pont supérieur qui a été reconstruit en 4740. Entre ces deux ponts, en
amont et en aval d’eux, le fleuve, était caché sous un fouillis de constructions
diverses, maisons, boutiques, usines, moulins, véritable cité
lacustre bâtie sur pilotis. C’était un quartier industriel et marchand,
très actif, agité et mouvementé. 11 a été le théâtre d’un terrible
incendie, le 27 janvier 4670, qui consuma jusqu’à 72 maisons en amont
et en aval du Grand-pont du bras gauche. Les ruines et débris de cet
incendie encombrèrent le bras du fleuve et « le mirent à sec sur une
longueur de 90 m. » Ce dernier fait, qui a souvent étonné, s’éxplique si
l’on fait attention que le désastre eut lieu à l’époque des basses eaux ;
que le Rhône, alors à l’étiage, pouvait trouver un cours suffisant parle
bras droit. Le pont fut reconstruit peu après, ainsi que les édifices qui
l’entouraient, tellement qu’au XVIIIe siècle on l’appelait encore le
p o n t d e s m a is o n s . Les deux ponts de l’Ile ont été construits à nouveau
sur pilotis de fer, vers 4878; ils ont été rejoints l’un à l’autre par
une vaste plateforme qui en double la largeur.
En 4838, l’on-a bâti le pont coudé des Bergues qui s’appuie sur un
terre-plein, joint à l’île des Barques par une passerelle.
En 1843, l’on a construit, en amont de la tête de l’Ile, au-devant de la
machine hydraulique de 4840, un pont en bois ou passerelle à piétons,
connu sous le nom de pont de la Machine. C’est sur les piliers de ce
pont que s’appuyait le barrage dont nous parlerons plus tard. Ce pont
a été reconstruit en fer de 1884 à 4887.
Le superbe pont du Mont-Blanc a été construit en 4853. Porté sur
42 arches surbaissées, en fer, il traverse le port sur une longueur
de 250ra.
' Le pont de la Coulouvrenière, en aval de l’île de Genève, date de
4857.
Enfin, en 4880, on a établi au bas de l’Ile, à l’entrée des Abattoirs,
lés passerelles du Marché qui traversent les deux bras du Rhône.
5° Les anciennes ' estacades, soit rangées de pilotis, formaient une
quadruple enceinte pour protéger le port et compléter les fortifications
du côté du lac. Le premier rang de pilotis fermait le port du côté
du lac; la deuxième estacade complétait la première; la troisième partait
de l’extrémité de l’île des Barques et aboutissait au Jardin anglais
actuel, la quatrième partait aussi de l’île des Barques pour se diriger
vers les deux rives ; sur le bras gauche elle formait deux angles saillants
et trois angles rentrants. Ces énormes pilotis, d’un pied carré de
section, unis entr’eux par une triple chaîne de fer, obstruaient environ
un tiers du cours du fleuve. (*) Ces estacades ont été arrachées avec
grand soin vers 4853, époque de la construction du port actuel.
6° Un grand nombre d’engins permanents pour la pêche du poisson
étaient établis dans le cours du Rhône,- claies, nasses, n a n ç o ir s , etc.
Ils ont été enlevés successivement, soit lors de la démolition des
estacades, soit lors des réparations faites au barrage de l’Ile ; les derniers
ont été supprimés en février 4879.
7° Les moulins et usines, bâtis sur le Rhône, en travers de son
cours, l’encombraient p ar leurs agencements compliqués. C’étaient des
constructions de bois, souvent à plusieurs étages, établies sur des
rangées de pilotis ; ceux-ci, plantés en séries parallèles à l’axe du
fleuve, laissaient un passage libre pour l’eau qui faisait tourner les
roues à aubes'Ces moulins ont successivement été achetés par la ville
de Genève et détruits. (2) Nous avons encore, vers- 4850, vu de ces
rangées de moulins établis en travers du bras droit du Rhône, en aval
du deuxième pont de l’île de Genève.
8° De ces usines hydrauliques, une seule a subsisté jusqu’à nos
jours, après avoir subi nombre de vicissitudes et de déplacements;
c’est la Machine hydraulique servant à l’alimentation d’eau de la ville
de Genève ; elle est la propriété de la Ville. Son histoire est très inti-
mément liée à celle du lac; la voici en résumé.
La m a c h in e d e s F o n t a in e s , comme on l’appelait alors, a été
établie en 4743, dans des proportions fort modestes. (3J Bâtie par un
ingénieur français, Joseph Abeille, su r le bras gauche du fleuve, à la
tête de l’Ile, à 50m environ en aval du pont actuel de la Machine, elle
ne portait qu’un seul équipage do pompes. Fort mal construite, elle
(!) Réponse de l’Etat de Genève, Procès du Léman, p. 65.
(2) Réponse de l’Etat de Genève, p. 66.
(3) La-date Classique de la construction de la première machine hydraulique est
1713 ; cependant E. Merle d’Aubigné qui avait à sa disposition les archives du service
des eaux dont il était directeur écrivait à ce sujet : « En 1534, Antoine de
Gaillon offrait à la Seigneurie d’établir sur le Rhône moyennant 100 écus et les
bois nécessaires, une machine destinée à fournir de l’eau à toute la ville. En 1708,
le-sieur Abeille de Paris faisait une nouvelle machine Journal de Genève 24 janvier
1880.