Teftament arabe en entier, tel qu’il l’avoit trouve
dans un manufcrit. r
B i b l e s C o p h t e s . Ce font les Bibles des Chrétiens
d’Egypte, qu’on appelle Cophtes ou Coptes, 6c
qui font écrites dans l’ancien langage de ce pays-là.
Il n’y a aucune partie de la Bible imprimée en coph-
te ; mais il y en a plufieurs manufcrits dans; les grandes
bibliothèques, 6c fur-tout dans celle du roi. Cette
«ancienne langue cophte n’étant plus entendue depuis
très-long tems par les Cophtes mêmes, ilslifentl Ë-
criture dans une verfion arabe, comme on le Voit
par les Bibles cophtes manufcritës qui font à la bibliothèque
du roi.'
B ib l e s E t h i o p i e n n e s . Les Ethiopiens ont auflï
traduit quelques parties de la Bible en leur langue,
comme les Pfeaumes, les Cantiques, quelques chapitres
de la Genefe, Ruth, Joël, Joiias, Malachie,
& le nouveau Teftament, qui ont été imprimes d a-
bord féparément, puis recueillis dans la Polyglotte
d’Angleterre. Cette verlion a été faite fur le grec
des Septante, peut-être même fur le cophte , qui a
lui-même été pris des Septante. Le nouveau Teftament
éthiopien, imprimé d’abord à Rome en 1548,
eft très-inexaft ; on n’a pas laiffé que de le faire p'af-
fer avec toutes fes fautes dans la Polyglotte de Londres.
B i b l e s A r m é n i e n n e s . Il y a une très-ancienne
■ verlion arménienne de toute la Bible > qui a été faite
d’après le grec des Septante par quelques doûeurs
de cette nation dès le tems de S. Jean Çhryfoftome?
Comme les exemplaires manufcrits coûtoient beaucoup,
Ofchan ouUfcham , évêque d’Ufchoiianch,
un de leurs prélats., la fit imprimer en entier in-jsf.
à Amfterdam en 1664, avec le nouveau Teftament
j/2-8°. on avoir cependant imprimé long-tems auparavant
le pfeautier arménien.
B i b l e s Pe r s a n e s . Quelques-uns desPeres fem-
blent dire que toute l’Ecriture fut d’abord traduite
en langue perfanne ; mais il ne refte rien de cette
ancienne verfion, qu’on fuppofe faite d’après celle
des Septante. Le Pentateuque perfan, imprimé dans
la Polyglotte de Londres, eft l’ouvrage de Rabbi
Jacob, Juif perfan. Dans la même Polyglotte fe
trouvent les quatre Evangéliftes en perfan, avec la
traduÛion latine; mais, cette verfion pai-oît être
très-moderne, peu exafte, & ne méritoit pas d’être
publiée.
E ia l e s G o t h i q u e s . On croit généralement que
Ulphilas ou Gulphilas, évêque des Goths qui habi-
toient dans la Moefie, & qui vivoit dans le jv. fie-
cle, fit une verfion de la Bible entière pour fes compatriotes
, à l’exception toutefois des livres des Rois,
qu’il ne voulut pas mettre entre les mains de cette
nation affez belliqueufe par elle-même, craignant que
les guerres .& les combats dont il y eft fait mention,
ne l’excitaffent à avoir toujours les armes à la main,
&• à juftifier cette conduite par l’exemple des anciens
Hébreux. Quoi qu’il en foit, on n’a plus rien de cette
ancienne verfion que les quatre Evangéliftes, qui
furent imprimés in-40. à Dordrecht en 166 5, d’après
un très-ancien manufcrit.
B i b l e s M o s c o v i t e s . La Bible mofcovite eft une
Bible entière en langue fclavone, faite fur le grec ;
elle fut imprimée à Oftravie en Volhinie aux dépens
de Conftantin Bafile duc d’Oftravie, pour l’ufage des
Chrétiens qui parlent le fclavon, dont la langue mofcovite
eft un diale&e : on la nomme communément
la Bible mofcovite.
Le nombre des Bibles en langue vulgaire eft fi prodigieux
, & d’ailleurs elles font fi connues, que nous
n’avons pas jugé néceffaire d’en traiter expreffément.
