formation de l’alluvion, ou du moins n’y prennent une part que lorsqu’elles
ont été assimilées par des organismes, quand elles sont entrées
sous forme solide dans le corps des animaux ou des plantes.
b Les poussières météoriques, assez abondantes d’après certains
auteurs, Tissandier, Yung. (*) Je n’ai pas su rencontrer ces poussières
dans le produit de mes dragages profonds,
c Les aérolithes ou pierres météoriques qui sont fort rares.-
d Les poussières atmosphériques soulevées par les vents et entraînées
jusque sur le lac : ces poussières peuvent être de nature minérale
ou organique ( fle u r d u la c , voyez plus bas).
e Les animaux qui viennent se noyer dans le lac.
f Les oeufs des animaux qui viennent pondre dans le lac.
g Les excréments des oiseaux et chauve-souris qui viennent voler
sur le lac ou nager sur les eaux.
2° Les corps en dissolution ou en suspension charriés par les
affluents du lac. Ce peuvent être :
a De l’eau tenant en dissolution certains matériaux organiques et
minéraux.
b Des matériaux inorganiques, sous la forme de poussières impalpables
en suspension dans l’eau, ou bien de sables, de graviers et de
galets, qui reposent sur le lit de la rivière, mais sont déplacés en descendant
le fil de l’eau par l’action mécanique du courant. Les matières
terreuses non dissoutes par l’eau sont entraînées sous forme de poussières
impalpables.
c Des débris organiques, terrestres ou fluviátiles, cadavres d’animaux,
plantes ou débris de ces organismes.
ri Des plantes, et des animaux vivants entraînés par le courant ju squ’au
lac.
3° Les matériaux arrachés à la grève par le choc des vagues.
4» Les débris jetés par l’homme. Je citerai entr’autres les scories de
coke provenant des fournaises des chaudières des bateaux à vapeur.
5° A ces matériaux d’origine étrangère au lac se joignent, pour former
1 alluvion, les débris des animaux et des végétaux ayant vécu dans
le lac.
Une partie de ces matériaux ne reste pas dans le lac, et en sort
ri) E. Yung. Etude sur les poussières cosmiques. Bull. S. V. S. N. XIV 493 Lausanne
1871.
comme nous le verrons dans un paragraphe suivant. Une autre partie
se précipite sur le fond et y forme l’alluvion.
Les matériaux de l’alluvion se divisent tout d abord suivant leur densité,
en matériaux plus légers que l’eau, qui flottent à la surface, et en
matériaux plus lourds que l’eau, qui sombrent au fond.
1° Parmi les corps qui flottent à la surface, je c ite ra i.
a En fait de matériaux inorganiques :
Les sables. Des grains de sables secs posés sur l’eau, dans le cas
surtout où l’eau est recouverte d’une couche graisseuse, flottent retenus
par des attractions capillaires, comme une aiguille d acier q u o n
place délicatement à la surface d’un baquet d’eau. Par un temps calme,
j’ai vu parfois le sable être soulevé en plaques larges comme la main,
ou plus, de l’épaisseur d’une seule rangée de grains, ces plaques flotter
à la-surface de l’eau, et être entraînées par des courants ri).
L e s cendres de coke des bateaux à vapeur, les scories huileuses,
analogues à la pierre ponce que le Challenger a constatée en si grande
abondance dans les dragages de l’Océan Pacifique, flottent plus ou
moins longtemps et se dispersent à la surface du la c , une partie est
jetée à la côte, l’autre partie sombre dans les grands fonds lorsque les
vacuoles de la substance poreuse sont, l’une après l’autre, envahies
par l’eau.
b En fait de matériaux organiques, la plupart des débris végétaux
et une partie des débris animaux. La plupart des bois et des débris
végétaux sont plus légers que l’eau et flottent à la surface, pour un
temps du moins. Mais les pores et cellules de la substance ligneuse
ne tardent pas à se remplir d’eau, la densité augmente, et bois, feuilles
et racines finissent au bout d’un temps plus ou moins long par couler
au fond de l’eau.
Les cadavres animaux sont, les uns plus lourds, les autres plus
légers que l’eau, et suivant leur densité ils flottent ou s’enfoncent.
Pour ceux qui sont descendus à une faible profondeur, la putréfaction
tend bientôt à les faire remonter à la surface. Je traiterai cette question
dans un paragraphe spécial.
Tous ces corps plus légers que l’eau sont promenés par les
vents et les courants à la surface du lac, jusqu’à ce qu’ils s enfoncent,
qu’ils se dissocient ou qu’ils soient jetés à la côte. Entassés par les
(') Voir aussi : G. Ritter. Bull. S. S. N. Neuchâtel. XII, 119,1880.