su r les rives de LaVaux. La direction du vent sudois normal est du
S.-W. au N.-E., soit parallèlement à l’axe du lac de Genève à Morges,
ou encore parallèlement à la chaîne du Jura. Cette direction est celle
du vent dominant des mouvements cycloniques se dirigeant du S.-W.
auN.-E.; elle est, dansnotre vallée, favorisée parla direction des chaînes
de montagnes. Il est plus rare que le vent prenne la direction du sud
ou de l’ouest; une différence de quelques points lui laisse ses caractères
généraux. Mais elle modifie considérablement l’activité des vagues
dans les diverses stations de la côte sous le vent; quand le sudois vient
directement du midi et souffle en born an , suivant l’expression indigène,
il vient battre directement la rive vaudoise de Rolle à Ouchy, et les
vagues y sont alors à leur maximum ; quand il s’infléchit vers l’est, et
que venant de l’ouest il se rapproche du jo r an , il enfile le Grand-lac
dans toute sa longueur, ses vagues frappent presque normalement la
côte d’Ouchy à Villeneuve et leur action se prolonge jusqu’au Bouveret.
Le vent sudois venant de latitudes plus méridionales, et par conséquent
plus chaudes, est un vent chaud et humide. Il est généralement
caractérisé par un ciel nuageux, et par la pluie; quelquefois, mais
exceptionnellement, il porte quelques nuages orageux (voir plus bas).
En été, nous avons parfois un vent du midi avec un ciel serein,
vent bla nc . Le soleil brillant qui l’accompagne lui donne une chaleu
r intense, brûlante, de là le nom de ma u r a b i a ( ’) que lui donne
le paysan vaudois. Généralement, le vent blanc se transforme progressivement,
au bout de la journée, en vent de pluie.
Le vent du midi souffle pendant un ou plusieurs jours de suite; les
chiffres suivants de l’observatoire de Genève, tirés de la période 1847
•à 1861 (2) donneront une idée de cette durée.
Vent du midi ayant duré 1 jour 331 fois soit 6 3%
» ... 2 jours 138 ». » 26
» • 3 37 » » 7
» 4 1 1 » » 2
» 5 4 » » 1 '
» 6 3 » » 1
» 7 \ » i ' 0.2
De beaucoup les plus fréquents sont les cas où le vent a duré un
•f1) Maura-blla, qui mûrit le blé.
4?) E. Plantamour, 1, 169.
ou deux jours; ils représentent les 89 pour cent des événements. Ceux
de trois jours sont très peu nombreux.
Quant à la vitesse du courant d’air, par le vent sudois, je la tire
des observations anémométriques de Berne, 1884-88, (*) et j ’y trouve
comme maximum 78km à l’heure, soit 21.7m à la seconde, 6 mars 1885,
de 3 à 4 heures du soir, pour la vitesse horaire de l’air dans les couches
inférieures.- Je ne connais pas de mesures de cette vitesse dans
les couches supérieures. J’aurai à indiquer une vitesse encore plus
forte lorsque j ’étudierai les ouragans, tornados et trombes, dans un
chapitre suivant.
II. -— La bise, vent du nord-est, est le vent général le mieux carac-,
térisé de la région du Léman. Il y a une intensité et une fréquence
remarquables, beaucoup plus prononcées que dans la Suisse orientale,
e t que dans l’Europe centrale prise dans son ensemble. Sur la rive
vaudoise, d’Ouchy à Rolle, il s ’y ajoute les morgets, morget de la
période journalière, morget d’automne, morget de neige, qui soufflent
dans la même- direction. Aussi les courants du nord y sont-ils dominants.
La bise, le vent général du nord-est, est provoquée par le passage
d ’un cyclone au sud de notre région, sur le nord de la Méditerranée,
ou par un anticyclone dans le nord de la France ou de l’Allemagne.
Elle nous amène de l’air venant des régions du nord, plus froid par
conséquent que l’air normal de la vallée ; c’est donc un vent froid. En
passant de climats plus froids à des climats plus chauds, elle s’est
réchauffée, sans gagner notablement d’humidité ; d’une autre part, elle
arrive de pays continentaux et n’a pas'traversé de m e rs; ces deux
circonstances en font un vent sec. Vent sec et froid, l’air n’est pas
chargé de nuages, le soleil brille dans un ciel serein; c’est un vent de
beau temps. Ce n’est que là où elle vient frapper la muraille des Alpes,
quand elle se relève assez pour se refroidir jusqu’au point de saturation,
que l’on voit parfois, par la bise, se développer des nuages locaux.
II est cependant une variété de vent du nord, la b i s e n o i r e , dans
laquelle le ciel est entièrement couvert dé nuages; c’est le temps le
plus triste et le plus désagréable que nous ayons 'à subir; froid, humide
et venteux, il réunit tous les symptômes fâcheux de la température
la plus inclémente. L’on suppose que dans ce cas il y a un cou-
(*) Annalen der.schweiz. meteorolog. Central-Anstalt, Ziirich.