Voye[ le livre de Kortholtus, Allemand , intitulé de
variis Bibliorum édition. R. Elias Levita ; le P. Morin ;
Simon, Hifi- critiq. du vieux & du nouv. Tejlam. Bibliot,
des aut. èccUf. des troisprem.Jiec.par M. Dupin l
tome I. Bibliot. facr, du P. le Long , & celle que dom
Calmet a jointe d fon diclionn. de la Bible. (G')
* Comme nous ne nous fommes pas propofés feulement
de faire un bon ouvrage, mais encore de
donner des vues aux auteurs pour en publier fur
plufieurs matières de meilleurs que ceux qu’on a ,
nous allons finir cet article par le plan d’un traité
qui renfermeroit tout ce qu’on peut defirer fur les
quèftions préliminaires de la Bible. Il faudroit divifer
ce traité en deux parties : la première feroit une critique
des livres 6c des auteurs de l’Ecriture-fainte :
on renfermeroit dans la fécondé certaines connoif-
fances.générales qui font néceffaires pour une plus
grande intelligence de ce. qui eft contenu dans ces
livres.
On diftribueroit la première partie en trois.fixerions
: on parleroit dans la première, des quèftions
générales qui concernent tout le corps de la Bibles
dans la fécondé , ‘de chaque livre en particulier, 6c
de fon auteur : dans la troifieme, des livres cités ,
perdus, apocryphes, 6c des monumens qui ont rapport
à l’Ecriture.
Dans la première de ces feérions on agiteroit rix
quèftions. La première feroit des différais noms qu’on
a donnés à la Bible, du nombre des livres qui la com-
pofient, & des claffes différentes qu’on en a faites.
La fécondé, de la divinité des Ecritures ; on la prou-
veroit contre les payens & les incrédules : de l’infpi-
ration 6c de la prophétie ; on y examineroit en quel
fens les auteurs facrésout été infpirés ; fi les termes
font également infpirés comme les chofes ; fi tout ce
que ces livres contiennent eft de fo i, même les faits
hiftoriquès & les propofitions de phyfique. La troi-
fierîie feroit de l’authenticité des Livres facrés , du
moyen de diftinguer les livres véritablement canoniques
d’avec ceux qui ne le font pas ; on y exami-
néroit la fameufe controverfe des Chrétiens de la
communion romaine 6c de ceux de la communion
proteftante, favoir J îl ’Eglife juge L'Ecriture; on expli*
queroit ce que c’eft que les livres deutérocanoni-
ques ; dans quel fens & par quelles raifons ils font ou
doivent être nommés deutérocanoniques. La quatrième
feroit des différentes verfions de la Bible , 6c des
diverfes éditions de chaque verfion : on y parleroit
par occafion de l’ancienneté des langues & des ca-
ra&eres ; on en rechercheroit l’origine ; on examine-
roit quelle a été la première langue du monde ; fi l’hébraïque
mérite cette préférence. S’il n’étoit pas pof-
fible de porter une entière lumière fur ces objets, on
détermineroit du moins ce qu’on en voit diftinrie-
ment ; on rechercheroit jufqu’où l’on peut compter
fur la fidélité des copies, des manufcrits, des verrions
, des éditions, 6c fur leur intégrité ; s’il y en a
d’authentiques outre la vulgate, ou fi elle eft la feule
qui le foit ; on n’oublieroit pas les verfions en langues
vulgaires ; on examineroit fi la leélure en eft:
permife ou défendue, & ce qu’il faut penfer de l’opinion
qui condamne les traduirions des Livres facrés.'
La cinquième feroit employée à l’examen du ftyle
de l’Ecriture, de la fource de fon obfcurité, des dif-
férens fens qu’elle fouffre, 6c dans lefquels elle a été
citée par les auteurs eccléfiaftiques ; de l’ufage qu’ort
doit faire de ces fens, foit pour la controverfe , foit
pour la chaire ou le myftique : on y difeuteroit le
point de confcience, s'il eft permis d’en faire l ’application
à des objets profanes. La fixieme 6c derniere
queftion de la feérion première de la première partie
, traiteroit de la divifion des livres en chapitres
& en verfets, des différens commentaires, de l’ufage
qu’on peut faire des rabbins, de leur talmud, de leur
gemare & de leur cabale ; de quelle autorité doivent
être les commentaires 6c les homélies des peres fur
l’Ecriture ; & de quel poids font ceux qui font yenus
depuis, & quels font les plus utiles pour l’intelligen-
ce des Ecritures.
