il s’enfuivroit de-là, félon M. Jurin, que des caufes
égales produiroient des effets inégaux ; ce qui eft ab-
furde. De plus, M. Jurin ajoute que ce n’eft pas feulement
l’explication de M. Hauksbée qui s’étend trop
loin, mais aufli le phénomène qu’il fuppofe ; car il
n’a pas lieu dans tous les fluides : il arrive meme
tout le contraire dans le mercure ; cette liqueur ne
s’élevant pas dans le tube jufqu’au niveau de celle
qui eft dans le vaifleau, & la hauteur qui s’en manque
fe trouvant d’autant plus grande, que le vaifleau
efl plus petit.
* M. Jurin propofe une autre explication de ce
phénomène, laquelle eft confirmée , félon lui, par
les expériences. <* La fufpenfion de l’eau, dans le
» fyftème de cet auteur, doit s’attribuer à l’attrac-
» tion de cette circonférence de la furface concave
» du tube, à laquelle la furface fupérieure de l’eau
» eft contiguë, Sc adhéré cette circonférence étant
» la feule partie du tube de laquelle l ’eau doive s’é-
» loigner en fortant du repos , Sc par conféquent
» la feule qui par la force de fa cohéfion Sc de fon
» attradion, s’oppofe à la defcente de l’eau ». Il fait
voir que c’eft une caufe proportionnelle à l’effet,
parce que cette circonférence Sc la colonne fufpen-
due font toutes deux en la même proportion du diamètre
du tube. Après cette explication de la fufpenfion
de la liqueur, l’afcenfion qui paroît fpontanée de
cette même liqueur dans ce tube s’expliquera aufli fort
aifément; car puifque l’eau qui entre dans les tuyaux
capillaires , aufli-tôt que leur orifice y eft plongé,
perd une partie de fa gravité par l’attradion de la
circonférence à laquelle la furface touche , il faut
donc néceflairement qu’elle s’élève plus haut, foit
par la preflion de l’eau ftagnante, foit par l’attradion
de la circonférence qui eft immédiatement au-deflus
de celle qui eft contiguë.
M. Clairaut, dans fa Théorie de la figure de la terre
, imprimée à Paris en 1734 , a donné une théorie
de l’élévation ou de l’abaiflement des liqueurs dans
les tuyaux capillaires, oit il combat l’explication de
M. Jurin. Voici ce qui lui objede.
i° . On ne fauroit employer le principe que les
effets font proportionnels aux caufes, que quand on
remonte à une caufe première Sc unique, & non
lorfqu’on examine un effet qui réfulte de la combi-
naifon de plufieurs caufes particulières , qu’on n’évalue
pas chacune féparément : or quand on compare
l’élévation de l’eau dans deux tubes différens,
l’attradion de chaque furface eft le réfultat de toutes
les attrapions de chaque particule de verre fur toutes
celles de l’eau ; Sc comme toutes les petites forces
qui compofent la force totale d’une de ces furfa-
ces ne font pas égales entr’elles , on n’a aucune rai-
fon pour conclure l’égalité d’attradion de deux fur-
faces, de l’égalité d’étendue de ces furfaces ; il fau-
droit de plus que ces furfaces fuflent pareilles. Par
la même raifon, quand même on admettroit que le
feul anneau du verre qui eft au-deflus de l’eau feroit
la caufe de l’élévation de l’eau ,'on n’en fauroit conclure
que le poids élevé devroit être proportionnel
à ce diamètre ; parce qu’on ne peut connoître la force
de cet anneau, qu’en fommant celle de toutes les
particules.
2°. Suppofé qu’on eût trouvé que la force d’un anneau
de verre fût en raifon confiante "avec fon diamètre
, on n’enpourroit pas conclure qu’une colonne
du fluide d’un poids proportionnel à cette force, feroit
fufpendue par fon moyen. On voit bien qu’un
corps folide tiré en en-haut par une force égale à fon
poids, ne fauroit tomber : mais fi ce corps eft fluide,
fes parties étant détachées les unes des autres, il
faut faire voir qu’elles fe foûtiennent mutuellement.
