s’exercent pâr des difputes. D e toutes ces étymologies
la première eft la plus vraiflemblable, puifqu’il
n’y a pas encore long-tems que dans Puniverfité de
Paris la thefe que les afpirans à Iamaîtrife èsArts
étoient obligés de foûtenir, s’appelloit l’a&epro lau-
rea artium. Ainfi de bacca lauri, qui lignifie proprement
le fruit ou la graine de laurier, arbre confacré
de tout tems à être le fymbole des récompenfes accordées
aux favans, on a fait dans notre langue bachelier
pour exprimer un étudiant qui a déjà mérité
d’être couronné, (G)
Ba che lier, ( Commerce.) c’eft un nom qu’on
donne dans quelques-uns des fix corps de marchands
de Paris, aux anciens 8c à ceux qui ont pafle par les
charges, 8c qui ont droit d’être appellés par les maîtres
& gardes pour être préfens avec eux 8c les aflif-
ter en quelques-unes de leurs fondions, particulièrement
en ce qui regarde le chef-d’oeuvre des afpirans
à la maîtriie. Ainfi dans le corps des marchands
Pelletiers le chef-d’oeuvre doit être fait en préfence
des gardes qui font obligés d’appeller avec eux quatre
bacheliers dudit état.
Le terme de bachelier eft aufli en ufage dans le même
fens dans la plupart des communautés des Arts
8c Métiers de la ville de Paris. Foye^ C ommunaut
é . (G)
* BACHER une voiture , ( Commerce &. Roulage. )
c’eft la couvrir d’une bâche. Foye^ Ba ch e .
BACHIAN, ( Gèog.mod.) île des Indes orientales,
une des Moluques, proche la ligne.
BACHOT, fubft. m.fur les rivières, c’eft un petit
bateau qui prend, en payant, les paffans au bord
d’une riviere, 8c les met à l’autre bord ; il y en a fur
la Seine en plufieurs endroits. Foye^ Bachoteurs
& Ba ch o ta g e .
* BACHOTAGE, f. m. ( Police. ) c’eft l’emploi
de ceux qui ont droit de- voiturer fur la riviere
dans des bachots, au-deffus & au-deffous de la ville.
Foye{ Bachoteurs.
* BACHOTEURS, fub. m. (Police.) ce font des
bateliers occupés fur les ports de Paris 8c en autres
endroits des rives de la Seine , à voiturer le public
fur l’eau & dans des bachots au-deffus & au-deffous
de la ville. Ils font obligés de fe faire recevoir à la
ville : ils ne peuvent commettre des garçons à leur
place : leurs bachots doivent être bien conditionnés.
Il leur eft défendu de recevoir plus de feize perfon-
nes à la fois ; leurs falaires font réglés ; ils doivent
charger par rang ; cependant le particulier choifit tel
bachoteur qu’il lui plaît. Ils font obligés cl’avoir des
numéros à leurs bachots. Un officier de ville fait de
quinze en quinze jours la vifite des bachots ; & il eft
défendu aux femmes 8c aux enfans des bachoteurs de
fe trouver fur les ports. On paye par chaque personne
quatre fous pour Seve & S. Cloud ; deux fous
pour Chaillot & Paffy ; deux fols fix deniers pour
Auteuil ; 8c ainfi à proportion de la diftance , & à
raifon de deux fols pour chaque lieue, tant en descendant
qu’en remontant. Le bachoteur convaincu
d’avoir commis à fa place quelqu’homme fans expérience
, ou d’avoir reçu plus de feize perfonnes ,
eft condamné pour la première fois à cinquante livres
d’amende, confifcation des bachots, trois mois
de prifon ; il y a punition corporelle en cas de récidive
8c exclufion du bachotage. C’eft au lieutenant
de-police à veiller que les bachoteurs ne fe prêtent à
aucun mauvais commerce. Il leur eft enjoint par ce
tribunal de fermer leurs bachots avec une chaîne 8c
un cadenat pendant la nuit.
BACHOU , f. m. (terme de Boyaudier.) c’eft ainfi
que ces ouvriers appellent des efpeces de hottes
dans lefquelles les boyaux de moutons ou d’agneaux
font portés de la boucherie dans leurs atteliers.