La fécondé feftion feroit divifée en autant de petits
traités qu’il y a de livres dans l’Ecriture : on en
feroit l’analyfe 6c la critique ; on en éclairciroit l’hif-
toire ; on donneroit des differtations fur les auteurs,
les tems précis, & la maniéré dont ils ont écrit.
La troifieme feérion comprendroit trois quèftions :
la première, des livres cites dans l’Ecriture ; on exa-
mineroit quels étoient ces livres, ce qu’ils pouvoient
contenir, qui en étoient les auteurs, enfin tout ce
que les preuves & les conje&ures en pourroient indiquer
: la fécondé , des livres apocryphes qu’on a
voulu faire paffer pour canoniques, foit qu’ils fub-
fiftent encore , ou qu’ils ayent été perdus, foit qu’ils
ayent été compofés par des auteurs Chrétiens , ou
des ennemis de la religion : la troifieme, des monumens
qui ont rapport à l’Ecriture, comme les ouvrages
de Philon, de Jofephe, de MercureTrifmegifte,
& de plufieurs autres ; tels font aufli les oracles des
fibylles , le fymbole des apôtres , 6c leurs canons.
Tel feroit l’objet & la matière de la première
partie ; la fécondé comprendroit huit traités : le
premier feroit de la Géographie facrée : le fécond ,
de l’origine 6c de la divifion des peuples ; ce feroit
un beau commentaire fur le chapitre x. de la Genefe
: le troifieme, de la chronologie de l’Ecriture, oii
par conféquent on travailleroit à éclaircir l’ancienne
chronologie des empires d’Egypte, d’Affyrie, 6c de
Babylone , qui fe trouve extrêmement mêlée avec
celle des Hébreux : le quatrième, de l’origine 6c de
la propagation de l’idolatrieycelui-ci ne feroit, ou
je me trompe fort, ni le moins curieux, ni le moins
philofophique, ni le moins favant: le cinquième, de
l’hiftoire naturelle relative à l’Ecriture, des pierres
précieufes dont il y eft fait mention , des animaux,
des plantes, 6c autres produirions ; on rechercheroit
qijels font ceux de nos noms auxquels il faudroit rapporter
ceux fous lefquels elles font défignées : le fixieme,
des poids, des mefures , 6c des monnoiesqui
ont été en ufage chez les Hébreux, jufqu’autems de
Notre-Seigneur, ou même après les apôtres : le fep-
tieme, des idiomes différens des langues principales,
dans lefquels les livres faints ont été écrits; des phra-
fes poétiques 6c proverbiales , des figures, des allu-
rions, des paraboles ; en un mot, de ce qui forme
une bonne partie de l’obfcurité des prophéties 8c des
évangiles : le huitième feroit un abrégé hiftorique ,
qui expoferoit rapidement les différens états du peuple
Hébreu jufqu’au tems des apôtres ; les différentes
révolutions furvenues dans fon gouvernement,
fes ufages, fes opinions . fa politique, fes maximes.
Voilà une idée qui me paroît affez jufte 6c affez
étendue pour exciter un favant à la remplir. Tout ce
qu’il diroit là-deffus ne feroit peut-être pas nouveau:
mais ce feroit toujours un travail eftimable 6c utile
au public, que de lui préfenter dans un feul ouvrage
complet, fous un même ftyle, félon une méthode
claire 6c uniforme, 6c avec un choix judicieux, des
matériaux difperfés, 6c la plupart inconnus, recueillis
d’un grand nombre de favans.
