
 
        
         
		on  voit  qu’à  côté  des  variations  accidentelles  d’une  année  à l’autre,  
 qui  font  succéder  un  maximum  élevé  à un maximum bas,  ou un minimum  
 bas  à un minimum  élevé et vice-versa,  sans  aucune  régularité  
 apparente,  sans  aucune  règle,  il y  a des variations générales  de  longue  
 périodicité ;  il y a  des  séries  d’années  où  les  eaux  sont  hautes,  
 d’autres  où  elles  sont  basses.  Cela est apparent pour les maximums  
 de hauteur  du lac,  pour les minimüms, pour  les moyennes  annuelles ;  
 cela est  apparent dans toute la limnimétrie.  Cette  variation  périodique  
 irrégulière,  de  longue périodicité,  que j’appellerai  v a r i a t io n   c y c l i q 
 u e ,  est  intéressante;  elle  se  be  au  problème des variations  du  climat, 
   si magistralement  exposé  et  élucidé,  il y  a quelques  années, par  
 notre  collègue  et  ami M.  le  professeur Ed. Brückner,  à Berne ; (*)  elle  
 mérite  de nous occuper attentivement. 
 Pour  mettre  en  évidence  cet  erdre  de variation, j’ai utilisé le système  
 de compensation que j’ai déjà  indiqué page 299,  note 4; je  prends  
 les moyennes ternaires  d’ordre  de plus  en plus  compliqué  et  j’en  tire  
 des  séries  de  chiffres  où les variations isolées  disparaissent de plus  en  
 plus  pour  ne laisser  apparaître  que les variations générales.  Sur mon  
 tableau delà planche IV, j ’ai figuré par des courbes fortement tracées, les  
 moyennes ternaires  secondes  des maximums, moyennes  et minimums  
 de  la limnimétrie  du Léman. 
 Ces trois  courbes sont,  sinon  parallèles,  du  moins  assez  analogues  
 dans  leurs  allures pour que je puisse  à peu près indifféremment  choisir  
 l’une ou  l’autre ;  les  moyennes  annuelles,  les maximums  et les minimums  
 se  relèvent  ensemble  et  s’affaissent  ensemble. Pour la plus  
 grande  commodité,  et pour la meilleure utilisation  des faits, je préfère  
 m’adresser  à  la  courbe  des  maximums. En  effet, pour  le Léman,  les  
 valeurs des minimums  sont peut-être trop  influencées par les  manoeuvres  
 des barrages  de Genève ;  elles sont, parmi  les valeurs à notre  disposition, 
   celles  qui  sont  le  plus  artificielles. Les valeurs  des moyennes  
 annuelles  sont  grandement modifiées par  les basses  eaux  de l’hiver, 
   par  conséquent  elles  dépendent,  pour une notable partie,  de  ce  
 qu’il y  a d’artificiel dans le régime  du Léman.  Les maximums  sont  ce  
 qu’il y a de plus indépendant  de  l’action humaine,  et  de plus uniquement  
 régi par les  faits naturels. 
 Je me suis  cependant demandé si je ne trouverais  pas mieux  que  la 
 M  E. Brückner. Klima-Schwankungen. Wien  1890. 
 courbe  des maximums, pour  étudier les variations  générales que nous  
 avons  en vue. Le maximum de hauteur  d’une  année dépend beaucoup  
 d’un  orage  accidentel,  d’une pluie  diluvienne tombant ou ne tombant  
 pas  sur le bassin  d’alimentation pendant l’époque  des hautes  eaux. Ne  
 vaudrait-il pas mieux prendre des valeurs  embrassant  la' saison toute  
 entière des  eaux  estivales? Les irrégularités  accidentelles  s ’y  feraient  
 moins  sentir. — Pour étudier  cette question, j ’ai pris,  de 1818  à 1883,  
 les  hauteurs  moyennes  du  lac  pendant les  quatre mois  d’été de  chaque  
 année  : juin, juillet,  août  et  septembre;  de  ces valeurs, j ’ai tiré la  
 courbe  compensée  dés  moyennes  ternaires  secondes  et je l’ai tracée  
 en  B,  sur  la  fig.  41.  Sur  cette  même  figure  j ’ai  tracé,  à  la môme  
 échelle, la  courbe A,  qui  donne la  courbe,  compensée de la même manière, 
   des maximums  annuels  du  lac;  les  différences d’allures sont in-  
 sighifiantes ;  une  courbe peut me servir  aussi  bien  que  l’autre. 0   Je 
 (Fig. 41.)  Courbes compensées (moyennes ternaires secondes)  des maximums de hauteur  
 du lac (A) et des quatre mois d’été de juin à septembre (B) pour les années I818-188S. 
 1 mm. in 1.5 cm. de hauteur du lac. 
 fil  travail  assez fastidieux qui est résumé dans cette figure était  nécessaire ;  
 il prouve la légitimité, dans des recherches analogues, de l’utilisation de la courbe  
 des  maximums  pour  l’appréciation  des  hautes  eaux  d’un  lac.  Je le dédie avec  
 pand  plaisir  à  mon  ami  Brückner,  qui  y  trouvera  la  justification des études  
 importantes  qu’il  a  faites  sur  les maximums  de  hauteur  des  lacs.