M. Clairaut examine enfuite la queftion des tuyaux
çapillairesftdx les principes généraux de l’équilibre des
fluidesrfon expofé eft trop géométrique pour être rendu
ici, St nous renvoyons à l’ouvrage même ceux qui
voudront s’en inftruire.Nous nous contenterons de dire
que M. Clairaut attribue l’élévation de l’eau à Fat-
traction du bout inférieur du Verre , & à celle du
bout fupérieur ; & qu’il fait voir que quand le tube
a un fort petit diamètre , l’eâu doit s’ÿ élever à une
hauteur qui eft en raifon inverfe de ce diamètre ;
pourvû qu’on fuppofe que l’attradion du verre agifle
liiivant une certaine loi. Il ajoûte que quand même
l’attradion du tuyau capillaire feroit d’une intenfité
plus petite que celle de l’eau , pourvû que cette intenfité
ne fût pas deux fois moindre, l’eau monteroit.
encore ; ce qu’il prouve par fes formules. Il explique
en paflantune expérience de M. Jiirïn, qui au premier
coup-d’oeil paroît contraire à fesprihcipes : cette
expérience confifte en ce quë fi on fotidëdeux tuyaux
capillaires d’inégale groffeur^ôc qu’on trempe le bout
le plus étroit dans l’eau , cette liqueur n’y monte
pas plus haut que fi tout le tuyau etoit de la même
grofleur que par le bout d’en-haut. Quant à la defcente
du v if - argent dans les tuyaux capillaires , il
l’explique en montrant que les forces qui tirent en
en - bas dans la colonne qui traverfe le tube , font
plus grandes que les forces qui agiflent dans lés autres
colonnes ; & qu’ainfi cette colonne doit être la
plus courte, afin de faire équilibre aux autres.
Au refte dans cette explication M. Clairaut fuppofe
que l’attradion n’eft pas en raifofï inverfe des
quarres des diftances, mais qu’elle fuit une autre
lo i, St dépend d’une fondion quelconque de la distance
; fur quoi voyei lafin de Varticle Attraction,'
Il faut pourtant ajoûter à ce que nous avons dit
dans cet article , que fi on fuppofe les phénomènes
des tuyaux capillaires produits par l’attradion, il paroît
difficile d’exprimer la loi de cette attradion, autrement
que par une fonélion de la diftance ; car cette
attraélion ne fauroit être en raifon inverfe du quarré
de la diftance, parce qu’elle eft trop forte au point
de contaél ; nous l’avons prouvé à Varticle Attraction.
Elle ne fauroit être non plus comme une fim-
ple puiflance plus grande que le quarré ; car elle feroit
infinie à ce point de contaél ; elle ne peut donc
être que comme une fonélion : il eft vrai qu’une telle
loi feroit bien bifarre , Sc que cela fuffit peut-être
pour fufpendre fon jugement fur la caufe de ce phénomène.
On trouve dans les tomes VIII. & IX . des mémoi-
res de l'académie de Petersbourg , des diflertations fur
cette même matière , par M. 'Weitbrecht. L’auteur
paroît la bien entendre, & l’avoir approfondie. La
diflertation de M. Jurin fur les tuyaux capillaires ,
, contient un choix ingénieux d’expériences faites pour
remonter à la caufe de ces phénomènes ; elle eft inférée
dans les Tranfaclions philofophiques , & on la
trouve en françois à la fin des leçons de Phyfique expérimentale
de M. Cotes , traduites par M. le Mon-
nier, St imprimées à Paris en 1742.
De toutes les liqueurs qui s’élèvent dans les tuyaux
capillaires, l’eau eft celle qui monte le plus haut :
c’eft ce que M." Carré a trouvé en faifant les expériences
des tuyaux capillaires avec un grand nombre
de liqueurs différentes. Selon cet auteur, la raifon
de cette afcenfionplus grande de l ’eau, c’eft que les
furfaces de fes petites parties font d’une telle configuration
, qu’elles touchent plus immédiatement,'
c’eft-à-dire en un plus grand nombre de points, la
furface du verre. Il eft aifé d’appliquer ce raifonne-
ment aux liqueurs qui mouillent certains corps, Sc
n’en peuvent mouiller d’autres : car lorfque les parties
des liqueurs ont leurs furfaces telles qu’elles peu-
Ivent s’appliquer plus immédiatement à la furface des
corps qu’elles touchent, elles y adhèrent, Sc y font
comme collées, foûtenues d’ailleurs par la preflion
du fluide environnant ; & c’eft par cette raifon que
lès gouttes d’eau fufpendues aux feuilles des arbres,
ou à d’autres corps, ne tombent pas. L’ôn peut aufli
par ce même principe rendre raifon pourquoi certaines
liqueurs, comme l’huile Sc l’eau,ne s’unifient
pas ; Sc au contraire, pourquoi les parties d’une même
liqueur s’unifient fi facilement.