Qu’il me foit permis de m’adreffer ici à ceux qui
n’ont pas de l’étendue de la Théologie , toute l’idée
qu’ils en doivent avoir. Le plan que je viens de proposer
a fans doute de quoi furprendre par la quantité
de matières qu’il comprend ; ce n’eft pourtant
qu’une introdufrion à la connoiffance de la religion :
le théologien qui les poffede ne fe trouve encore qu’à
la porte du grand édifice qu’il a à parcourir ; une
feule thefe de licence contient toutes les quèftions
dont je viens de parler. On fe perfuade fauffement
aujourd’hui qu’un théologien n’eft qu’un homme
qui fait un peu mieux fon catéchifme que les autres;
& fous prétexte qu’il y a des myfteresdans notre re-
Tome II,
ligion, on s’imagine que toute forte de raifonnemens
lui font interdits. Je ne vois aucune fcience qui demande
plus de pénétration, plus de jufteffe, plus de
finefle, & plus de fubtilité dans l’efprit, que la Théologie
; fes deux branches font immenfes, la fcholaf-
tique 6c la morale ; elles renferment les quèftions les
plus intéreffantes. Un théologien doit connoître les
devoirs de tous les états ; c’eft à lui à difeerner les
limites qui féparent ce qui eft permis d’avec ce qui
eft défendu : lorfqu’il parle des devoirs de notre religion
, fon éloquence doit être un tonnerre qui foudroyé
nos pallions , & en arrête le cours ; ou doit
avoir cette douceur qui fait entrer imperceptiblement
dans notre ame des vérités contraires à nos pen-
chans. Quel refpeél 6c quelle vénération ne méritent
pas de tels hommes ! Et qu’on ne croye pas qu’un:
théologien , tel que je viens de le peindre , foit uir
être de raifon. Il eft forti de la faculté de Théologie^
de Paris plufieurs de ces hommes rares. On lit dans
fes faites les noms célébrés 6c à jamais refpeëtables
des Gerfons, des Duperrons, des Richelieux, 6c des
Boffuets. Elle ne ceffe d’en produire d’autres pour la 1
confervation des dogmes 6c de la morale du Chrif-
tianifme. Les écrivains qui fe font échappés d’une
maniéré inconfidérée contre ce qui fe paiî’e fur les
bancs de Théologie, méritent d’être dénoncés à cette
faculté, 6c par elle au clergé de France : que pen-
fera-t-il d’un trait lancé contre ce corps refpeûable »'
dans la continuation obfcure d’un livre deftiné toutefois
à révéler aux nations la gloire de YEglife Gallicane
y dont la faculté de Théologie eft un des principaux
ornemens ? Ce trait porte contre une thefe
qui dure douze heures, & qu’on nomme Sorboniques
on y dit plus malignement qu’ingénieufement, que
malgré fa Longueur elle n'a jamais ruiné la fanté de
perjonne. Cette thefe ne tua point l’illuftre Boffuet i
mais elle alluma en lui les rayons de lumière qui
brillent dans fes ouvrages fur le mérite, fur la jufti-
ficàtion , & fur la grâce. Elle ne fe fait point, il eft:
vrai ; avec cet appareil qu’on remarque dans certains
colleges : on y eft plus occupé des bons argumens 6c
des bonnes réponfes, que de la pompe 6c de l’often-
tation , moyen sûr d’en impofer aux ignorans : on
n’y voit perfonne pôfté pour arrêter le cours d’une
bonne difficulté ; 6c ceux qui font prépofés pour y
maintenir l’ordre, font plus contens de voir celui qui
foûtient un peu embarraffé fur une objeérion très-
forte qu’on lui propofe, que de l’entendre répondre
avec emphafe à des minuties. Ce n’eft point pour
éblouir le vulgaire que la faculté fait foûtenir des the-
fes ; c’eft pour conftater le mérite de ceux qui afpirent
à l’honneur d’être membres de fon corps : auffi ne
voit* on point qu’elle s’empreffe à attirer une foule
d’approbateurs ; tous les Licenciés y difputent indifféremment
: c’eft que ce font des a&es d’épreuve 6c
non de vanité. Ce n’eft point fur un ou deux traités
qu’ils foûtiennent., les feuls qu’ils ayent appris dans
leur vie ; leurs thefes n’ont d’autres bornes que celles
de la Théologie. Je fai que l’auteur pourra fe défendre
, en difant qu’il n’a rien avancé de lui-même ; qu’il
n’a fait que rapporter ce qu’un autre avoit dit : mais
excuferoit-il quelqu’un qui dans un livre rapporteroit
tout ce qu’on a écrit de vrai ou de faux contre fon
corps ? Nous efpérons que ceux à qui l’honneur de
notre nation 6c de l’églife de France eft cher, nous
fauront gré de cette elpece de digreffion. Nous rem-
pliffons par - là un de nos principaux engagemens j
celui de chercher & de dire, autant qu’il eft en nous ,
la vérité. Voye^ F a c u l t é , L i c e n c e , T h é o l o g
i e .
* BIBLIO, ( Géog. ) ville & château de Portugal
à peu de diftance de Bragance.
BIBLIOGRAPHE, f. m. ce mot vient du grec >
6c lignifie une perfonne verfée dans la connoiffance
F f ij