en 1874 654mt“ d’eau météorique,
en 1890 914
en 1891 1006
moyenne des 3 années ( ’) 858mni d’eau météorique
ce qui n’est pas trop éloigné de la normale de 1826 à 1890, laquelle
est 834mm. Nous avons donc eu la chance pour nos années de comparaison
de rencontrer une année très sèche, 1874, une année assez humide,
1890, et une année très pluvieuse, 1891. Il est donc probable
que les chiffres Trouvés pour le débit des affluents ne sont pas très
éloignés de ceux que nous donneraient une très longue suite d’années.
Utilisons donc la valeur de 252m3sec que nous avons obtenue pour
le débit moyen des affluents du lac. Cela nous donne pour le débit
total annuel 7 964 000 000m3.
Nous avons trouvé d’autre part, en rapportant les hauteurs moyennes
du lac (1861-1880) au débit moyen de l’émissaire (voyez p. 442),
que ee même débit annuel moyen des affluents devait s’élever à
8291808 0001“3.
Ces chiffres ne s’écartent pas trop l’un de l’autre, et j’estime qü’une
valeur de 8 milliards de mètres cubes peut être acceptée provisoirement
comme représentant le débit annuel probable de la totalité des
affluents du lac.
Comparons ce. chiffre à celui que nous donne la chute d’eau météorique.
Nous avons évalué (p. 301) à 909mm la hauteur moyenne annuelle
de la chuté d’eau sur l’ensemble du bassin d ’alimentation du
Léman, y eompris le lac. Ce bassin mesurant 7994.5km2, une telle chute
représente un volume de 7267 millions de mètres cubes d’eau.
Nous trouvons donc une divergence étonnante dans les résultats de
ces calculs. La quantité d’eau tombée sous forme de pluie et de neige
sur le bassin d’alimentation est plus faible q u e j a quantité d’eau qui
s’écoule à Genève. Avant de discuter la signification de cette anomalie
apparente, renouvelons les réserves que nous sommes obligés de faire
sur l’exactitude de nos chiffres. La valeur annuelle de la pluie est incertaine,
essentiellement par le fait de l'insuffisance, des - observations
pluviométriques dans le vaste territoire du Valais. La valeur annuelle
de l’écoulement du Rhône de Genève est incertaine par le fait du trop
petit nombre d’années' d’observations à notre disposition. Sans parler
(*) Les 14 autres mois qui ne rentrent pas dans le cadre dés trois autres
années nous donnent il est vrai un excédent de 216mm sur la n o rm a l qui relève
assez sensiblement ce chiffre, et l’amène à 890mm d’eau de pluie par an.
des mille causes d’erreurs d’observations nombreuses et diverses, faites
par des agents différents et souvent par des méthodes différentes, nous
avons donc dans nos chiffres fondamentaux une incertitude que nous
devons reconnaître en la déplorant.
Cependant, tout en attendant avec impatience les corrections que
de nouvelles expériences nous apporteront, je ne prévois pas qu’elles
changent le sens de la divergence actuellement indiquée. Il y a longtemps
que je suis en présence de ces chiffres ; il y a plus de 20 ans
que j ’ai, dans un premier essai, Ç) tout à fait primitif, tenté de faire une
telle comparaison. Ge travail de jeunesse, qui fourmillait de causes
d e rreu r, je l’ai déjà reconnu depuis longtemps,^) m’amenait à un
résultat du même genre que celui qui nous étonne aujourd’hui, excès
de l’eau écoulée-à Genève sur la chute de pluie dans le bassin d’alimentation.
Depuis lors ce problème n’a cessé de me préoccuper ;
je 1 ai repris vingt fois en utilisant toutes les données nouvelles qui
venaient en ma possession; toujours le résultat était dans le même
sens. J’ai fini par me convaincre (peut-être serai-je Corrigé par l’avenir)
qu’il y a là un fait naturel : le débit de l’émissaire du Léman est supérieur
à la quantité d ’eau qui tombe sur son bassin d’alimentation sous
forme de pluie ou de neige. Si ce fait était réel, il faudrait l’expliquer. ,
Une première explication pourrait se chercher dans la déviation
dans le bassin du Rhône de tout ou partie des eaux provenant d’autres
bassins, ses voisins. Sur les frontières méridionales et dans toute la
pai tie alpine (3) du bassin, il n ’y a rien qui fasse soupçonner une pareille
éventualité. Mais dans la région nord et nord-occidentale du lac, les
6 ) L’.-i. Forel. Comparaison du débit du Rhône à-Gënève sur la hauteur d’eau
météorique. Bull. S. V. S. N., X, 445. Lausanne 1871.
(-) Voir la noté de la page 644 Bull. S. V. S. N., X. Lausanne 1871.
I3I Au moment de terminer l’impression de ces pages, j’arrive même à soupçonner
que le chiffre de 7995>™2 du bassin d’alimentation du Léman devrait être assez sen -
siblement diminué. T-l a été mesuré sur l’atlas Dufour qui attribuait au bassin du
Rhône le glacier de la Plaine-morte, au sud du Wildstrubel ; ce glacier, de l l kl»â,
appartient certainement, d’après la ieuille 473 de l’atlas Siegfried, au bassin de la ’
Simme, dans lequel il se déverse par le glacier de Rätzli. D’une autre part le Dau-
bensee et son bassin d’alimentation, y compris le grand glacier de Lämmern
représentant ensemble 301™2, a été attribué au Valais; or d’après l’opinion de
M. A. de Torrenté, de Sion, il doit verser, ses eaux par des émissaires souterrains
dans la vallée de la Kander. M. l’ingénieur R. Lauterburg, de Berne, se basant
sur un rapport de M. G. Ischer, à Mett, l’auteur de 'la partie bernoise-et'de la
feuille XVII de la carte géologique suisse, estime également que le Daubensee
se déverse dans le Kanderthal. Daprès cela il y aurait certainement une dizaine
et probablement une quarantaine’-de kilométrés à enlever au bassin du Rhône,
et, de ce fait, le désaccord signalé serait encore plus marqué.