Nous devons à M. Formey une partie de cet article.
(O )
C a p i l l a i r e , (.fracture) eft une fraélure aü crâne
fi peu marquée qu’à peine la peut-On voir : elle
ne laifle pas d’être mortelle. Voyei F r a c t u r e &
F i s s u r e .
La fracture capillaire eft l’effet d’un coup, d’Une
chûte, qui peut procurer un dépôt fous le crâne ;
ainfi lorfqu’on l’a reconnue, il faut faire l’opération
du trépan. Voyei T r é p a n e r . (AT)
C a p i l l a i r e , (Hifi. nat. bot.) adiantum , genre
de plante que l’on peut reconnoître par fes feuilles.
Tournefort, Infi, rei herb. Voyei P l a n t e . ( I )
C a p i l l a i r e , ( Medecine. ) fe dit de cinq plantes
dont voici les noms ; favoir l’adiante commun ou
noir ; l’adiante blanc , appellé capillaire de Montpellier;
lepôlytric, voyei P o l y t r i C ; le céterach ou la
fcolopendre, voyei C é t e r a c h ; & la falvia vitcz ou
ruta muraria. Voyei R u e DË MURAILLE.
La vertu de tous les capillaires eft d’être incififs ,
atténuans, diurétiques , ftomachiques , & propres
pour aider l’expeéloration. Le meilleur capillaire eft
le fuivant.
C ’eft de Y adiantum frUticofum brafilianum , C . B»
P. qu’on fait le firop de capillaire, qui eft très-adou-
ciffant ; on peut lui fubftituer le capillaire Commun ;
filicula quâ adiantum nigrum ojficinarum pinnulis 6b-
tufioribus. J. R. H. Il entre dans le firop de chicorée
compofé, & dans le firop de guimauve de Fernel.
Le meilleur après ceux-là eft le capillaire de Montpellier
; adiantum foliis coriandri. C. P. B. & J. R. H.
C a p i l l a i r e y (firop de) fe prépare de plufieurs
façons ; le meilleur eft celui qui nous vient de Montpellier.
Sirop de Capillaire , félon la pharmacopée nouvelle de
Paris. Prenez capillaire de Canada deux onces ; fai-
tes-les infufer pendant deux heures, en y verfant
eau bouillante lix livres : cette infufion fe fera dans
un vaifleau fermé ; on y fondra fuefe blanc fix livres;
on clarifiera enfuite , St l’on fera cuire à confiftance
de firop, ou mieux encore à confiftance d’éleéluaire :
on y ajoutera une nouvelle infufion de capillaire ; on
aromatifera enfuite le firop avec l’eau de fleur d’orange.
Le firop de capillaire eft très-vanté ; il poflede toutes
les vertus de cette plante : on l’employe dans
les maladies de poitrine : on le mêle dans la tifanne
ordinaire, dans les émulfions, dans le thé, pour les
rendre plus adouciflans. (IV)
CAPILLAMENT, f. m. (Anatom. Bot.) fignifie à
la lettre un cheveu, étant formé du latin capillus, St
celui-ci de caput, tête, & de pilus , poil, voyei C h e v
e u ; c’eft pourquoi on donne figurément ce nom
à plufieurs cnofes , qui par rapport à leur longueur
St à leur finefle reflemblent à des cheveux ; comme
les capillamens des n’erfs, qui lignifient les fibres déliées
, ou les filamens dont les nerfs font compofés.
Voyei N e r f & F i b r e .
« La vifion, dit M. Newton, ne fe fait-elle pas
» principalement par les vibrations excitées au fond
» de l ’oeil par des rayons de lumière, & continuées
» à-travers les capillamens folides, tranfparens , &
» uniformes des nerfs optiques jufqu’au fenforium » ?
Newton, Ope. Voye1 V i s i o n .
