buer la plus forte importance sont la grande moraine latérale de gauche
de Meillerie à Thonon, le plateau bas d’Yvoire, la barre de Pro-
menthoux. Partout ailleurs, les terrains de cet ordre ne doivent représenter
des couches que de quelques mètres, disons de quelques
dizaines de mètres d’épaisseur.
3° Les alluvions des terrasses post-glaciaires. Nous avons reconnu
que la carte hydrographique du lac ne nous indique nulle part de terrasses
immergées au-dessous de la nappe des eaux ; nous n aurons donc
pas à en chercher dans le domaine du lac. Sur les talus de la vallée,
au contraire, les terrasses sont visibles tout autour du lac, mais leur
importance est peu considérable ; les plus grandes sont celles de la
Promenthouse, delà Drance et de l’Aubonne. Ces couches enlevées, les
murailles de la vallée ne différeraient pas trop de ce que nous donne
la carte géographique actuelle.
4° Les alluvions modernes du lac, à savoir :
a L’alluvion fluviatile grossière qui forme les deltas émergés ou
immergés des affluents. Les deltas des affluents latéraux sont peu considérables
: la Tinière* la Veraye, les bayes de Montreux et de Clarens,
la Veveyse, la Venoge, l’Aubonne, la Promenthouse, etc., n’ont pas
accumulé à leur embouchure des masses de graviers assez considérables
pour que leur suppression modifie beaucoup la carte du lac.
Le delta de la Drance est plus important, et, si l’on enlevait sa saillie,
la figure du Léman en serait sensiblement altérée. Quant au delta du
Rhône, il représente la plus grosse déformation que le lac ait subie
dans la série des âges. La plaine du Rhône, de Villeneuve-le Bouveret
à St-Maurice, pour ne pas remonter plus haut dans la vallée, a été
comblée par les alluvions du fleuve alpin, et, pour nous figurer le Léman
primitif, nous devons faire entrer sa vallée large et profonde, en continuation
de celle du lac, bien avant dans la cluse du Valais. Supprimez
la partie immergée et émergée de ce cône d’alluvion, la nappe
du lac se continue au moins jusqu’à St-Maurice, et la plaine centrale
amène ses eaux profondes entre les Alpes vaudoises et les Préalpes
bas-valaisannes.
b L’alluvion fluviatile impalpable a rempli le plafond du lac, aussi
bien dans la plaine centrale du Grand-lac que dans les fosses du Petit-
lac. Quelle est l’épaisseur de ses couches ? Je la suppose peu importante
au fond des cuvettes de la partie occidentale du lac. Mais dans
la plaine centrale du Grand-lac je présume, au contraire, qu il y a un
r e v ê t e m e n t s q u a t e r n a ir e s
revêtement puissant d’alluvion fluviatile impalpable; les murailles du
lac doivent continuer leur pente avec les mêmes allures que nous
leur voyons sur les talus jusqu’à ce qu’elles se rencontrent dans
une rigole médiane continuant la rampe ascendante du plafond du
Grand-lac. . .
c L’alluvion lacustre grossière. Les terrasses immergées de la beine
sont un accident intéressant de la structure du lac, mais, au point de
vue qui nous occupe, leur volume est presque nul ; si nous les supposions
enlevées, le relief du sol ne serait que fort peu modifié.
d L’alluvion lacustre impalpable. Cette couche uniforme, répandue
sur toute la surface du bassin, doit être d’épaisseur à peu près égale partout,
mais de très peu d’importance, car les accidents du relief primitif
restent encore apparents, malgré le manteau de cette alluvion. Pour
arriver aux murailles du lac nous devons la supprimer.
Supposons tous ces revêtements quaternaires et modernes enlevés,
il nous restera les murailles du lac ; nous aurons le relief du
Léman primitif. Ce sera une belle vallée partant de la cluse de St-
Maurice avec des parois fort inclinées à gauche et à droite se réunissant
dans un plafond dont la situation nous est absolument inconnue.
Cette vallée descendra vers le lac actuel, creusée d’abord dans les
terrains secondaires et éocènes jusqu’à Clarens et la Tour-Ronde,
puis dans les terrains miocènes. Dans les roches relativement plus
anciennes du Haut-lac, les talus de la vallée sont fort inclinés; la
même pente continue sur les flancs miocènes de La Vaux où les mollasses
rouges et poudingues sont de consistance fort tenace. Notons
encore un fait, car il aura une grande importance pour la théorie du
lac : au point de contact entre les terrains alpins et les terrains de
plaine, ni la carte hydrographique actuelle, ni la carte hydrographique
historique que nous construisons mentalement en supposant lès murailles
du lac à nu, ne montrent de changement d’allures, de ressaut,
d’accidents. Les murailles du laC se continuent directement en passant
d’un terrain à l’au tre , d’une formation à l’autre. Le changement
d’allures, àu contraire, se constate, mais cependant encore avec des
transitions ménagées, quand nous arrivons dans la partie occidentale
du Grand-lac, où les terrains aquitaniens, beaucoup plus diversifiés,
consistant en couches alternantes de mollasses, de marnes, d’argiles,
de calcaires, se sont éboulés et effondrés beaucoup plus facilement :
la pente du talus des murailles du lac y est plus douce. Ce même fait