du Grand-lac où elle est réchauffée par le contact avec des eaux chaudes
; il en résulte que la couche de brouillards qui touche le lac. du côté
de Genève se relève à 50m ou -100m au-dessus du Grand-lac. Le croquis
ci-joint(fig. 33) explique bien cette distribution des couches dans la
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(Fig. 88.) La nappe fies brouillards sur l’extrémité occidentale du Léman.
supposition que l’air de la vallée aurait un degré d’humidité tel qu’il soit
saturé à 4 - 2.0°. Ce lit de nuages, flottant à 50m, 100m ou 200m au-
dessus du lac, explique pourquoi il y a plus de brouillards à Lausanne
et sur les collines des bords du lac, qu’à Ouchy et Morges, au niveau
même du lac.
Telle est la distribution normale des brouillards de l’hiver dans la
région du lac qui appartient à la plaine suisse, depuis Vevey jusqu’à
Genève, lorsque le temps est calme. J’estime donc, en réponse» à la
question d’Alphonse Favre, que la différence de fréquence des broùil-
lards à Genève et Morges tient à la différence de température des
eaux superficielles dans le Grand-lac et le Petit-lac
Avant d’aller plus loin, précisons mieux les conditions de l’établissement
du brouillard. La production du brouillard est due à un état
de sursaturation d’une couche d’air ; cet état peut être amené par
deux circonstances.
a Ou bien par le contact d’un air chaud, humide, avec un corps
froid. Les couches aériennes voisines de ce corps se refroidissent et
l’air non saturé à la température originale devient sursaturé à la température
nouvelle ; il y a apparition de brouillard, et cela d’autant plus
que les couches d’air sont mélangées par des courants d’intensité modérée.
J’ai vu des brouillards, sous forme de fumées légères et rapidement
évanouies, se développer, dans ces conditions, en été, sur les glaciers
ou sur le cours froid du Rhône du Valais. L’on peut artificiellement
reproduire ces conditions par l’expérience suivante : Remplissez de
glace un vase de métal enduit.d’une couche d’huile pour empêcher le
dépôt de rosée ; suspendez le vase dans un air chaud et humide ; les
fumées insaisissables du brouillard ne tarderont pas à apparaître sur
ses flancs. Appelons ce type de vapeurs vésiculaires des b r o u i l l a r d s
d ’e a u f ro id e . .
b Ou bien par l e . contact d’un air froid avec une nappe d’eau
chaude. L’eau réchauffe la couche d’air en rapport avec elle et la
charge d’humidité ; la moindre brise survenant mélange cet air chaud
et humide avec les couches supérieures encore froides; l’air inférieur
se refroidit par mélange, il y a sursaturation et production de brouillard.
C’est à ce type des b r o u i l la r d s d ’e a u c h a u d e qu appartiennent
les brouillards de la plaine suisse que nous venons de décrire, et
généralement tous ceux qui apparaissent sur le Léman.
La persistance de ces brouillards de la plaine suisse est parfois surprenante;
ils durent des journées, des semaines parfois, dans les
grands calmes de l’hiver. Comment peut-il y avoir ainsi durée prolongée
d’un même nuage dans la même couche? La question doit se
poser-, car la situation est paradoxale ; en effet, un état de sursaturation
de l’air, permettant le développement des vésicules du brouillard,
est presque nécessairement transitoire ; ou bien c’est 1 action de réchauffement
qui l’emportera et les brouillards se dissipeiont, ou bien
c’est l’action de refroidissement et le brouillard se précipitera en pluie.
Pour qu’il y ait état stable, il faut qu’ü y ait renouvellement constant
des deux conditions opposées qui se neutralisent. Voici comment je
me l’explique dans le cas des brouillards de la plaine suisse qui ne
sont jamais accompagnés de pluie. D’une part, le dégagement de vapeur
d’eau à la surface des lacs relativement chauds est con tin u ,
la provision d’humidité et de chaleur est toujours suffisante. D’une
autre part, la couche inférieure d’air froid qui doit condenser l’humidité
de l’àir chaud, se renouvelle chaque nuit. En effet, au-dessus de
la nappe des brouillards, le ciel est serein, et pendant la nuit il se produit
une radiation intense, d ’autant plus, intense que toute l’humidité
de l’air étant condensée dans les couches inférieures, les couches supérieures
sont très sèches et n’arrêtent presque plus les rayons thermiques;
au-dessus de la nappe des brouillards, le sol perd donc énormément
de chaleur par radiation nocturne et, au contact de ce sol
glacé, l’air se refroidit ; cet air lourd descend le long des déclivités des