Chexbres jusqu’au fond du lac en passant par le Désaley. L’oeil
reconnaît difficilement dans ce croquis les rampes très raides que
nous connaissons en nature. En réalité elles ne sont pas plus inclinées
que cela.
Quoi qu’il en soit de cette représentation, nous pouvons dire que les
murailles émergées de la vallée et celles du lac sont, dans cette région
du Haut-lac, relativement fort inclinées ; les murailles, consistant en
roches calcaires, en poudingues et en grès, sont difficilement attaquables
par l’érosion lacustre ; la falaise y est verticale et 'empiète fort peu
sur la terre. La grève y est peu large et elle est fort inclinée, formée
d’un cailloutis grossier avec peu de sable. La beine y est presque nulle
à l’exception de quelques golfes peu profondément découpés, golfes
de Vevey, de Creux de Plan, de Pullÿ, etc. Le mont, qui se développe
sur un talus général à grande déclivité, se confond presque avec celui-
ci et les deux ensemble se prolongent en une pente uniforme jusqu’aux
grands fonds du lac.
Cette côte est coupée par quelques deltas torrentiels qui présentent,
eux aussi, des caractères spéciaux : je citerai ceux de la Tinière, de la
Veraye, des bayes de Montreux et de Clarens, de la Veveyse, de la
Lutrive. Ces rivières, descendant par une pente très raide de montagnes
fort escarpées, n’ont ni un cours prolongé, ni un vaste bassin
d’alimentation ; à l’étiage elles n’ont que peu d’eau. Mais, gonflées par
les pluies d’orage, avec la pente très accentuée de leur lit, elles prennent
les allures de torrents et charrient un fort bagage d’alluvion grossière,
caillouteuse, galets et pierres qui forment au-dessus du lac un
cône torrentiel assez incliné.
Le cône sous-lacustre de ces torrents est assis sur un talus très
profond et se développe dans le lac en un cône bien dessiné à génératrice
fort inclinée. Leur pente moyenne est :
Pour le cône lacustre de la Veraye, 0.52
» de la baye de Montreux, 0.48
• » de la baye de Clarens, 0.45
» de la Veveyse, 0.45
soit généralement de 45 à 50 pour cent.
3° D’Ouchy à Genève la côte a des allures fort différentes. Les
murailles du lac sont beaucoup moins inclinées, la pente générale de
la te rre ferme est beaucoup plus douce, et les talus sous-lacustres
sont beaucoup moins déclives. Je donne dans la flg. 26 le profil de la
côte, passant par le signal de Bougy, Perroy et le lac, au 1 :100 000e ;
la pente est presque insensible, dans le lac du moins.
La te rre ferme est, sauf quelques points où apparaissent les mollasses
et les marnes tertiaires, très généralement composée par un revêtement
de terrains glaciaires ou par les graviers des terrasses fluvio-
lacustres des anciens niveaux du lac ; elle est facilement attaquable et
l’érosion du lac y creuse des falaises parfois très bien marquées. La
grève y est plus large, à pente plus douce que dans le Haut-lac; elle
(Fig. 26.) Profil de ja côte et du talus par le signal de Bougy et Perroy. 1 : 100 000e.
est généralement recouverte d’un sable fin. La beine y est parfois,
étendue et bien marquée : au fond des golfes des Pierrettes, de Morges,
de Rolle, etc. ; elle mesure souvent 400 ou 500m de large. Au devant
de la beine, le mont, qui se développe sur un talus général du lac peu
incliné, se dessine fort nettement par la pente bien accusée d’un talus
d’éboulement du sable.
Quant aux deltas de rivières, ils sont relativement assez considérables.
Les affluents principaux, la Venoge, la Morge, le Boiron, l’Au-
bonne, la Promenthouse, la Versoie ont un bassin d’alimentation important,
et lorsqu’ils sont gonflés par la fonte des neiges ou par les
pluies d’automne, ils charrient un grand volume d’eau. Mais la pente
de leurs cours est peu inclinée ; aussi, s’ils transportent beaucoup d’alluvion,
les matériaux en sont peu volumineux : ce sont des graviers
plutôt que de gros galets ou de grosses pierres. D’une autre part, le
talus général du lac sur lequel s’établit le cône d’alluvion est peu déclive,
par conséquent le delta est dans de bonnes conditions pour se
développer assez vite, et former une pointe émergée assez importante.
Les deltas des rivières de cette partie du lac font une saillie bien marquée
sur les côtes du lac. — Notons déjà ici que les terrasses fluviolacustres
des anciens niveaux du lac compliquent souvent la structure
du delta émergé, comme nous le^ verrons plus loin.
4° Sur la côte de Savoie, entre le Bouveret et Evian, dans le Haut-lac
savoyard, nous avons des conditions à peu près analogues à celles du
Haut-lac vaudois sur la côte nord. Terre ferme rocheuse très abrupte,