actuel serait donnée par la hauteur des terrasses d’alluvion ; en effet,
les plaines d’atterrissement de tous les affluents qui se jettent actuellement
dans le lac seraient bientôt creusées par l’eau courante de leurs
propres rivières, qui se formeraient bien vite un nouveau lit en rapport
avec le nouveau niveau de leur embouchure. Mais les plaines
d alluvion actuelles ne seraient probablement pas enlevées dans leur
entier, et il resterait par places des t e r r a s s e s d’a llu v io n comme
témoins de l’ancien niveau de la plaine. La hauteur de oes terrasses
au-dessus du lit de nouvelle formation donnerait la valeur de l’affaissement
du niveau du lac.
Réciproquement je puis formuler la loi suivante :
Troisième loi. P a r t o u t où n o u s t r o u v e r o n s u n e c ô te p e u
a c c id e n t é e , n e p r é s e n t a n t a u x em b o u c h u r e s d e s c o u r s
d’e a u n i f io rd s , ni p r o m o n to i r e s d’a llu v io n , n é 'p r é s e n t a n t
p a s n o n p lu s d e f a la i s e s , n o u s c o n c lu r o n s q u e la t e r r e
e s t e n é t a t d’e x h a u s s em e n t a u - d e s s u s d e s e a u x . La valeur
maximale de cette variation négative est donnée par la hauteur minimale
des anciennes terrasses d’alluvion au-dessus du niveau actuel
des fleuves.
En résumé :
Une côte peu accidentée est l’indice d’un état d’exhaussement du sol
par rapport au niveau des eaux (variation négative).
Une côte découpée est l’indicé, ou bien d’un état de repos, de constance
dans le niveau relatif des eaux et de la terre, ou bien d’un état
d’abaissement du sq! par rapport au niveau des eaux (variation positive).
L’on peut diviser naturellement les golfes en :
a G o lfe s proprement dits, bordés par des falaises, et limités latéra-,
lement par des promontoires d’alluvion.
b F io r d s , présentant dans leur partie la plus reculée un delta de
rivière, et limités latéralement par des caps bordés de falaises.
L’on peut de môme diviser les pointes de te rre en :
a P r o m o n to i r e s d ’a l lu v io n , formés par un delta de rivière et
limités latéralement par des golfes.
b C a p s , bordés de falaises et séparés par des fiords.
Dans une côte découpée par des pointes ou des golfes :
1° L’existence de golfes séparés p ar des promontoires d’alluvion est
l’indice d’un état de constance dans le niveau relatif des eaux et de la
terre.~
2° L’existence de fiords séparés par des caps est l’indice d’un état
d’affaissement du sol par rapport au niveau des eaux.
Sur notre lac je puis donner-les exemples suivants de ces diverses
formations géographiques : Sont des caps : les pointes d’Yvoire, de la
Tour de Peilz. Sont des promontoires: les deltas du Rhône, de l’Au-
bonne, de la Dranse, de la Promenthouse. Sont des golfes : les golfes
de Morges, des Pierrettes, de Rolle. Nous n’avons pas d’exemple de
fiord. Les terrasses lacustres, comme celles du Roiron, près Morges,
de Saint-Prex, de Thonon, permettent d’apprécier l’abaissement de la
nappe des eaux depuis l’époque où les rivières bâtissaient leurs deltas
à un niveau supérieur.
Si, à la lumière des lois ci-dessus énoncées,, je considère le globe
terrestre dans son ensemble, j ’y reconnais des faits intéressants. Les
côtes des continents équatoriaux sont remarquablement peu découpées
et dénotent une variation négative de la ligne des rivages, un exhaussement
de la te rre par rapport à la mer ; les côtes des çontinents polaires,
aussi bien les boréales que les australes, sont dentelées de fiords
nombreux qui dénotent une submersion récente de la terre ferme, une
variation positive. Il semble probable que l’océan a subi un déplacement,
qui lui a fait quitter les régions tropicales pour envahir les régions
polaires. Un tel changement dans les rapports de la te rre ferme
avec l’océan correspondrait à une diminution de la force centrifuge,
par conséquent à un ralentissement d elà rotation du globe. Laissons à
d’autres le soin de rechercher les causes astronomiques, cosmiques ou
telluriques qui pourraient expliquer un tel ralentissement, et revenons
à notre Léman.
VI. lie sol du lac.
Dans les paragraphes précédents, nous avons étudié le relief général
du bassin, décrit soit sa forme soit ses accidents. Nous avons maintenant
à considérer le sol lui-même, la couche rocheuse, arénacée ou
marneuse qui constitue les parois et le plancher de ce bassin. Quelle
est la nature de ce sol ? quelle est son origine ? quelles sont ses pro