n’hésite donc point à utiliser pour l’étude en question la courbe des
maximums qui, sur le Léman, est plus étendue que tout autre. Elle a
de plus l’avantage de trouver des analogues dans d’autres lacs, où la
hauteur des maximums est souvent observée depuis longtemps.
En étudiant ma planche IV, et spécialement la courbe compensée
des maximums annuels de hauteur du lac, j ’y reconnais une variation
générale, irrégulière, de longue périodicité, une variation cyclique ; je
constate les maximums et les minimums principaux suivants :
Durée entre deux
1er maximum ■
Maximums.
1792
Minimums.
maximums. minimums
•j[er minimum 1800 15 ans
2e maximum 1807 - 13 ans
2e minimum 1813 10 —
3e maximum 1817 21 —
3° minimum 1834 25 —
4e
4e
maximum
minimum
1842
1858 35: V | ^
24
5e maximum 1877
Durée moyenne 21 7 i ans 19 */3-s
La durée des 4 périodes qui s’étendent d’un maximum à l’autre varie
de 10 à 35 ans ; elle est en moyenne dé 21 i/i années. La durée
des 3 périodes qui s’étendent d’un mininimum à l’autre varie de
13 à 24 ans ; elle est en moyenne de 19 ¡ " années. La durée moyenne
générale de cette période cyclique est de 20 ans environ.
Il est vrai qu’entre ces maximums et minimums principaux, il y en a
de secondaires ; que, sur la courbe, je reconnais des maximums secondaires
en 1822,1839,1846,1853,1861,1867 et 1873, des minimums
secondaires en 1788,1820,1840,1844,1849,1862,1869 et 1874. Si je les
fais intervenir, je vois que la durée moyenne des 11 périodes cycliques
secondaires entre le maximum de 1792 et celui de 1877 est de
7.7 années, celle des 12 périodes entre le minimum de 1788 et celui de
1882 est de 7.8 années. La durée moyenne de cette période cyclique
de 2e ordre est donc 7.7 années environ.
Que cette variation cyclique soit de 20 années, ou de 7.7 années, il
n’y a pas moyen de la rattacher, ni au cycle des taches solaires qui
est de 11 7» années, ni au cycle météorologique de B rückner qui est de
35 ans environ.
Mais ce qui est évident, ce qui saute aux yeux quand on étudie ma
planche IV, ce sont les rapports incontestables qui existent entre la
hauteur des eaux du lac et la valeur des chutes de pluie. Entre les
courbes des maximums et des moyennes annuelles de hauteur du lac,
j ’ai tracé en rouge la courbe des chutes annuelles^1) d e là pluie d’après
les observations de Genève, (2) 1826-1891. J’en ai tiré de même la
courbe compensée par la méthode des moyennes ternaires secondes,
et je l’ai tracée par une ligne renforcée. Or ces courbés montrent une
variation cyclique remarquablement parallèle à cellé des hauteurs du
lac ; il n’y a presque pas un maximum secondaire qui ne soit reconnaissable,
à la même année, dans les deux courbes compensées. La
démonstration est absolument parlante.
On constate, en faisant cette comparaison, que la différence entre
les maximums principaux et les maximums secondaires est beaucoup
mieux marquée dans la courbe des hauteurs du lac que dans celle des
pluies ; j ’en conclus que cet ordre de variations cycliques est exagéré
dans les variations de la hauteur du lac et que c ’est là qu’on peut le
mieux l’étudier.
J’en conclus en second lieu que la période, cyclique d’une vingtaine
d’années, qui nous est donnée par les maximums principaux de la
hauteur des eaux du Léman, doit être attribuée également à la périodicité
cyclique des chutes d’eau, et que par-conséquent cette dernière
ne coïncide ni avec le cycle des taches solaires, ni avec le cycle
de Brückner.
Il m’en coûte beaucoup de formuler cette conclusion. Personne n’a
salué avec plus d’enthousiasme que moi la belle généralisation de
Brückner;(3) je me suis promis de m’appliquer à la vérifier dans les
faits climatologiques à ma portée. Et voici qu’au premier essai j ’arrive
fi) Année météorologique commençant au fvj décembrefi)
J’aurais voulu prendre les observations du bassin tout entier d’alimentation
du Léman, mais nous ne les possédons que depuis 1864, c’est-à-dire pour une
période insuffisamment longue. Je me suis du reste assuré par une comparaison
convenable que les variations cycliques sont parfaitement parallèles dans les
deux séries d'observatiôps pluviométriques. Je prends donc avec confiance la série
de Genève, qui embrasse 66 années:
(3) XI» Rapport sur les variations périodiques des glaciers des Alpes. Jahrbuch
des S. A. G. XXVI, p. 354.