local, et tous les détails du phénomène ont parfaitement correspondu
à ceux que la théorie m avait fait supposer; forte augmentation de la
pression atmosphérique, fort abaissement de la température, vent
violent divergeant autour du centre de l’orage. Je donne dans lè diagramme
(fig. 36) le tracé des appareils enregistreurs d’Upsal, baromètre,
thermomètre, ainsi que l’indication de la direction et de la
force du vent par le moyen dé flèches plus ou moins barbelées : le
vent a changé de direction au moment même de l’orage, et a soufflé
constamment .en venant du centre du nuage orageux. Cette démonstration
de M. Hjeltstrôm confirme absolument et complètement mes
vues théoriques. Je puis encore donner comme exemple la courbe
barométrique publiée par M. A. Riggenbach (*) de.l’orage du 27 août
1890, à Bâle, au début de l’orage, à 61* du soir, le barographe montre
une ascension subite de 2 ram de mercure.
Depuis l’année 1878, j ’étudie attentivement le développement des
orages locaux, et. je puis dire que toujours, dans l’orage d’été, je constate
1 existence du vent horizontal divergent de la théorie; je n’ai remarqué
aucun fait qui soulevât des doutes dans mon esprit. Je dois cependant
ajouter que les cartes des orages, telles qu’elles sont publiées depuis
quelques années, entre autres dans les Annales de l’institut central de
météorologie de Zurich, nous font voir que les orages ont fréquemment
une tendance à se promener, à se déplacer, parfois à une assez
grande distance; entraînés avec une vitesse qui varie de 24 à 72km à
l’heure, en moyenne 47^» £, soit 13™ à la seconde, d’après les cartes
suisses de l’année 1888, ils. parcourent souvent une vaste étendue du
pays. Est-ce que l’orage une fois développé se mettrait ainsi en mouvement
pour s’avancer dans une direction déterminée? ou les orages
mobiles auxquels je fais allusion seraient-ils des tornados de faible
intensité ou de petites dimensions? Je n’ai pas les éléments nécessaires
pour résoudre cette question. Quoi qu’il en soit, je crois donc pouvoir
confirmer et maintenir l’existence de l’orage local causé par l’explosion
d’un nuage orageux, lequel est formé lui-même par l’ascension
rapide dans les régions Supérieures d’une masse d’air surchauffé à la
surface du sol.
Il y a encore lieu d’indiquer l’existence d’un autre type d’orage qui
se développe dans des circonstances bien différentes. Quand il règne
(*) Witterungsiibersieht des Jahres 1890. Verhandl.^der Naturforsch. Gesellsch
in Base!. IX, 8. p. 547. pl. V.
un vent du midi, à température particulièrement élevée, que l’atrpo-
sphère est parcourue par des nuages-isolés, on voit parfois un de ces
nuages,éclater en un orage peu intense et de peu de durée : quelques
éclairs, deux, quatre, guère plus, une averse de pluie, et voilà tout ;
quelquefois une-averse de grésil; jamais de grêle proprement dite.
Ces petits orages Se répètent souvent plusieurs fois dans la journée,
A côté des orages locaux, sans mouvements tournants de l’air, l ’a u tre .
classe de perturbations atmosphériques à courte durée est formée par
dés tourbillons plus ou moins mobiles de l’air qui portent le nom de
trom b e s quand ils sont de petites dimensions, de 5, à 10, à 100m de
diamètre, et to r n a d o s quand ils dépassent cent ou mille mètres de
largeur. Quelle en est la cause déterminante? Sont-ce des phénomènes
mécaniques, thermiques ou électriques qui les provoquent? La cause
en est-elle toujours la même? A d’autres de juger ces questions difficiles.
Toujours est-il qu’il y a constamment ou presque constamment
dans ces phénomènes un puissant tourbillon d’air, à giration circulaire
en spirale, se déplaçant plus ou moins rapidement/ des perturbations
thermiques amenant grandes condensations de vapeurs, production
de nuages, violentes chutes d’eau et de grêle, d’énormes perturbations
électriques avec les manifestations les plus diverses, depuis l’effluve
électrique généralisée jusqu’aux déchargés les plus serrées de foudres
et de tonnerres. Parfois le phénomène est innocent comme les trombes
nuageuses qu’avec un peu d’attention on observe chaque année dans
l’air; parfois il est d’intensité terrible comme les ouragans dont l’histoire
garde le souvenir.
Le plus récent et le plus désastreux pour notre pays est le tornado
du 19 août 1890, qui a ravagé le Jura français et yaudois, d’Oyonnax à
St-Claude, la vallée de Joux, Romainmôtier et Croy. (‘) Mais il n’a
pas touché lé lac Léman, et je préfère citer comme exemples ceux
du 18 juillet 1841 et du 20 février 1879. Je décrirai rapidement ce
dernier.
Ouragan du 20 février i819. Cette tempête, l’une des plus effroyables
qui aient ravagé nos contrées, a été un cyclone secondaire, développé
dans le quadrant sud-oriental d’un cyclone primaire, dont le
centre passait au nord des Iles britanniques. — Depuis le 7 février,
■ f1) h. Gauthier. Notice sur le cyclone du 19 août 1890, Bulletin S. V. S. N. XXVII,
p. 1,1891.