3" La Drance a un bassin énorme ; son volume d’eau est très important.
Sa pente est encore assez forte; son transport d’alluvion grossière
doit être très puissant, et il l’est en réalité, comme nous l’avons
vu en étudiant son delta. C’est une vraie rivière de montagnes basses.
Si elle possédait quelques glaciers à ses sources, rien ne lui manquerait
pour être une belle rivière alpine.
4,0 La Venoge, le plus grand des affluents du lac après la Drance, a
un bassin fort étendu; son débit est assez considérable. Mais sa pente
très faible doit réduire à peu de chose son transport de grosse allu-
vion; la Venoge salit le lac fort loin par son alluvion impalpable, abondante
en temps de crue, mais son delta avance très peu.
5» Quant aux autres affluents, ou bien leur bassin d’alimentation est
peu étendu, ou bien leur pente est très faible; leur faculté de transpoi’t
doit être minime, et elle l’est réellement. Dans ce groupe, l’Aubonne
avec ses 100km2 de bassin de réception et sa pente de 2.3%, est l’affluent
qui a encore la plus grande action.
6° En additionnant les» superficies de ces bassins des principaux
affluents du lac, j’arrive à 1592km2. Le total du bassin d’alimentation
du Léman qui revient aux affluents autres que le Rhône étant 2034kl%
il reste 442km2 à répartir entre les petits ruisseaux dont je n’ai pas
mesuré le bassin. J’ai vérifié du reste ces chiffres par une mesure
directe de la superficie du bassin de ces ruisseaux, qui m’a amené à
445km2; ia différence est si faible, que j’y trouve une confirmation très
satisfaisante des données ci-dessus utilisées.
Quant à la mesure du débit des affluents directs du Léman, voici
les seuls faits que je possède.
1« En basses eaux, nous avons quelques jaugeages de quelques-uns
des affluents du lac :
La Veveyse 24 février 1858 M. Ch. Dufour 0.95m3,t;ec. ( *i
La Morge » id'?
L’Aubonne 2 mars 1858 id. 0.34
La Monneresse * M. Doret-de la Harpe 0.25
La Veveyse )
La Baye de Clarens > » id. ensemble 0.75 à 0.80
La Baye deMontreux )
La Veveyse à l’étiage, M. Roussy 0.3,
(1) Je désigne par cette abréviation le nombre de mètres cubes à la seconde.
2° J’ai essayé un calcul qui m’a donné le débit total des affluents directs
du lac, en période de basses eaux. Le mois de septembre 1877,
du 9 au 30, a été remarquable par une belle Série de beau temps, sans
pluie, avec une décrue régulière, non interrompue, du lac. J’ai choisi
les 6 derniers jours de cette période pendant lesquels le lac a abaissé
son niveau de 219mm. Etant donnée la superficie du lac de 582.36km2,
une telle baisse exprime une diminution de volume du lac de 127.5
millions de mètres cubes, soit un excès dans le débit de l’émissaire
sur le débit total des affluents, de 248m3sec. Or je puis connaître
le débit moyen du Rhône à Genève, car il est fonction de la hauteur
du lac lorsque les barrages ne sont pas fermés. P ar un calcul dont je
donnerai les bases plus loin, je puis savoir que, dans cette période, le
débit moyen de l’émissaire a été dé 354m3sec. Si je soustrais de ce
nombre celui qui exprime l’excès de débit de l’émissaire sur les
affluents, soit 248m3 se,:, le reste exprimera le débit total des affluents
du lac, soit 106m3sec. Or je puis connaître encore le débit du Rhône
du Valais, il est fonction de la hauteur du fleuve. Par un calcul dont
je donnerai plus loin les éléments, je trouve, d’après les observations
fluviométriques du pont de Collombey, que le débit moyen dans ces
six jours a été de 89m3 sec. Si je soustrais du débit total des affluents
le déhit du Rhône du Valais, il me restera le débit des petits affluents
directs du lac qui, dans ce cas, était 17m3sec; le chiffre 17m3sec n’est
pas le débit d’étiage; je le considère comme exprimant le débit moyen
aux basses eaux.
3° En crues de débordement, j ’ai les chiffres suivants :
La Drance, maximum de 1857 à 4866 (A. Delebecque) 166m3sec
La Veveyse (*) crue du 8 juillet 1873 (M. Doret-de la Harpe) 305m3 sec
» » 29 août 1846 (M. Benj. Roy) 450
La Morge » 3 octobre 1888 (Ch. Dufour et F.-A. Forel),
15.6m3 sec.
Pendant la grande crue du Léman dü 2 au 3 octobre 1888, j ’ai évalué
le débit total des affluents directs du Léman par un calcul analogue
à celui que je viens de donner, et en tenant compte de la pluie tombée
directement sur le lac; je suis arrivé à un chiffre de 983m3sec, qui
doit exprimer le maximum possible, ou peu s’en faut, du débit en
temps de forte crue, simultanée, de l’ensemble des affluents directs du
(0 Endiguement de la Veveyse. Lausanne 1878.