guant loin de leur embouchure, .que ce soit l’eau du littoral salie par
les mouvements des vagues qui soulèvent la vase de la grève, qu’il
s’agisse de poussières minérales, qu’il s’agisse de débris de la vie organique,
toutes les fois que des particules solides plus lourdes que l’eau sont
en suspension dans celle-ci, sitôt que les mouvements qui les soulevaient
cessent- d’agir, elles tombent, et finissent tôt ou tard par se déposer
sur le sol. L’alluvion impalpable étant formée de particules extrêmement
fines, les poussières organiques qui peuvent en être rapprochées
ayant une densité de très peu supérieure à celle de l’eau, les
unes et les autres mettent un temps considérable pour se précipiter
sur le fond. Elles peuvent être transportées à de grandes distances de
leur point d’origine.
b L’alluvion grossière des affluents, les sables, les graviers, les galets
qu’un fleuve, une rivière, Un torrent transporte dans ses eaux ou fait
rouler sur son lit, constituent l’alluvion fluvio-lacustre. Sitôt arrivées
dans le lac, les.-eaux de l’affluent cessent d’être torrentielles ; elles ne
tiennent plus en suspension les sables fins; elles ne peuvent plus rouler
les galets ; les premiers tombent sur le sol, les seconds restent
immobiles. Plus ils sont gros et denses, plus près de l’embouchure se
déposent-ils ; les galets reposent sur la grève, les graviers descendent
quelques m ètres plus bas ; les sables seuls, quant l’affluent prolonge son
courant dans le lac, peuvent être transportés à quelque distance. Il n’y
a de transport un peu éloigné que pour les sables formés de lamelles
aplaties, comme les cristaux de mica,.qui restent assez longtemps en
suspension dans leur descente oscillante 0 à travers l’eau.
:e Les vagues s’emparent sur le littoral des galets et des sables désagrégés
par l’érosion lacustre ou amenés par l’alluvion torrentielle;
(d) Les lamelles aplaties comme celles du mica, en suspension dans un liquidé,
s’orientent bientôt en une position horizontale et tombent lentement en décrivant
des mouvements alternatifs d’oscillation latérale. H en résulte qu’une eau micacée,
comme celle des torrents alpins venant de terrains riches en mica., prend, sitôt
qu’elle est en repos, une teinte grise uniforme par la réflexion de la même région
du firmament sur les paillettes semblablement orientées. Si une cause disturbante
agite l’eaù, un remous du courant, une vague du vent, un coup porté dans.l’eau
parla chute d’une pierre, etc., l’horizontalité des lamelles est troublée par des
mouvements d’ensemble ; elles s’inclinent simultanément et par groupes dans un
même sens, en réfléchissant la lumière incidente suivant des • conditions nouvelles;
cela donne à l’eau des teintes moirées très élégantes qui dessinent .admirablement
les mouvemehts intestins des ondes liquides. Je recommande l’usage
d’une telle eau micacée pour les études sur l’oscillation de l’eau et sur lés courants.
elles les roulent, les charrient avec des allures fort différentes suivant
les localités et les circonstances. Tantôt elles les accumulent sur la
gràve, et en font des amoncellements, tantôt elles les promènent en
les faisant cheminer sur la grève, de telle sorte qu’après une tempête
on trouve, à grande distance, les matériaux, qui la veille étaient entassés
devant une fabrique (débris de tuiles par exemple), ou à l’embouchure
d’une rivière; tantôt enfin elles les enlèvent pour les entraîner
dans la direction du plein lac, tellement que la plage, hier encore
ensablée, est aujourd’hui dégarnie de sable et. hérissée de galets. Ces
différences d’action viennent essentiellement de différences dans la
direction des vagues. Quoi qu’il en soit, nous devons reconnaît! e
aux vagues une puissante faculté de transport et de disposition de l’al-
■ luvion lacustre ; elles sont un des agents modificateurs les plus efficaces
du relief et de la structure du littoral.
L’alluvion est composée des matériaux solides qui se séparent par
précipitation chimique ou mécanique de l’eau du lac, et se déposent sur
le sol, que ce soit sur lè fond, que ce soit sur les bords. Les origines
de ces matériaux peuvent être fort différentes ; nous pouvons les distinguer
en :
1° Corps qui tombent directement dans le lac, à savoir :
a L’eaü météorique. L’eau de pluie, la neige, la grêle sont relativement
purôs ; elles contiennent en dissolution quelques substances
ammoniacales, et en suspension quelques poussières collectées pendant
la chute à travers l’air. C’est ainsi que, d’après les études deM. A. Lévy,
à l’observatoire de Montsouris près Paris pendant 1 année 1877-78,
l’eau de pluie contenait en moyenne par litre : Q)'
Ammoniaque 2.3 “ ¡0
Acide azotique ' .0-9 »
Matières organiques révélables par le permanganate
de potassium (2) 49.0 »
Les substances azotées, dissoutes dans les eaux atmosphériques,
restent dissoutes dans le lac ; elles ne participent donc en rien à la
(‘) Annuaire de l’observatoire de Montsouris pour l’année 1879, p. 402 sq.
JP) Ces matières organiques nécessitaient pour leur oxydation par le permanganate
de potasse un poids d’oxygène de 2.5 m9. C’étaient probablement, en grande
partie, des poussières atmosphériques.