tracé de Thonon, du 2 au 3 octobre à 6I,S 238mm
tracé de Sécheron, 3 au 4 — à 2hm 254
Le chiffre de Genève est le plus élevé ; mais de fortes seiches ayant
icompliqué la lecture des tracés, je préfère m’en tenir au chiffre du
limnographe de Thonon. (*)
La hauteur totale de la crue du 2 au 4 octobre a été
d’après les limnimètres du Grand-lac 364mm
— le limnographe de Sécheron 371
moyenne 368inm
dont la moitié représente la crue en 24 heures 184mm
C’est incontestablement la plus forte crue historique du Léman.
Cette hausse extraordinaire du lac doit être attribuée en partie,
mais seulement en faible partie, à la fermeture des barrages de Genève.
En effet, l’Arve avait subi l’action du même orage, et s’était mise en
crue d’inondation, dépassant la hauteur des plus hautes eaux des
trente dernières années. A la Jonction, au confluent du Rhône et de
l’Arve, les eaux atteignaient la cote RPN ■— 2.03m soit ZL + 0.97m;
c’est-à-dire qu’elles étaiént plus élevées que les eaux d’hiver du lac ne
l’étaient souvent dans les.époques anciennes. Si le lac avait été à ces
cotes inférieures, on aurait pu voir se renouveler, ce jour-là, le phénomène
historique de l’entrée de l’Arve dans le Léman, dont nous avons
parlé, page 395. Le lac étant le 2 octobre à la cote 1.69m, cette éventualité
n’était pas à craindre. Mais la crue de l’Arve était menaçante à
deux autres points de vue. D’une part les rives du Rhône en aval de
Genève étaient inondées; la ville de Seyssel, en particulier, poussait
des cris d’alarme, et les devoirs de bon voisinage exigeaient une intervention,
si intervention était possible. D’autre part, les hautes eaux de
l’Arve faisaient refluer l’eau dans le bijef aval de la machine hydraulique
de Genève, et diminuaient tellement la chute motrice, en la réduisant
à 0.9m, que le jeu des turbines était arrêté, et l’alimentation industrielle
et hygiénique de Genève était supprimée. Dans ces conditions,
la direction des -eaux de la ville a cru pouvoir prendre sur elle de
fermer le barrage à rideaux ; en limitant le débit du Rhône, elle diminuait
d’autant la quantité d’eau qui inondait Seyssel et les villages
(1) Ce tracé a été interrompu dans la nuit du 2 au 3 octobre de 9h s à 10h m, la
crue trop rapide ayant fait sortir le crayon hors du papier enregistreur. Mais cela
ne nous arrête pas pour .fixer exactement les heures de la crue maximale qui a
commencé ayant cet accident.
riverains du fleuve; en arrêtant l’eau dans le bras droit du fleuve, elle
relevait l’eau dans le bras gauche, et augmentait un peu la force motrice
utilisable. Le barrage à rideaux a été fermé le 2 octobre à 8I,S
et ouvert seulement le 4 octobre à 8h m. Pendant ce temps, l’eau s’écoulait
encore par les vannes de 6 turbines et par quelques orifices
-accessoires. Voici les valeurs du débit de l’émissaire dans ces journées
critiques; je les dois à M. l’ingénieur G. Rutticaz, directeur des
Eaux de Genève.
1 octobre 7h matin 223m3sec
2 — ; 7 — 222
3 — 7 — 108
3 ,B P _ 4 soir 92
4 7 matin 139
4 9 — • 392
5 6 soir 460
D’après ces chiffres, après la fermeture du barrage à rideaux, le
débit,du Rhône qui était avant la crue de 220tn3scc,e s ttom b é à l0 0m3scc
environ, pour se relever à 400 et 460m3soc lorsque les barrages ont été
de nouveau ouverts. On peut donc dire que si le barrage était resté
ouvert pendant la crue, il y aurait eu (') le 3 octobre, un débit de 250
à 300m3seo plûs élevé que celui qu’a présenté l’émissaire du lac. De ce
fait la crue du lac aurait été diminuée de 37 à 45mm en 24 heures. Au
lieu d’être de 238mm, elle n’aurait plus été que de 180 à 200mm en 24
heures. C’eût été encore la plus forte crue connue du Léman.
Tenons-nous en aux chiffres observés; nous en tirerons quelques
valeurs intéressantes :
1° Etant conhue la superficie du Léman de 582.4km2, la crue du 2
au 4 octobre de 368mm représente un volume de 214 millions1113 entrés
en 2 jours dans le lac en excès de l’eau écoulée par l’émissaire de
G-enève.
2° La crue du 2 au 3 octobre à 6h s de 238mm représente un volume
de 139 millions1113 d’excès d’entrée des affluents, soit un excès de débit
des affluents de 1607m3sec. Pendant ce temps, le Rhône de Genève
laissait passer encore 100m3soc. Le débit total des affluents dans ces
24 heures était donc en moyenne de 1707m3>“'15.'
3° Nous arrivons à un chiffre plus fort encore si nous prenons les
P) Nous ne tenons p?,s compte, il est vrai, du remous des eaux de l’Arve, qui
aurait certainement diminué notablement le débit du Rhône.