torrentiels qui amènent de l’alluvion grossière; la progression diminue
de vitesse, finit par s’arrêter presque, lorsque la bouche du fleuve est
assez avancée pour qu’il n’y amène plus que de l’alluvion impalpable.
Si ces considérations sont justes, voici comment nous pouvons nous
représenter l’histoire ancienne du comblement du lac. Le Léman primitif
était un seul lac, étendu du milieu du bas-Valais jusqu’à Genève ;
dans cette phase, le Rhône développait son action de colmatage dans
un bassin fort allongé, et son delta avançait fort lentement. Par suite
du comblement latéral des affluents torrentiels du lac, par la Dranse
de Martigny ou par le torrent de St-Barthélemy, le lac à été ensuite
coupé en deux : un lac supérieur qui recevait seul le colmatage du
Rhône et qui s’est rapidement comblé, et un lac inférieur qui, ne recevant
plus que l’alluvion des affluents direets, ne se modifiait que
très lentement. Plus tard, nouvelle division du lac par la confluence
des deltas de l’Avençôn, de la Grionne et de la Viège de Monthey, faisant
de nouveau obstacle à la dispersion des alluvions impalpables du
Rhône dans la partie occidentale du Léman. Plus bas, intervention du
, cône torrentiel d e là Grande-Eau qui, avec les autres affluents, ses
voisins, ont amené la formation de la plaine du Rhône s ’étendant
jusqu’à Villeneuve et au Bouveret.
C’est donc avec des allures fort irrégulières que le comblement du
Léman valaisan a dû s’effectuer ; quoique la même quantité d’alluvion
ait été (année moyenne) apportée par le Rhône et ses affluents directs,
la progression du delta a dû être fort inégale ; certaines phases ont dû
être de grande rapidité, d’autres do grande lenteur. Nous sommes
actuellement en présence d’une phase de progression très lente du
delta, et c’est surtout par le colmatage des régions profondes que se
fait le comblement du Léman.
Q U A T R I È M E P A R T I E
CLIMATOLOGIE
Les rapports d’un lac avec l’air atmosphérique sont nombreux et
importants. La température des eaux est régie par celle de l’air, par
celle des eaux atmosphériques et par l’état de la nébulosité qui arrête
plus ou moins les rayons du soleil. Le régime de la hauteur des eaux
est sous la dépendance des chutes, d’eau, de l’humidité atmosphérique
et de la température aérienne qui retient à l’état de neige ou de glace
une partie des eaux de condensation ou qui les fait fondre plus ou
moins subitement. Les mouvements mécaniques du lac, les vagues,
les seiches, etc., sont causés p ar les vents et les tempêtes. Les conditions
d’habitabilité des rives du lac sont influencées par l’ensemble du
climat.
Je trouve plus avantageux de réunir dans un chapitre spécial toutes
les questions climatologiques, en condensant les notions que la météorologie
a recueillies sur le climat de la vallée du Léman et de son
bassin d’alimentation. En laissant de côté celles des questions climatologiques
qui n’ont pas d’intérêt, direct pour l’étude du lac, Comme par
exemple: la pression atmosphérique, le magnétisme te rre s tre , etc., je
traiterai successivement:
1° La température dè l’air, qui intéresse la température du lac ;
c’est le plus puissant des facteurs qui agissent sur celle-ci.
2° La décroissance de la température avec l’altitude, dans la région
du Léman, qui intéresse le débit des affluents par la fonte des neiges
et des glaces sur le bassin d’alimentation.
3° L’humidité absolue et relative, qui intéresse le régime des pluies,
qui intéresse aussi les faits d’évaporation et de condensation à la surface
du lac.