dans le sens longitudinal par l’effet de l’avancement du cône d’alluvion
du Rhône.
Sur ses côtes, le lac tend à être découpé par les cônes'd’alluvion
des affluents latéraux. Un seul est assez puissant pour être cité, c’est
celui de la Dranse.
Le bassin du lac montre quelques accidents dus à l’orographie primitive
de la vallée, mais ils sont peu importants et peu saillants.
Si quelques-unes de ces propositions peuvent paraître insuffisamment
démontrées par la description que nous avons faite, elles trouveront
leur justification pleine et entière dans les paragraphes et chapitres
ultérieurs, où j ’aurai souvent à revenir sur ces faits.
IV. L,e8 côtes du lac.
C o n s id é r a t io n s th é o r iq u e s . La bande de jonction entre le domaine
des eaux et la te rre ferme est un phénomène géographique
compliqué qui appartient en partie, à la terre par sa zone émergée, en
partie au lac par sa zone inondée. Mais ces deux zones juxtaposées
empiètent l’une sur l’autre par le fait des variations de hauteur des.
eaux ; elles réagissent l’une sur l’autre aux points de vue géologiques,
biologiques, physiques, etc. U est donc opportun de les considérer
dans une étude d’ensemble, et je désignerai sous le nom général de
côte la région comprenant la zone de la terre qui est modifiée „par le
lac, et la zone du lac qui est modifiée par la terre ferme.
La côte tout entière est puissamment travaillée par le jeu des éléments
qui la façonnent et la modifient; elle est soumise à deux actions
opposées : l’é r o s io n et l’a llu v io n . Ces deux actions sont complexes
et peuvent se décomposer en plusieurs facteurs qui agissent dans
divers sens ; nous, les étudierons attentivement plus loin. Pour le moment
je me borne à les définir au point de vue qui nous intéresse ici,
pour la formation des côtes du lac ;
L’érosion est la destruction des couches de la côte par. les actions
mécaniques et chimiques de l’atmosphère et du lac.
L’alluvion est la formation de nouvelles couches par la précipitation
mécanique et chimique des matériaux en suspension ou en dissolution
dans l’eau.
Erosion et alluvion, agissant alternativement dans le temps et dans
l’espace C), créent sur les bords du lac cet ensemble spécial du relief
géographique que j’appelle la côte.
RivagtTet littoral.
La côte se divise en deux régions bien distinctes qui toutes deux
appartiennent au la c ; mais l’une lui est extérieure, l’autre seule fait
partie du domaine des eaux.
Le rivage est la bande de te rre qui entoure le lac dé toutes parts,
au-dessus de la nappe des eaux ; travaillée par le choc des vagues,V
elle est délavée par elles, de telle sorte que les matières terreuses lui
sont enlevées-et que le sol n’est plus constitué que de roches, de galets
et de sables. C’est la te rre ferme lavée par l’eau.
Le littoral ou la r é g io n - l i t to r a l e du la c est la bande côtière du
domaine des eaux, celle qui entoure le lac jusqu’à la profondeur limite
de l’action des vagues, jusqu’à quelques mètres au-dessous de la nappe
de l’eau. Autrement d it: le littoral est la région du lac qui est sous
l’influence directe du mouvement mécanique des vagues.
Rivage et littoral se décomposent en zones parallèles, qui, par le
fait des variations de hauteur des eaux, empiètent alternativement les
unes sur les autres. ~ ■ r '
Pour les bien comprendre et les séparer, décrivons la côte dans sa
composition théorique. Nous choisissons pour cela deux localités où
les conditions du développement de l’appareil côtier soient bien en
évidence.
Dans l’une, l’érosion agira avec toute sa puissance et sera 1 agent souverain;
constructeur de la cote; nous désignerons ce type sous le nom
de c ô te d ’é ro s io n .
Dans l’autre, l’alluvion sera prédominante et déterminera le type de
l’appareil côtier. Ce sera la c ô te d ’a llu v io n .
Côte d'érosion.
En général la formation de la côte est régie par l’érosion partout où
l’alluvion d’une rivière ne trouble pas le jeu normal des actions méça-
(*.) Ou me pardonnera cette expression d’importation germanique ; sa concision
la rend précieuse, et ce. qu’elle a de délicieusement vague n est pas un de ses
moindres mérites.