vagues, ils forment ces amas de débris qui salissent par places la plupart
de nos côtes.
Quelques-uns de ces matériaux légers ont à peu près la densité de
l’eau; lorsque leur densité est intermédiaire à celle de l’eau de la surface
plus légère et à celle de l’eau du fond plus lourde, ces corps flottent
entre deux eaux, Ce fait ne peut avoir lieu qu’au printemps et en
été, lorsque l’eau est stratifiée en couches de température et de densité
différentes. On voit parfois des bois, des roseaux flotter entre deux
eaux, à un ou deux mètres de profondeur, sans s’élever, sans descendre.
Nous utiliserons ce fait pour l’explication de certaines variations
de la transparence de l’eau.
2° Les matériaux plus lourds que l’eau sont essentiellement les corps
inorganiques, exceptionnellement les corps organiques. Ils descendent
au fond et forment l’alluvion. Cette alluvion tombe su r le fond suivantune
loi bien simple: A volume égal les. corps les plus denses, à densité
égale les corps les plus volumineux, à densité et à volume égaux les
corps les plus rapprochés de la forme sphérique tombent le plus vite
dans l’eau.
Comme c est surtout par le transport des rivières que les matériaux
de l’alluvion sont amenés au lac, ils sont distribués autour de l’embouchure
des cours d eau en rayonnant et en divergeant. Les galets sont
amenés par le courant du torrent jusqu’au lac, mais sitôt qu’ils arrivent
dans une eau calme, ils s’arrêtent à l’embouchure même de la rivière ;
ils sont repris ensuite par les vagues du lac et disséminés sur la grève.
Le gravier et le sable sont éntraînés un peu plus en avant, et le violent
courant que les eaux d’un torrent débordé tracent dans le lac peut ohar-
riei encore assez loin ces matériaux solides, qui tombent les uns après
les autres sur les flancs sous-lacustres du talus d’alluvion.
Quant à la poussière impalpable et aux matériaux terreux qui restent
en suspension dans l’eau, ils peuvent être transportés fort loin dans
le lac; les eaux ainsi salies mettent très longtemps à se clarifier ; -elles
peuvent avant de déposer leur limon, faire un très long trajet, soit à la
surface du lac lorsqu’elles sont plus chaudes que lui (au printemps),
soit entre deux eaux ou en rampant sur le talus lorsqu’elles sont plus
froides que la surface. Petit à petit cependant, elles laissent tomber la
poussière impalpable qu’elles renferment, et l’alluvion descend lentement
jusque dans les plus grands fonds du lac.
Pour apprécier la vitesse avee laquelle se fait la précipitation de l’alluvion,
j’ai institué l’expérience suivante, mars 1874. J’ai un photomètre
de Rumford, consistant en un vase de 1“ de longueur sur 10°™ de
largeur et 10cm de profondeur. Les parois latérales et le fond sont en
ziné verni en noif ; les deux parois extrêmes sont en glaces de v erre
blanc. Un stylet est placé verticalement en dehors du vase, à l’une des
extrémités, et son ombre vient se former sur un écran de papier
huilé. Je compare les ombres de' ce stylet produites par deux bougies
de même intensité et dont les rayons traversent l’un A le bassm plein
d’eau, l’autre B l’air de la chambre ; en plaçant les bougies-à une distance
convenable j’arrive à égaliser l’intensité des ombres. J’apporte à
ces comparaisons une correction nécessaire, représentant la quantité
de lumière absorbée par le passage à travers les glaces du bassin vide
d’eau. La distance éntre la bougie A et le stylet est toujours la même
1.16m, la distancé d du stylet de la bougie B est variable, je la mesure
directement. Avec de l’eau pure du lac, l’absorption à travers un mètre
d’eau est très faible, et la distance à laquelle jé dois placer la bougie
mobile B pour obtenir une ombre égale à celle de la bougie fixe dont
le rayon a traversé'l’eàu varie de 1.2 à 1.3™.
• Cela établi, je prends, le 26 mars, à midi, de l’eau pure du lac et je .
délaie, dans les 10 litres d’eau qui remplissent le bassin du photomètre,
un morceau de 8 grammes de limon du lac desséché, dragué à 50™ de
fond devant Morges. Je fais des essais photométriques pour déterminer
le moment auquel le dépôt du limon sera achevé.
26 mars, midi, opacité absolue
27 — 7'h-sV.''”\ : '1T:, ; :- /
ïïiï&ÿt — 10h s. __ - J — ) cependant sur une épaisseur
de l cm à partir de la surface
je commencé à apercevoir la
lumière de la bougie,- rouge
■ homme un soleil couchant.
28 — 7h s. lumière rouge d = : 11.S™
29 — 9h s. . 9.5
30 — 7h s. 7.3
31 :■ 7h s. - ' : • • 6.0
1er avril, . 8h s. 5.15
Je n’ai pas poursuivi plus loin cette expérience, mais les résultats
obtenus au 6 ' jour montrent la lenteur prodigieuse du dépôt
de l’alluvion. Combien de temps aurait-il fallu pour ramener la trans