aqueuse, et est une source importante de l’alimentation des fleuves.
Les expériences que nous avons faites, M. Ch. Dufour et moi, en 1870
et 1871, soit à Morges, soit au glacier du Rhône (*) ont prouvé que,
suivant les circonstances, la quantité d’eau condensée à la surface des
corps glacés, peut s’élever à une épaisseur de 0.1 à 0.5mm par heure.
La condensation a lieu à la surface des lacs et cours d’eau, des
neiges et glaciers, quand leur température est au-dessous du point de
saturation de l’air ; cette éventualité n’est pas très fréquente pour le
lac, comme nous le verrons plus tard : elle est au contraire presque constante,
dans les jours chauds du moins, sur les neiges, glaces et torrents
glaciaires. Les neiges de la plaine en hiver, les neiges et glaciers de haute
montagne pendant toute l’année, les torrents glaciaires pendant la saison
chaude, sont des condensateurs puissants, qui soutirent directement
à l’air une quantité considérable d’eau, laquelle échappe aux mesures
des pluviomètres. Or, les neiges d’hiver représentent pour le bassin du
Léman 7500km-, les glaciers et neiges éternelles 1000km2, le lac Léman
580km2, les torrents et rivières 4 à 5km2. Ces vastes surfaces seraient-
elles capables, p arleu r condensation directe, de compenser et au-delà
le déficit d’eau causé par l’évaporation, et de satisfaire à l’excès d’eau
que nous trouvons en évaluant le débit du Rhône de Genève? Je me
borne à poser cette question, attendant de l’avenir la confirmation ou
la correction des données fondamentales du problème. Quand les chiffres
seront définitifs, alors seulement ce sera le moment de donner des
conclusions sur la théorie du phénomène.
Il est encore un fait que je veux signaler dans les valeurs annuelles
de l’eau fournie par les affluents du lac : c’est la faible différence que
présente lé débit des affluents du lac, entre une année sèche et une
année humide. 1874 était une année très sèche; elle n’a'donné que
654mm d’eau à Genève ; 1891 était une année humide, la chute de pluie
a été de 1006mm ; le rapport entre les chutes d’eau est de 65 %. D’une
autre part la somme totale des affluents du lac a donné pour 1874 un
débit moyen de 222'?3sef, pour 1891, 248m3sec'; rapport entre ces deux
chiffres 89%. Il semble donc que l’amplitude des variations des pluies
s’atténuerait notablement dans les quantités d’eau écoulées par les rivières.
Mais avant de discuter sur le rôle modérateur que représenterait
ainsi le territoire du bassin d’alimentation, il est prudent d’attendre
la confirmation de . ces indications, par un nombre plus grand
d’années de comparaison.
Le Léman a un volume de 89 milliards de mètres cubes ; il s’écoule
année moyenne environ 8 milliards mS par Je Rhône de Genève. Le
séjour moyen de l’eau dans le lac est donc de 11 années environ. C’est
là une durée certainement assez prolongée pour que les eaux, différentes
aux diverses saisons, des divers affluents du lac aient le temps
de se mélanger et se pénétrer réciproquement, pour que l’eau perde
ses caractères d’eau fluviatile et acquière les propriétés d’eau lacustre.
V. Ijinminiétrie.
On appelle lim n im é tr i e l’étude de la hauteur des eaux d’un lac.
On appelle l im n im è t r e ( 1) tout appareil qui sert à mesurer la hauteur
de la nappe de l’eau.
LIMNIMÈTRES
"Un limnimètre doit être r e p é r é , c’est-à-dire que le zéro de son
échelle doit être rapporté à un point fixe dont l’altitude absolue ou
relative est déterminée ou pourra l’être quand le besoin s’en fera
sentir. Cette condition n’a malheureusement pas toujours été remplie,
sur notre lac du moins, et la plupart des observations faites aux an-
_(*) Le mot limnimètre est incorrect alu point de vue de sa formation; les philologues’nous
disent qu’il devrait être changé en-limnomètre ; mais il ne peut plus
être modifié, car il est entré dans l’usage général. Je le trouve employé sans interruption
depuis l’époque où Nicod-Delom construisit son lym n im è t r e à flotteur à
Vevey en 1817, par D.-A. Chavannes, 1884, Macaire-Prinsep, 1839, G.-H. Dufour,
1887, F. Burnier, E. Plantamour, etc. Il a cependant, dans la pratique, un inconvénient;
il ne peut logiquement s’appliquer à la mesure de la hauteur des eaux
dans un fleuve, et pour celui-ci, on devrait forger un potamomètre(ll); l’usage
a fait adopter le terme hybride f lu v iom é tr e . Or à la sortie d’un lac, à Genève
par exemple, on est forcé de dénommer deux échelles voisines, absolument semblables,
l’une située dans le lac lim n im è tr e , l’autre dans le Rhône f lu v io -
mètre, ce qui est absurde. Le mot Pegel des Allemands est .certainement plus
commode. ’