BAGILE, crithmum, (Hiß. natur, botan.) genre
de plante à fleurs en rôfe difpofées en ombelle ; ces
fleurs font compofées de plufieurs pétales arrangés
fur un calice, qui devient dans la fuite un fruit à deux
femences plates légèrement cannelées, qui fe dépouillent
ordinairement d’une enveloppe. Ajoutez aux caractères
de ce genre, que les feuilles font charnues ,
étroites , 8c fubdivifées trois à trois. Tournefort,
injl. rei herb. Foyeç. PLANTE, ( ƒ )
* BACKON , (Géog.) ville de la Moldavie, fur
la riviere d’Arari, proche les frontières-de la Vala-
chie.
* BACLAGE, f. m. ( terme de Comm. & de Riviere.)
c’eft l’arrangement fur les ports de Paris des bateaux
qui y arrivent les uns après les autres, pour y faire
la vente des marchandifes dont ils font chargés. Raclage
fe dit aufli du droit qu’on paye aux officiers de
ville chargés de cet arrangement. Ils fe nomment dé-
bacleurs. Foye{ D É B A C LEU R S , D É B a CLER , D É B A -
CLAGE.
* BACLAN, (Géographie.) pays de la Perfe dans
le Chorafan, près de Balche, 8c vers la riviere de
Gihon.
BACLER les ports, (Marine.) c’eft les fermer avec
des chaînes & des barrières. (Z )
* BACLER un bateau, (terme de Comm. & de Riv.y
c’eft placer dans le port un bateau commodément 8C
fûrement pour la charge 8c la décharge de fes marchandifes
; ce qui s’exécute en l’attachant avec des
cables 8c cordages à des anneaux fixés aux ponts 8c
fur le rivage pour cet effet.
BACONISME ou PHILOSOPHIE DE BACON;
Bacon, baron de Verulam, 8c vicomte de S. Alban,'
naquit en Angleterre l’an 1560. Il donna dans fou
enfance des marques de ce qu’il devoit être un jour;
8c la reine Elizabeth eut occafion plufieurs fois d’admirer
la fagacité de fon efprit. Il étudia la philofo-
phie' d’Ariftote dans l ’univerfité de Cambridge ; 8c
quoiqu’il n’eût pas encore feize ans, il apperçut le
vuide 8c les abfurdités de ce jargon. 11 s’appliqua en-
fuite à l’étude de la politique 8c de la jurisprudence '
& fon mérite l’éleva à la dignité de chancelier fous
le roi Jacques premier. Il fut accufé de s’être laifle
corrompre par argent ; 8c le roi l’ayant abandonné,
il fut condamné par la chambre des pairs à une
amende d’environ quatre cens mille livres de notre
monnoie ; il perdit fa dignité de chancelier, 8c fut
mis en prifon. Peu de tems après, le roi le rétablit
dans tous fes biens 8c dans tous les honneurs qu’il
avoit perdus : mais fes malheurs le dégoûtèrent des
affaires, 8c augmentèrent fa paflion pour l’étude.’
Enfin il mourut âgé de 66 ans, & fi pauvre, qu’on
dit que quelques mois avant fa mort il avoit prié le
roi Jacques de lui envoyer quelques fecours, pour,
lui épargner la honte de demander l’aumône dans fa
vieillefle. Il falioit qu’il eût été ou bien defintérefle
ou bien prodigue, pour être tombé dans une fi grande
indigence.
