s’observe sur le talus savoyard comme sur le talus vaudois. C’est à
l’entrée du Petit-lac que notre carte hydrographique des murailles du
lac différerait le plus de la carte actuelle. La pointe de Promenthoux
est formée par des terrasses d’alluvion et par le delta dë la Promen-
thouse, la barre de Promenthoux par le cône immergé de la Promen-
thouse et par la moraine sous-lacustre d’Yyoire ; le plateau d’Yvoire,
Excenevex, Nernier est formé de terrains glaciaires d’épaisseur inconnue.
A quelle profondeur sont les murailles du lac? Comment les
figurer. Je présume que, si nous les avions à découvert, l’étranglement
du lac moderne en ce point disparaîtrait presque entièrement, que la
séparation en Grand et Petit-lac s’effacerait et que la vallée du Petit-
lac continuerait presque sans secousses ou transitions celle du Grand-
lac. Quant aux barres transversales du Petit-lac qui séparent ce bassin
en une série de cuvettes, je suppose que ce sont des moraines frontales
enfouies sous l’alluvion lacustre; les revêtements du lac enlevés,,
le Petit-lac nous représenterait une vallée régulière, à plafond ascendant
s’élevant lentement du côté de Genève.
Tout cela n’est qu’hypothèses ; mais je les crois légitimes ,et admissibles.
III. Théorie du Léman.
Quelle est l’origine du lac? Quelle force Ta creusé? Quand a-t-il été
formé?
A cette question, la réponse est singulièrement malaisée. Tandis que
nombre de lacs ont une nature parfaitement simple et évidente à la
première étude, le Léman, comme du reste la plupart des lacs subalpins,
est difficile à expliquer ; sa th é o r i e est encore obscure et en
grande partie hypothétique. La géologie moderne est arrivée à établir
quelques faits positifs dans son histoire; d’autres restent encore à
l’état de pure hypothèse. Nous aurons à débrouiller les dates et faits
admis et admissibles, en gardant une réserve prudente sur les points
qui sont douteux ou seulement probables. Sur cette base, hélas! trop
incertaine, nous aurons le choix, ce qui est le plus difficile, entre différentes
explications théoriques d’ordres fort d iv e rs, nous devrons
chercher quelles sont les plus plausibles et, si cela est possible, nous
décider entre elles. La tâche est compliquée et ardue ; elle nécessitera
de longs développements.
Un lac est un réservoir dans lequel s’accumulent les eaux d’écoulement
superficiel et de drainage du pays. Qui dit réservoir dit dépression
du sol, bassin creusé dans les couches de la te rre ou soutenu par
un barrage. L’étude des faits géologiques et géographiques nous
apprend que l’établissement ou le creusement d’un tel bassin ne
peut provenir que d’un nombre restreint de causes. Un lac peut
être dû :
A des faits de plissement des couches terrestres
Au creusement par action mécanique des couches non disloquées ;
A l’établissement d’une digue formant barrage autour d’une cuvette.
Il y a bien peu de lacs qui soient dus à une de ces causes agissant
seule : le plus souvent leur origine est compliquée. C’est ainsi qu’un
plissement des couches, une rupture des couches ou l’érosion de l’eau
peuvent établir une vallée, une dépression en forme de rigole allongée
constituant les parois latérales d’une ' cuvette ; mais pour que celle-ci
devienne un bassin dans lequel les eaux s’accumulent, il faut qu un
barrage, provenant d’une cause souyent très différente, élève la paroi
aval du creux et empêche les eaux de s’écouler. Dans ce cas 1 existence
du lac est due aussi bien au barrage, ou encore plus au barrage,
qu’aux phénomènes de plissement des couches ou d érosion qui
avaient creusé la vallée. La plupart des lacs sont, par leur origine, des
lacs m ix te s . ,
La plus grande diversité d’origine se rencontre dans 1 histoire du
développement des lacs ; dans chaque cas spécial, pour chaque lac,
ü y a lieu de rechercher les actions qui ont amené la formation de la
cuvette et la stagnation de l’eau dans cette cuvette. Avant de faire
cette recherche pour le Léman, nous devons donc établir, après tant
d’autres, la classification systématique des lacs sur la base de leur
origine.
1° Lacs orographiques.
On dit qu’un lac est de nature orographique ( l) quand il est dû à des
P) Nous aurions dû, peut-être; employer de préférence l’expression moderne
tectonique, qui est plus précise.