nés, chaîne du Mont-Rose. Or, comme la plupart des grands affluents
du Rhône, la Viège, la Navisence, la Borgne, la Dranse, viennent de
cette chaîne, — la Massa, qui vient du glacier d’AIetsch étant le seul
affluent important de la chaîne bernoise, 0 — le limon de la Borgne
représente mieux que celui des deux autres rivières le type dominant
dans l’alluvion du Rhône. Sa richesse en silice donne donc, en partie,
l’explication de l’abondance de cet élément dans l’alluvion du Léman.
Analogies et comparaisons. L’étude que nous faisons ici est une
monographie, et nous ne voulons pas nous laisser trop entraîner dans
des comparaisons qui pourraient nous mener très loin. Il nous sera
cependant utile de dire quelques mots de l’alluvion des autres lacs
subalpins en renvoyant pour les détails à cè que nous avons publié
ailleurs. 0 Au point de vue physique, la marne plus ou moins calcaire
que la drague recueille est peu différente d’un lac à l’autre : mômes
caractères de ténuité extrême des particules minérales, vase fine avec
traces accidentelles de sable ; mélange de débris organiques d’autant
plus nombreux que le lac est plus petit, et, semble-t-il, que son limon
est plus calcaire ; tendance à la division de la marne en deux couches,
l’une superficielle plus rougeâtre, siège de phénomènes d’oxydation,
l’autre profonde, plus bleuâtre, sous des actions de réduction de -sels
de fer ; la couleur de la marne est plus blanchâtre dans les limons
calcaires qui tournent à la craie lacustre, plus bleuâtre dans les limons
siliceux qui tendent vers l'argile; enfin, là consistance est d’autant
plus ferme et plus plastique que le limon, plus siliceux, contient plus
d’alumine et ipoins de. chaux. Les types extrêmes se ra ien t. la craie
lacustre et l’argile.
Je tire des analyses complètes de MM. Risler et Walter (3) quelques
chiffres indiquant en tant pour cent la partie insoluble dans l’acide
chlorhydrique, à savoir les matières organiques (3 à 4 °/o) et la silice
et les silicates. On y verra les allures de la composition chimique de
l’alluvion de cinq lacs de types fort divers.
(1) Le bassin du Rhône, au-dessus de St-Maurice, a les Vio de sa superficie sur
la rive gauebe du fleuve, soit dans la chaîne des Alpes valaisannes, les Vio seulement
sur la rive droite, dans la chaîne des Alpes bernoises.
(2) F-A Forel. Faune profonde des lacs suisses, p. 55, sq.
(3) F.-A. Forel. Matériaux, etc. Bull. S. V. S.'N. XIV, 122,1877.
Limon du Parties insolubles dans HG1. Silicates.
Léman, 7 °% . .. 66 %'
Lac de Constance, - ----- ^5 41
Lac de Zurich, 38 34
Lac de Neuchâtel, 32 29 —
Untersee, lac de Constance inférieur, . 3 1 — 27 t—
Des échantillons analysés, ceux du lac Léman étaient .les plus siliceux,
celui de l’Untersee le plus calcaire. • ;
Cherchons enfin à comparer l’alluvion lacustre du Léman avec les
dépôts analogues de la mer, dépôts littoraux, dépôts d eau profonde,
dépôts abyssaux. 0 Même au milieu de la plaine centrale du lac, à 7km
des rives et par 300m de fond, nous serions semble-t-il, dans les conditions
de ce que, dans l’océan, on appelle les dépôts c ô t i e r s ou l i t to r
a u x ; à cette distance et à ces profondeurs on est, dans la mer, bien
loin de la région profonde. Mais, ainsi que nous le verrons successivement
dans les autres chapitres de cette étude, les proportions relatives
des diverses zones sont beaucoup plus petites dans un lac que dans
les vastes étendues de la m e r; toutes les dimensions sont réduites
dans les lacs, et les mesures Applicables dans l’océan sont toujours
trop grandes pour nos petits bassins d’eau méditerranéenne. C’est pour
cela que dans le Léman nous devons réserver, le nom de d é p ô t s l i t to
r a u x ou côtiers à ce que nous avons appelé les alluvions grossières,
soit fluviátiles, soit lacustres, et que nous pouvons donner le nom
de d é p ô t s p r o f o n d s à nos alluvions impalpables, qu’elles soient
d’origine lacustre ou d’origine fluviatile. Il n’y a que les d é p ô ts
a b y s s a u x de l’océan qui ne Soient pas représentés dans notre la c ;
ces argiles des très grands fonds marins, à plus de 5000m de la surface,
qui ne renferment plus tracé d’alluvion fluviatile ou littorale, ces régions
étant trop éloignées des. embouchures de fleuves ou des rives,
qui ne renferment plus de débris d’organismes pélagiques, les cadavres
ayant eu le temps de se dissoudre dans l’eau de mer pendant la
chute très prolongée qui les a amenés dans ces grands fonds, ces
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p) Thoulet. Océanographie statique, 165, Paris 1890.