dans les dépôts du signal de Bougy. 0 Mais les fossiles animaux
suffisent pour affirmer que nous n’avons pas affaire à des terrains
miocènes ou pliocènes, mais bien à des terrains quaternaires, que la
faune est celle de l’époque diluvienne. Les conclusions paléontologi-
ques concordent donc avec celles de l’étude pétrographique pour relier
les alluvions anciennes du Léman aux terrains glaciaires.
2° Terrains glaciaires.
Les matériaux déposés directement par le grand glacier diluvien du
Rhône ont recouvert tout notre pays de terrains, souvent fort importants,
qui ont donné aux plaines et collines subalpines des caractères
tout particuliers : au point de vue pittoresque, ü les a inégalisées et
diversifiées par l’apparition locale des moraines et des blocs erratiques,
tellement que Desor a pu leur appliquer l’appellation fort heureuse de
paysage morainique ; au point de vue agricole, en fournissant des roches
d’espèces les plus diverses, il en a fait un sol abondant en toutes
espèces minérales, qui se prête aux cultures les plus riches e|y les plus
variées. Le terrain glaciaire se présente sous des faciès très nombreux
et différents, depuis les véritables moraines, jusqu’aux graviers, aux
sables, aux argiles compactes, etc. ; il est toujours remarquable par
deux caractères distinctifs, à savoir :
a L’inégalité de grosseur des matériaux : au milieu du sable le plus
homogène, de l’argile la mieux lavée (comme celle, par exemple, qui
forme les magnifiques couches de la pointe d’Yvoire et de Nernier),
on rencontre à chaque instant quelque caillou ou quelque bloc.
b La variété de nature des matériaux. Toutes les roches du Valais
sont mélangées dans le terrain glaciaire; l’on y voit, se touchant dans
le contact le plus hétérogène, des granits, des protogines, des gneiss,,
des schistes, des calcaires, des grès de toutes les variétés provenant
de toutes les grandes chaînes des Alpes valaisannes, vaudoises et savoyardes.
Ce revêtement glaciaire est très inégalement développé sur les bords
du lac. Il est peu important là où la côte est abrupte, comme en certains
points de La Vaux ou à Meillerie ; il est très considérable en d ’autres
points, tellement que la roche en place n’apparaît plus,, par
exemple, d’Evian à Thonon, de St-Prex à Bellevue, etc.
(1) Beer. Monde primitif, 657, Genève 1872.
Le tërrain glaciaire se présente dans notre bassin sous plusieurs
faciès, entr’autres :
La b o u e g la c ia i r e ou argile glaciaire ; la masse fondamentale est
une argile bleuâtre, contenant comme inclusion un nombre plus ou
moins serré de graviers, cailloux et blocs. Ces pierres, bien protégées
par la masse englobante, montrent pour la plupart la belle striation
caractéristique. L’argile glaciaire est le dépôt principal de la moraine
profonde.
Les s a b le s , g r a v i e r s e t c a i l lo u t i s , sont lavés, roulés, émoussés,
ne présentant plus de striation ; ils sont en stratification mouvementée
e t représentent un dépôt torrentiel de la moraine profonde.
Les m o r a in e s , masses confuses de matériaux entassés, essentiellement
de blocs, souvent énormes, déposés sur les bords latéraux et
frontaux du glacier.
Quant aux m o r a in e s l i t to r a l e s de la côte du lac, elles sont,
comme j.e l’ai dit, le résidu grossier de la boue glaciaire dont les masses
argileuses ont été délavées par les vagues. Ce sont des dépôts
remaniés par l’action du lac.
Le terrain glaciaire revêt les murailles du lac sur toute l’étendue,
de notre , bassin, aussi bien dans les murailles émergées sur les flancs
de la vallée, que sous le domaine des eaux. Dans cette dernière partie
nous ne le constatons directement que dans la région littorale où nous
le retrouvons partout représenté ; mais nous n’avons aucune hésitation
à admettre qu’il se continue, sous l’alluvion moderne, sur les talus
et le plafond du lac. Une preuve bien intéressante de la justesse de
cette hypothèse a été donnée par notre découverte récente de la moraine
sous-lacustre d’Yvoire. (*) Le terrain glaciaire recouvrant ainsi
indistinctement les murailles du lac répond bien à, cé que nous avons
appelé un revêtement quaternaire, postérieur au creusement du bassin
du Léman.
3° Terrasses d’alluvion.
Tout autour du lac on trouve sur la côte des dépôts sableux et gra-
viéreux stratifiés, connus sous le nom d’alluvion des. terrasses. Placés
en général près de l’embouchure des côurs d’eau, et à l’entrée des
vallées, on les a signalés à Vevey, à Cully, à Lausanne, au Boiron, à
f ) Voyez p. 140.