CAPILOTADE, f. f. (Cuifine.) ragoût qu’on fait
de relies de volailles Sc de pièces de rôti dépecées.
* CAPIOGLAN, f. m. ( Hifi. mod, ) efpece de
ferviteur qui a foin dans le ferrail des agemoglans >
que le grand-feigneur y appelle pour être employés
dans la fuite auprès de fa perfonne.
CAPION, f. m. (Marine.) capion de proue , capiort
de poupe; c’eft un terme dont les Levantins fe fervent,
appellant l’étrave capion de proue, & l’étambord capion
de poupe. On dit encore capion à capion , pour lignifier
la diftance de l’extrémité de la poupe à celle
de la proue. Voye^ Etrave & Etambord. (Z)
* CAPISCOL, f. m. (Hifi. eccléfiajlique.) dignitaire
de plufieurs églifes, chapitres, cathédrales, ou
collégiales, qu’on dit être le même fous un autre nom
dans la Provence St le Languedoc , où cette dignité
eft plus ordinaire que le chantre dans les autres provinces
: fi l’on s’en rapporte à l’étymologie, le capif-
col a la prééminence au choeur ; car capifcol vient,
à ce qu’on prétend, de caput chori , le premier au choeur,
CAPISTRANO, ( Géog. ) petite principauté d’Italie
, dans le royaume de Naples.
* CAPITA-GAUHAH, ( Hifi. nat> Bot. ) arbrif-
feau des Indes orientales, dont le bois St l’écorce ont
une odeur très-pénétrante, aufli-bien que fes feuilles
qui font d’un beau verd clair, rondes, velues , Sc
grandes. Il produit des baies d’une forme ronde , de
couleur brune, St â-peu-près femblables aux grains
de genievre.
CAPITAINE, f. m. (Art milit.) le titre de capitaine
, en matière de guerre, a toûjours lignifié un
commandant ou un chef de troupe ; ce mot vient du
latin caput, qui fignifie chef.
Capitaine d'une compagnie , eft un officier fubal-
terne , qui commande une compagnie de cavalerie
ou d’infanterie , fous les ordres du colonel. Voyeç
Compagnie & Colonel.
Nous difons dans le même fens un capitaine de dragons,
de grenadiers, de marine, d'invalides. Voy. DRAGON,
G renadier, &c. Les capitaines des gardes à
pié St à cheval du roi d’Angleterre ont le titre de
colonel, parce que ce font pour l’ordinaire gens du
premier rang, Sc des officiers généraux.
Dans la compagnie colonelle d’un régiment ou première
compagnie, dont le colonel eft lui-même capitaine,
l’officier commandant eft appellé capitaine-lieutenant.
Voyei Capitaine-Lieutenant.
Lieutenant capitaine, eft le capitaine en fécond ou
l’officier qui commande la compagnie fous les. ordres
du capitaine, St pendant fon abfence. Voyei Lieutenant.
On l’appelle dans quelques compagnies, capitaine
lieutenant.
C apitaine-lieutenant, eil celui qui commande
une troupe ou compagnie, au nom Sc à la place de
quelqu’autre, qui en a la commiflion avec le titre
les honneurs & la paye, mais qui eft difpenfé à caufe.
de fon rang d’exercer les fondions de ce pofte.
Le colonel étant ordinairement capitaine de la première
compagnie de fon régiment, il la fait commander
par un fubalterne avec le tivie de capitaine-lieutenant.
En France Sc en Angleterre, &c. le roi, la reine }
le dauphin, les princes, bc. ont pour l’ordinaire les
titres St les dignités de capitaines des gardes, des gens-
dtarmes, &c. quoique les capitaines-Heutenans en exercent
véritablement les fondions.
Capitaine-Lieutenant , eft donc dans les gendarmes
St les chevau-legers de la garde du Roi, dans
les deux compagnies de moufquetaires, celle des
grenadiers à cheval & les Compagnies des gendarmes
d’ordonnance, le commandant de chacune de
ces compagnies ; parce que c’eft le Roi qui eft le capitaine.
Il y a deux raifotis de ce titre de capitaine-lieute?
nant : la première eft l’autorité que le Roi donne aux
commandans des compagnies qui le portent, St qui
eft le même que celle de capitaine dans les autres.