée.
C e goût rend les hommes jaloux de leur
honneu rfenfib le s à l’eftime desautres, Sc -curieux
* de ce qui-les regarde ; de façon;qu’iIs s’occupent des
afrions Sc des évenemens ; qu’itë travaillent à s’en
inftruire & à les publier; De*Jâ;l’originé d’un troi-
: fieme objet d?érudition fous le titre à’HISTORIOGRAPHIE.
LeT peâ acle pompeux de Turiivers, & les rtierveil-
{ les de la nature , -frappent aflézrpour attirer des regards
çurieux. L ’efprit humain avide de ’cohnoiflan-
‘ ces, animé par fes premières1 découvertes;,: aidé d e
Texperiencé ,' de Tanalyfe-, & 'd u railorinement, fe
li v r e à lcés> recher ch e sp ro fondes qui font ; ce qu’on
nomme proprement SùenceSj obj et diftinguéiformant
D D d d d