la pente. Je ne puis entrer dans dep détails trop circonstanciés sur
les faits de l’histoire ancienne de ces observations ; je m’eri tiendrai à
quelques généralités.
1° Plus la règle limnimétrique est située loin du lac en descendant
le cours du fleuve, plus la correction de la pente est importante ; c’est
ainsi que les limnimètres situés à la machine hydraulique, en tête de
l’Ile, sont entachés d’une erreur systématique de la pente plus forte
que ceux du port.
2° Pour les limnimètres établis dans le port, limnimètres du Grand-
quai, limnimètre du Jardin anglais, les conditions ont notablement
changé à l’époque de la construction des jetées du nouveau port
(1855). Auparavant la rade était largement ouverte et n’était obstruée
que par les rangées de pieux des estacades ; la pente était certainement
peu forte. Depuis la construction des jetées, le courant est resse
rré dans les ouvertures relativement étroites de ces digues transversales,
il y a remous amont, augmentation de la pente dans le détroit ;
la pente a certainement été augmentée.
3° Avant la construction des jetées de Genève en 1855, la pente
en tre le lac et le Grand-quai, où était alors situé le limnimètre de Genève,
variait peu et avait une valeur moyenne assez faible. C’est ce
que je déduis des travaux du colonel Fr. Burnier. (*) Cet excellent
physicien avait établi en 1850, dans le port de Morges, une règle limnimétrique
sur laquelle il faisait des observations régulières. En 1854 il
chercha à en déterminer l’altitude absolue, par une comparaison méthodique
avec les observations parallèles faites au limnimètre de Genève.
Il supposait que le lac était de niveau entre les deux instruments.
Il choisit, dans ces quatre années d’observation, 40 séries de 10 jours,
ou décades, pendant lesquelles le lac, presque immobile, lui paraissait
dans les meilleures conditions d’horizontalité, et il chercha la différence
entre les moyennes de hauteur lues aux deux appareils limni-
métriques ; connaissant l’équation du limnimètre de Genève, il en tira
l’altitude absolue du zéro de l’échelle de Morges. Pendant ce travail,
fait avec beaucoup de soin (j’ai retrouvé dans lés registres des observations
de Morges la plupart des décades de comparaison et j ’ai pu
(>) Sur les limnimètres du lac Léman. Bull. S. V. S. N., IV, 149, 1854.
constater l’attention qui avait présidé à leur choix), Burnier n ’a pas
aperçu de variations systématiques dans les différences aux hautes et
aux basses eaux ; la pente variait évidemment fort peu. — C’est ce que
j ’ai vérifié en comparant les observations limnimétriques de G enève^)
e t de Yevey (2) pendant les années 1851 à 1854. J’en ai pris la différence
qui exprime la pente de l’eau. En séparant ces moyennes en
deux groupes, l’un des hautes eaux, de juin à octobre, l’autre des
basses eaux, de novembre à mai, j ’ai trouvé une variation moyenne
de 42mm dans la valeur de la pente. Une différence aussi faible a parfaitement
pu échapper à Burnier au milieu des variations accidentelles,
beaucoup plus fortes.-
Ces mêmes recherches de Burnier nous donnent avec une grande
sûreté la pente moyenne existant à cette époque. Il avait rapporté, par
un nivellement exact, ,1e zéro de son échelle à un repère (la tache
rouge) inscrit sur ies murs du bâtiment de la douane de Morges, et il
en avait déduit l’altitude absolue de la tache rouge. Plus tard ce repère
ayant été compris dans le nivellement de précision suisse, il s ’est
trouvé une erreur de 25ram dans la détermination d’altitude de Burnier;
cette quantité est la valeur moyenne de la pente du lac que Burnier
avait négligée en supposant le lac , de niveau. En 1850-54, la pente de
l’eau entre Morges et Genève était donc en moyenne de 25mm.
4° Depuis la construction des jetées du port de Genève jusqu’à la
lin du régime de l’ancienne machine hydraulique, soit de 1855 à 1883,
la pente de l’eau entre le lac et le limnimètre du Grand-quai variait
comme suit :
a P ar les basses eaux, lorsque le Rhône était fermé, l’eau était re levée
par le barrage dans le port et jusqu’au banc du Travers; la section
utile du, goulet du port dépassant de beaucoup les besoins du
débit, le remous des jetées était presque nul et la pente très faible.
b Par les hautes eaux, le barrage étant ouvert, le courant s’établis- -
sait librement dans le port et la pente superficielle commençait au
banc du T ra v e rs é e goulet du port ayant une section suffisante mais
non exagérée pour la masse d’eau qui devait y passer, les jetées fai-
(V E. Plantamour. Notice sur la hauteur des eaux du lac de Genève de 1839 à
1873, p. 20. Geneve 1874.
(2) F.-A. Forel. Contributions à l’étude de la limnimétrie du Léman. Bull S V
S. N. XIV 626. 188L « '