Le chancelier Bacon eft un de ceux qui ont le plus
contribué à l’avancement des Sciences. Il connut
très-bien l’imperfeûion de -la Philofophie fcholafti-
que, & il enfeigna les feuls moyens qu’il y eût pour
y remédier. « Il ne connoifîoit pas encore la nature,’
» dit un grand homme , mais il favoit 8c indiquoit
» tous les chemins qui mènent à elle. Il avoit mé-
» prifé de bonne heure tout ce que les .univerfités
» appelloient la Philofophie, 8c il - faifoit tout ce qui
» dépendoit de lui, afin que les compagnies infti»
» tuées pour la perfe&ion de la raifon humaine, ne
» continuaflent pas de la gâter par leurs quiddités ,
» leurs horreurs du vuide, leurs formes fubftanciel-
» les, 8c tous ces mots impertinens , que non-feule-
» ment l’ignorance rendoit refpe&ables, mais qu’un
» mélange ridicule avec la religion avoit rendu fa-*
» crés »,
U
Il compofa deux oùvrages pour perfectionner les
Sciences. Le premier eft intitulé de l'accroiffement &
de la dignité des Sciences : il y montre l’état oii elles
fe trouvoient alors , & indique ce qui reftoit à découvrir
pour les rendre parfaites. Mais il ajoûte qu’il
ne faut pas efpérer qu’on avance beaucoup dans cette
découverte, fi on ne fe fert d’autres moyens que de
ceux dont on s’étoit fervi jufqu’aiors. II fait voir que
la Logique qu’on enfeignoit dans les écoles étoit plus
propre à entretenir les difputes qu’à éclaircir la vérité
, 8c qu’elle enfeignoit plûtôt à chicaner fur les
mots qu’à pénétrer dans le fond des chofes; II dit
qu’Ariftote, de qui nous tenons cet art, a accommodé
fa phyfique à fa logique , au lieu de faire fa
logique pour fa phyfique ; & que renverfant l’ordre
naturel, il a afliijetti la fin aux moyens. C ’eft aufli
dans ce premier ouvrage qu’il propofe cette célébré
divifion des Sciences qu’on a fuivie en partie dans
ce Dictionnaire. Foye^ le DiJcours préliminaire.
C ’eft pour remédier aux défauts de la Logique ordinaire,
que Bacon compofa fon fécond ouvrage intitulé
Nouvel organe des Sciences : il y enfeigne une
Logique nouvelle, dont le principal but eft de montrer
la maniéré de faire une bonne induCtion , comme
la fin principale de la logique d’Ariftote eft de
faire un bon fyllogifme. Bacon a toûjours regardé
cet ouvrage comme fon chef-d’oeuvre, 8c il fut dix-
huit ans à le compofer. Voici quelques-uns de fes
axiomes qui feront connoître l’étendue des vûes de
ce grand génie.
« i. La caufe du peu de progrès qu’on a faits juf-
*> qu’ici dans les Sciences, vient de ce que les hom:
» mesfe font contentés d’admirer les prétendues for-
» ces de leur efprit, au lieu de chercher les moyens
» de remédier à fa foiblefle.
» 2. La logique fcholaftique n’eft pas plus propre
v> à guider notre efprit dans les Sciences , que les
» fciences, dans l’état oîi elles font, ne font propres
» à nous faire produire dè bons ouvrages.
» 3. La logique fcholaftique n’eft bonne qu’à en-
» tretenir les erreurs qui font fondées fur les notions
» qu’on nous donne ordinairement : mais elle eft ab-
» folument inutile pour nous faire trouver la vérité.
» .4. Le fyllogifme eft compofé de propofitions.
» Les propofitions font compofées de termes, & les
» termes font les lignes des idées. Or fi les idées, qui
» font le fondement de tout, font confufes, il n’y a
» rien de folide dans ce qu’on bâtit defliis. Nous n’a-
» vons donc d’efpérance que dans de bonnes induc-
» rions.
» 5. Toutes les notions que donnent la Logique
» 8c la Phyfique, font ridicules. Telles font les no-
» rions à& fubjlance, de qualité, depefauteur, de lége-
» reté, 8cc.
» 6. Il n’y a pas moins d’erreur dans les axiomes
» qu’on a formés jufqu’ici que dans les notions ; de-
» forte que pour faire des progrès dans les Sciences,
» il eft néceflaire de refaire tant les notions que les
» principes : en un mot, il faut, pour ainfi dire, re-
» fondre l’entendement.
» y. Il y a deux chemins qui peuvent conduire à
» la vérité. Par l’un on s’élève de l’expérience à des
» axiomes très-généraux ; ce chemin eft déjà connu :
»> par l’autre on s’élève de l’expérience à des axio-
» mes qui deviennent généraux par degrés , jufqu’à
» ce qu’on parvienne à des chofes très-générales. Ce
» chemin eft encore en friche, parce que les hom-
» mes fe dégoûtent de l’expérience, & veulent aller
» tout d’un coup aux axiomes généraux, pour fe re-
» pofer.
» 8. Ces deux chemins commencent tous les deux
» à l’expérience 8c aux chofes particulières ; mais ils
» font d’ailleurs bien differens : par l’un on ne fait
p qu’effleurer l’expérience ; par l’autre on s’y arrête ;
Tom e I I ,
>* par le premier on établit dès le fécond pas des
» principes généraux 8c abftraits ; par le fécond, on
» s’élève par degrés aux chofes univerfelles , &c.
