rant d’air supérieur venant du sud, air chaud et humide dont la vapeur
d’eau se condense en nuages à la limite inférieure, en contact avec la
bise ; mais je dois avouer n’avoir jamais vu par la bise noire les nuages
marcher vers le nord. Il est vrai que, d’en bas, nous ne pouvons voir
que la surface inférieure de la nappe des nuages, et que les couches
supérieures peuvent avoir une direction toute autre. Il serait possible
aussi que la nappe des nuages de la bise noire fût simplement la condensation
de la vapeur d’eau d’un air relativement humide, par l’effet
du froid des altitudes supérieures ; la bise noire serait, dans cette
supposition, une bise plus humide que la bise ordinaire.
La bise souffle avec toute son intensité dans la partie occidentale
du lac, de Lausanne à Genève; il semble que le rapprochement progressif
des murailles formées par le Jura et par les Alpes constitue une
espèce d’entonnoir qui renforce la puissance,dü courant d’air. La côte
abrupte de La Aauÿ entre Lausanne et Vevey, la muraille élevée des
Alpes vaudoises de Clarens à Villeneuve abritent contre la bise les
rives fortunées du Haut-lac. La bise peut faire merveille du côté de
Genève, pendant qu’à Montreux l’air est calme, le ciel serein; ce sont
les jours de triomphe de cette Riv ie r â du Léman.
Par la bise, les vagues sont nulles sur la côte vaudoise, de Villeneuve
à Morges, le vent soufflant de la te rre vers le lac; elles sont-à leur
maximum sur la côte de Savoie, dans la Grande-Conche, et dans le
Petit-lac jusqu’à Genève.
La fréquence de la bise est donnée' par les observations de Genève,
1847-1875. ( ‘) Je réunis en tableau le nombre moyen des jours où la
bise a soufflé avec une intensité supérieure à 2.
Décembre
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
4.4 jours 1 ■
•3.7 • hiver 12.2 jours
4-1 J
5.7 |
3.8 1. prinjemps 12.9
3.4 I /7-.:0
3.1 1
3.0 f été 7.9
2.8
2.4 ) .
2.3 - j automne 9.0
4.3
Année 42.0js
(i) E. Plantamour, II, p. 209.
VENTS
Le maximum de fréquence annuelle de la bise dans ces 29 années
a été 61 jours en 1858, le minimum 16 jours en 1872.
Les mois les plus riches en bise sont, d’après ces chiffres, mars,
décembre et novembre; lés plus épargnés par ce vent, juillet et octobre.
Si nous additionnons les valeurs moyennes mensuelles du sudois et
de la bise, les vents dominants de notre vallée, nous trouvons que
mars présente le maximum de forts vents', avec 10.2 jours dans le
mois, septembre le minimum, avec 5.7 jours.
E. Plantamour a calculé quelle était pour la période 1847 à 1861
la durée moyenne de la bise, et il a trouvé pour ces 15 années les
chiffres suivants : (')
Bise ayant duré 1 jour 197 fois soit 5 2%
F \ 2 jours 99 ». » 26
» 3 49 » . »; 13
» 4 16 » » 4
5 7 » » 3
» 6 4 » » 2
H ' 7 1 F F » 1
D’après cela, la bise ne dure le plus souvent qu’un jour et, dans
plus dés trois quarts des circonstances, elle ne dure que un ou deux
jours. Le dicton populaire, qui veut que la bise dure trois, six ou neuf
jours, est réfuté par ces chiffres, et nous devons le déclarer inexact
sous sa forme trop absolue. Cependant je suis disposé à lui attribuer
une certaine raison d’être; je me base sur le fait que la vitesse de
translation des cyclones qui déterminent les vents généraux est telle
que nous sommes ordinairement pendant trois jours environ sous leur
influencé; que d’autre part on voit souvent les cyclones se suivre en
chapelet sur la carte météorologique de l’Europe, et, à peine un cyclone
passé, il en arrive un nouveau sur la même trace. Malgré la rigueur de la
statistique météorologique, je souscrirais donc .volontiers à l’adage
populaire, et je lui rèconnais une certaine justesse, aussi bien pour la
bise que pour le vent sudois dont nous avons parlé précédemment.
La bise est souvent d’une intensité extrême : parmi les vents généraux,
elle est, chez nous, probablement le plus violent. Nous n ’avons
pas encore de mesures exactes de la vitesse du vent à terre, par le
moyen d’anémomètres, dans la vallée du Léman. Des observations de
Berne de 1885 à 1888, qui nous donnent la vitesse horaire, j ’ai tiré la
6) E. Plantamour, I, p. 169.