bord du mont et, se déposant au fond de l’eau, y constituent la terrasse
horizontale que nous avons nommée la beine. L’érosion du lac a done
pour effet, aux points où elle est dominante, de reculer le rivage et
d’augmenter le domaine des eaux.
Au contraire, là où quelque rivière se jette dans le lac, l’alluvion
fluviatile apportée par l’eau courante forme à son embouchure un atterrissement
qui s’aVance toujours plus, et constitue bientôt un promontoire
d’alluvion, caractérisé par son peu de hauteur au-dessus du niveau
du lac et par la présence du delta de la rivière à sa pointe
saillante. L’alluvion des affluents a donc pour tendance, aux points où
elle est dominante, de faire avancer le rivage et d’augmenter le domaine
de la terre.
Par la continuité de ces deux actions, — l’alluvion des rivières qui
forme et augmente lés promontoires d’atterrissement, et l’érosion du
lac qui creuse entre ces promontoires des golfes bordés de. falaises, —
le rivage se découpe toujours plus profondément et présente des sinuosités
toujours plus prononcées.
En renversant ces propositions nous arrivons à la loi suivante :
Première loi. P a r t o u t où n o u s r e n c o n t r o n s u n r iv a g e d é c
o u p é p a r d e s g o lfe s b o r d é s d e f a la is e s , s é p a r a n t d e s p r o m
o n to i r e s d’a llu v io n a v e c le s d e l t a s d e s r iv i è r e s à le u r
e x t r ém i t é , n o u s d e v o n s c o n c lu r e q u e , d e p u is u n tem p s
r e l a t iv e m e n t a s s e z lo n g , le s r a p p o r t s d e n iv e a u e n t r e la
t e r r e f e rm e e t le s e a u x s o n t r e s t é s c o n s t a n t s , q u e la t e r r e
n e s’e s t n i a f f a is s é e n i s e u le v é e p a r r a p p o r t au n iv e a u d e
la n a p p e liq u id e .
n . Si je suppose l’intervention d’une v a r ia t io n p o s i t iv e , 'f 1) le
niveau du lac s’élevant d’une quantité notable, de 50,100,150 mètres,
la forme de ses côtes- se modifiera sensiblement; leur nature et leurs
relations se transformeront. -
Les eaux, pénétrant dans les vallées d’érosion de toutes les rivières
P) Pour exprimer les changements relatifs du niveau de la terre .par rapport à
la nappe des eaux marines ou lacustres, suivant la terminologie de Suess, 1883, les
géologues désignent par les mots de v a r ia tion : p o s it iv e celle dans laquelle il y
a élévation de la nappe des eaux ou affaissement du sol, et v a r ia tio n n é g a tiv e
celle où il y a abaissement du niveau des eaux ou élévation de la terre. Le terme
exact est d é p la c em e n t p o s it if ou n é g a t if de la lig n e des r iv a g e s
('positive oder negative Verschiébung der Strandlinie) ; j’abrège en employant simplement
le mot v a r ia tio n .
et de tous les ruisseaux qui se jettent dans le lac, formeront dans chacune
de ces vallées un golfe étroit et allongé, s’avançant profondément
dans.l’intérieur des terres. Ces golfes seront des f i o r d s et ils seront caractérisés
par la présence du.delta de la rivière dans leur partie la plus
reculée.
Les collines qui séparaient les vallées des rivières ne seront pas
submergées lors de l’exhaussement des eaux et formeront, entre les
fiords, des caps relativement élevés, dont les bords, rongés par l’action
des vagues, présenteront bientôt des falaises de plus en plus marquées.
La valeur de l’élévation des eaux sera donnée par la profondeur
maximale de l’eau à l’entrée des principaux fiords de la nouvelle côte;
la sonde arrivant sur ce qui, ayant l’exhaussement des eaux, était le
lit de la rivière, donnera une valeur minimale pour l’exhaussement des
eaux ou pour l’abaissement de la terre.
En conséquence de ce que je viens d’exposer, je formule la loi suivante
:
' Seconde lo i T o u te cô te q u i p r é s e n t e d e s f io rd s ( golfes longs
et étroits ayant le delta des rivières dans leur partie la plus reculée),
s é p a r é s p a r d e s c a p s b o r d é s d e f a la is e s , d o it être c o n s id é r
é e c om m e é ta n t, p a r r a p p o r t au n iv e a u d e l’o c é a n ou du
la c , d a n s u n é t a t d’a f f a is s em e n t.
La valeur minimale de cette variation positive sera donnée par la
profondeur maximale de l’eau mesurée à l’entrée des différents fiords.
III. Tandis que l’érosion des eaux courantes tend à diversifier la
surface sub-aérienne du sol, l’alluvion du lac, charriée par les vagues
et par. les courants, tend à combler les inégalités du plancher de son
bassin; le fond du lac présente remarquablement peu d’inégalités et
d’accidents, ses talus eux-mêmes sont relativement peu découpés.
Si donc nous supposons une v a r i a t io n n é g a tiv e de la ligne des
rivages, le niveau des eaux du lac s’abaissant de 20,50 ou 400 mètres,
la forme de là-côte se modifierait sensiblement : au lieu d’être découpée
par des promontoires d’alluvion- comme elle l’est dans l’état
actuel, au lieu d’être creusée par des fiords comme elle le serait dans
la supposition d’une élévation du niveau des eaux, si le niveau des
eaux s’abaissait, la forme des côtes deviendrait relativement régulière
et peu accidentée. Les courbes isobathes de la carte hydrographique
peuvent donner une idée de ce nouvel aspect de la rive.
La valeur de l’affaissement de la nappe du lac par rapport au niveau