» 9. Il ne s’eft encore trouvé perfonne qui ait eu
» allez de force & de confiance, pour s’impofer la
» loi d’effacer entièrement de fon efprit les théories
» & les notions communes qui y étoient entrées avec
» le tems ; de faire de fon ame une table rafe , s’il
» eft permis de parler ainfi ; & de revenir fur fes pas
» pour examiner de nouveau toutes les connoilfan-
» ces particulières qu’on croit avoir acquifes. On
» peut dire de notre raifon, qu’elle eft obfcurcie 8c
» comme accablée par un amas confus 8c indigefte
» de notions, que nous devons en partie à notre cré-
» dulité pour bien des chofes qu’on nous a dites, au
» hafard qui nous en a beaucoup appris, 8c aux pré-
» jugés dont nous avons été imbus dans notre en-
» fance............. Il faut fe flatter qu’on réuflira dans
» la découverte de la vérité , & qu’on hâtera les
» progrès de l’efprit, pourvû que, quittant les no-
» rions abftraites, les fpéculations métaphyfiques ,
» on ait recours à l ’analyfe, qu’on décompole les
» idées particulières , qu’on s’aide de l’expcrience ,
» & qu’on apporte à l’étude un jugement mûr , un
» efprit droit & libre de tout préjugé..............On ne
» doit efpérer dè voir renaître les Arts 8c les Scien-
» ces, qu’autant qu’on refondra entièrement fes pre-
» mieres idées, 8c que l’expérience fera le flambeau
» qui nous guidera dans les routes oblcures de la vé-
» rité. Perfonne jufqu’ic i, que nous fâchions, n’a dit
» que cette réforme de nos idées eût été entreprife,
», ou même qu’on y eût penfé ».
On voit par ces aphorifmes, que Bacon croyoit
que toutes nos connoiffances viennent des fens. , Les Pé-
ripatéticiens avoient pris cette vérité pour fondement
de leur philofophie : mais ils étoient fi éloignés
de la connoître , qu’aucun d’eux n’a fû la développer
; 8c qu’après plufieurs fiecles, c’étoit encore une
découverte à faire. Perfonne n’a donc mieux connu
que Bacon la caufe de nos erreurs : car il a vu que
les idées qui font l’ouvrage de l’efprit, avoient été
mal faites ; 8c que par conféquent , pour avancer
dans la recherche de la vérité, il falioit les refaire.
C ’eft un confeil qu’il répété fouvent dans fon nouvel
organe. « Mais pouvoit-on l’écouter, dit l’auteur
» de l’Eflai fur l’origine des connoiflances huniai-
» nés ? Prévenu, comme on l’étoit, pour le jargon
» de l’école 8c pour les idées innées, ne devoit-on
» pas traiter de chimérique le projet de renouveller
» l’entendement humain ? Bacon propofoit une mé-
» thode trop parfaite pour être l’auteur d’une révo-
» lution; & celle de Defcartes devoit réuflïr, parce
» qu’elle Iaifloitfubfifter une partie des erreurs. Ajoû-
» tez à cela que le philofophe anglois avoit des oc-
» cupations qui ne lui permettoient pas d’exécuter
» entièrement lui - même ce qu’il confeilloit aux
» autres. Il étoit donc obligé de fe borner à donner
» des avis qui ne pouvoient faire qu’une légère im-
» preflion fur des efprits incapables d’en fentir la fo-
» lidité. Defcartes au contraire livré entièrement à
» la Philofophie , & ayant une imagination plus
» vive & plus féconde, n’a quelquefois fubfiftué aux
» erreurs des autres que des erreurs plus féduifantes,
» qui peut-être n’ont pas peu contribué à fa réputa-
» tion ».
Le foin que Bacon prenoit de toutes les Sciences
en général, ne l’empêcha pas de s’appliquer à quelques
unes en particulier ; & comme il croyoit que la
Philofophie naturelle eft le fondement de toutes les
autres Sciences, il travailla principalement à la perfectionner.
Mais il fit comme ces grands Architedes,
qui ne pouvant fe réfoudre à travailler d’après les
autres, commencent par tout abattre, 8c élevent en-
fuite leur édifice fur un deftein tout nouveau. De
B