heures de la crue maximale, le 3 octobre de ,10'1 ™ à 4h s où le lac montait
de 13mm par heure, A ce taux, l’excès d’entrée dès affluents était
de 2103m3sec, et en y ajoutant les 100m 3 écoulés par l’émissaire, nous;
arrivons à un débit total de ces mêmes affluents de 2203m3sec.
•4° Ce chiffre de 2203m3sec représente la somme de trois valeurs:
l’eau tombée en pluie sur le lac, l’eau apportée par le Rhône du Valais,
l’eau des affluents directs du lac. Essayons de le décomposer.
Le Rhône du Valais n’a subi qu’une crue insensible. D’après les observations
fluviométriques de la Porte du Scex que je dois à M. l’ingénieur
cantonal de Rivaz, le fleuve ne s’est élevé que de 30 à 35cm an
plus; c’est que tout le Valais, en amont de St-Maurice, est resté presque
indemne de pluie. Des hauteurs du fleuve, en utilisant le graphique
Bürkli-Ziegler (v. p. 360), j ’évalue le débit du Rhône du Valais-
dans la journée du 3 octobre à environ 250m3scc.
La pluie tombée sur le lac peut être évaluée-. Nous avons comme
moyenne des chutes d’eau dans les huit stations riveraines du Léman
dans la journée du 2-3 octobre, 143.1mm, soit par heure 60mm d’eau.
Une couche de 60mm sur la superficie du Léman représente 35 millionsm:
1 soit une chute de 970m3soc.
Dans les heures de plus forte crue, le 3 octobre 1888, alors que le
lac montait à raison de 13m<» par heure, le débit des affluents se décomposait
donc comme suit :
Pluie tombée sur le lac 970m3 sec
Rhône du Valais 250
Affluents directs du lac 983
total 2203m3se<- .
Etant données les circonstances de l’orage du 2-3 octobre, ce chiffre
de 983m3sec pour le débit total des'petits affluents du lac doit être considéré
comme étant très près du maximum possible. Tous les affluents
étaient simultanément enflés ; ce n’est pas à dire que chacun d’eux,
pris isolément, ne puisse présenter de crue de débordement supérieure
à celle de Ce jour-là. Mais comme effet d’ensemble, il sera rarement
dépassé.
5° Nous pouvons tirer encore de ces chiffres une notion intéressante
sur le pouvoir de retenue de la terre en cas de pluie diluvienne.
Nous savons qu’il est tombé dans la journée en question en moyenne
122.8mm d’eau sur la partie suisse du bassin des affluents directs du
Léman, partie qui mesure 1173kmâ; il est tombé 164,0mnl d’eau sur la
partie savoyarde, de 8611™2. En multipliant ces chiffres, nous arrivons
à une chute d’eau de
Sur le bassin suisse 144 millions m3
— savoyard 141
ensemble 285 millions®3
soit par seconde 3304m3. Or nous savons qu’au moment de la plus
forte crue du lac les affluents directs du Léman apportaient un volume
de 983m3s«c seulement. Ce dernier chiffre n ’est que le 29°/0, soit moins
d’un tiers, du total de 3304m3 sec d’eau tombée sur le bassin ; le reste,
soit 71 °/0, plus des deux tiers, s’arrêtait dans le sol pour s ’y infiltrer et
pour s’écouler lentement, plus tard.
La crue du i 4-15 ju in 1889 a fait monter le lac, d’après les tracés de
Sécheron, de 153mm en un jour ; (') elle est donc la troisième des g randes
crues du lac. La chute de pluie qui l’a occasionnée, orage de pluie,
sans phénomènes électriques, a été forte, mais n’a pas atteint l’intensité
de celle du mois d’octobre précédent; on signale'des-valeurs plu-
viométriques de 91mm à Lausanne, 86 à Morges, 83 à Cossonay, 75 à
Gimel, 73 à Cully, etc. Les autres stations descendent à 60, 50, 40mm.
L’Arve a subi en même temps une forte crue, et la ville de Seyssel, craignant
une catastrophe, a fait demander par télégraphe la fermeture
du lac. La ville de Genève a cru devoir obtempérer à ce désir,- et la
crue du lac a été, de ce fait, considérablement exagérée dans sa rapidité,
et son amplitude. D’après les calculs de M.Th.Turrettini, l’apport
total des affluents a été dans cette journée de 1330m3sec. (2)
De ces exemples je conclus :.
a Les plus fortes crues du Léman, sans l’intervention des barrages
de GenèVe, atteignent le taux de 15cm en 24 heures (25 mai 1878).
b La fermeture des barrages de Genève exagère notablement l’amplitude
et la rapidité des crues (2-4 octobre 1888,15 juin 1889). '
c La plus forte crue historique du Léman a été celle du 2-4 octobre
1888, à raison de 368mm en deux jours, de 238mm en 24 heures, de
13mm par heure au moment de la hausse la plus rapide.
Variation en décrue. La décrue du lac est beaucoup plus régulière
que la crue ; elle est fonction de la h auteur du lac et de l’état d’ou-
(•) Au limnographe de Thonon, la crue du 14 au 15 juin, à midi, a~ été de 148™™.
(2) Archives, Genève. XXIII. 163.1890.