de la Goulouvrenière ; l’eau contenue dans ce bassin ayant été épuisée,
le lit du fleuve a été approfondi et régularisé, les murs des quais reconstruits
ou consolidés, le pont de la Machine bâti à nouveau.
Le premier pieu du bâtardeau a été fiché le 21 novembre 1883 ; l’épuisement
de l’eau a commencé le 3 mars 1884 ; le cours du Rhône a
été rétabli le 4 août 1884. Dans une seconde campagne,.d’août 1884 à
avril 1886, on a construit une digue longitudinale partant de l’Ile et
aboutissant au bâtiment des turbines pour compléter le bief d’apport
des chutes hydrauliques ; on a achevé de creuser ce bief entre le
pont de la Coulouvrenière et les turbines; on a enfin élevé le bâtiment
des turbines, et on l’a meublé de sa machinerie. Dans une troisième
campagne, de février à juin 1887, le bras droit du Rhône ayant
été barré et son eau épuisée entre deux batardeaux, on a approfondi
le chenal, régularisé le lit du fleuve, rétabli les -murs des quais e t
construit, sous le nouveau pont de la Machine, le nouveau barrage à
rideaux qui doit régler le débit de l’émissaire. Enfin dans une quatrième
campagne, de 1889 à 1891, le port de Genève a été dragué, e t
ses boues, diluées dans l’eau du fleuve, ont été emportées par le courant
de l’émissaire. Le 17 mai 1886, une fêté solennelle, à laquelle
étaient invités les représentants de- la Confédération et. des cantons
intéressés, proclamait l’inauguration de la nouvelle machine hydraulique
de Genève et le prochain accomplissement de la- régularisation
du régime du lac. .
Les roues et turbines de ces Machinés hydrauliques sont mises en
jeu par le courant du Rhône, lequel est modifié par dès barrages pour
former une chute sous ces artifices.
Le b a r r a g e de la machine de 1713 occupait déjà toute la largeur
du fleuve; il avait été construit de telle manière que, non seulement
il élevât la chute du Rhône, mais encore qu’il relevât la hauteur du
lac pendant l’hiver. Voici ce que nous raconte à ce sujet Fatio de
Duillier: (i) « Depuis l’incendie du pont du Rhône de Genève, qui arriva
le 27 janvier 1670, ce fleuve, resserré dans un canal plus étroit qu’auparavant,
avait dans la suite du temps beaucoup creusé et abaissé son
lit dans cette ville. Les barques ne pouvaient plus, durant les basses
eaux, passer sur le grand Banc (banc du Travers), ni entrer dans le
(*) Loc. cit. [p 266], II, 467.
Port, qu’après avoir été allégées d’une partie de leur charge. Cet inconvénient
a été heureusement réparé par le moyen d’une Digue que la
République a fait construire au travers du Rhône. Cette Digue est
située au haut de l’Ile et au-dessus de la Machine des Fontaines. Elle
fut commencée sur la fin de l’année 1713, et elle est faite de manière
qu’elle n’empêche pas en été l’écoulement des eaux dont le lac se
décharge. P ar son moyen, on fait hausser en hiver la surface du lac
avec des madriers d’environ un pied et demi. L’on pourrait même, si
l’on voulait, élever ses eaux de passé trois pieds. »
Si l’on en juge par la planche II de la Réponse de l’Etat de Genève, (')
ce barrage de l’ancienne machine était situé à environ 50m en aval du
barrage de 1840.
Le barrage de 1840 a été construit dans le but d’établir une chute
dans le bras droit du fleuve, d’élever les eaux du lac en hiver pour le
passage des bateaux sur le banc du Travers, enfin de conserver dans
le lac une réserve d’eau suffisante pour le jeu des machines hydrauliques.
Il était composé d’un seuil fixe, très complet sur le bras droit,
où il faisait saillie de deux ou trois mètres sur le fond, moins élevé e t
moins complet sur le bras gauche, où il faisait moins saillie sur le sol.
Ce seuil fixe était formé par des poutrelles horizontales'noyées dans
un- enrochement de pierres, sans mortier. Son bord supérieur était aux
altitudes suivantes :
Sur le bras gauche . . . . . RPN. — 4.325m.
Sur le bras droit . . RPn | H 3.355m.
La passe du banc d e Travers étant à RPN — 4.4™, le bord supérieur
du barrage de la Machine était plus élevé que le seuil hydrographique
du lac de 8cm sur le bras gauche, et dé 1.05™ sur le bras droit du
Rhône.
Sur ce seuil fixe on établissait en hiver un barrage de planches v erticales.
Vers 1856 on l’a remplacé par un barrage de poutrelles horizontales
étendues d’une travée à l’autre du pont; leur épaisseur était
de '16 à 22e™, leur nombre variable suivant la profondeur du seuil
fixe. (2) Le bras droit, qui servait de canal industriel, était fermé le premier
; quand les eaux continuaient à s’abaisser on fermait aussi le bras
gauche du fleuve. L’écoulement ne se faisait plus alors que par les
' f1) Procès du Léman, 1880.
P) Dans l’usage courant le barrage mobile était posé quand le lac descendait
. au-dessous de la cote de 1.8”.