lac, sous l’action d’un orage de pluie d’une intensité et' d’une généralité
extraordinaires.
Pour la température des petits affluents du Léman, je n’ai que la
série d’observations que j’ai faites en 1889 sur la Morge, petite rivière
du plateau mollassique, courant au fond d’un ravin profond et bien
ombragé; la longueur de son cours est de 1 1 km, son bassin de réception
a 40km2, sa pente moyenne est de 2 °/0. En même temps que je
mesurais la température de l’eau du ruisseau (à midi), j’allais prendre
la température de la surface du lac à l’extrémité du débarcadère de
Morges; j ’ai pu en tirer une comparaison intéressante entre la température
des eaux de la rivière et celles du lac; comme l’indique le
tableau suivant, la rivière est plus froide que les eaux de surface du
lac (région littorale), sauf pendant les mois d’avril et mai, et quelques
jours de juin. Dans une colonne, j’indique le nombre de jours où
j ’ai constaté cette supériorité de la température fluviatile. Si nous y
ajoutons les jours, indiqués dans la même colonne par des chiffres italiques,
dans lesquels la densité de l’eau de la rivière était plus faible
que celle du lac, le lac étant à peu près à 4° (maximum de densité
de l’eau), et la Morge étant à 0° ou peu au-dessus, nous aurons, dans
cette année; 92 sur 220 journées d’observation, soit les 4 dixièmes de
l’année pendant lesquels les eaux de la rivière, plus légères, doivent
s’étaler à la surface du lac. Pendant le reste du temps, l’eau de l’affluent,
plus dense, fait cascade dans les eaux du lac, plonge dans la
profondeur, comme nous le verrons à propos du Rhône (la Batail-
lère). Pour être complet, je donne enfin, dans une dernière colonne,-
le nombre des observations où la Morge était prise par la glace.
T em p é r a tu r e de la M orge e n 1889.
Différence Joursoùla Jours
avec „ Morge oùla Morge
1889 Nombre Température la temp. était était
Mois d’observations, de la Morge. > du lac. plus légère, gelée. '
Janvier 21 0.6 —5.1°. 20 14
Février 20 1.9 .—3.3 U K 6
Mars 21 4.0 —2.0 3 —
Avril 17 9.9 -1-1.7 16 1 H ;
Mai 22 14.8 + 1 .7 ' 19 W 0 M
Juin 48 17.1 —0.5 6 —
Juillet 14 16.5 —4.0 , ' - -
. Différence Jours où la Jours
avec Morge oùla Morge
1889 Nombre Température la temp. était était
Mois d’observations, de la Morge. du lac. plus légère, gelee.
Août 20 16.0 1: —2.4 1 —
Septembre 15 12.3 : —2.6 —
Octobre 16 11.0 —2.0 —i’-' ■
Novembre 19 7.8 + 3 .2 ■ — -—
Décembre 17 1.4 . —4.4 ‘ ï s 6
Il serait intéressant de voir répéter cette étude de la température
sur d’autres affluents du lac, situés dans des conditions différentes.
III. l e Rhône du Valais.
Le Rhône est le principal affluent du Léman ; on peut même dire,
si nos hypothèses sur la genèse du lac sont exactes, que le Léman
n’est qu’un élargissement et un approfondissement accidentels du lit
du fleuve. C’est lui qui, de beaucoup, fournit la plus grande m asse d’eaux
affluentes ; c’est lui qui règle le régime limnimétrique du lac. Il mérite
donc d’être étudié attentivement.
Son bassin d’alimentation est de 5382.6km2 d’après les mesures d elà
commission hydrométrique suisse.
Celui des affluents directs, ou petits affluents,, étant de 2034kmî,
le bassin du Rhône forme plus des 7 dixièmes (0.72) du bassin total
d’alimentation du lac.
De cette superficie de 5383kin2, il y a
en nature de glaciers . . . . . ■ • 1000km2
en nature de rochers, sables, champs, etc., 4400km2 environ.
Le cinquième environ du bassin du Rhône .est donc formé de
glaciers et neiges éternelles, ce qui est une proportion énorme.+ )
Ces neiges éternelles sont attaquées seulement par la chaleur de
l’été qui les fait fondre activement. Il en résulte, comme pour tous les
fleuves alpins, un régime spécial caractérisé p a rle s traits suivants: en
hiver, minimum des eaux qui descendent à l’étiage ; au printemps,
(1) Parmi les lacs suisses, il n’y a que le lac de Brienz dont le bassin d’alimentation
soit relativement plus riche en glaciers. Sur les 610kmS! qu’il représente, il y
en a 161knli! en nature de neiges et glaciers, soit un quart environ. (Commission
■ hydrométriqùe suisse.)