fleuve s ’approfondirait assez pour que le niveau du lac s’abaissât de
quelques inôtres. 1,'ne terrasse riveraine resterait sur tout le pourtour
du lac comme témoin de la hauteur actuelle du Léman.
L’état des débouchés de Genève intéresse le régime du lac à plusieurs
points de vue. Nous ne nous occuperons ici que de quelques-
uns d’entr’eux.
3° Manoeuvres du barrage de Genève.
Les barrages ayant pour fonction d’empêcher les eaux du lac de
s’abaisser trop et de gêner ainsi la navigation, d’augmenter aux basses'
eaux la chute sous les roues et turbines hydrauliques établies sur le
Rhône, enfin d’emmagasiner l’eau , du lac pour satisfaire à la consommation
des machines hydrauliques pendant la période des basses eaux,
c’est aux basses eaux que les barrages sont fermés, aux hautes eaux
qu’ils sont ouverts. Nous verrons au chapitre suivant que, dans le
Léman, les basses eaux ont lieu en hiver, les hautes eaux en été. Pouvons
nous donner des dates plus précises pour les manoeuvres du
barrage 7
Quant aux régimes antérieurs à 1840, nous n’avons pas à notre disposition
de documents qui nous les indiquent; du reste des dates
serrées n’auraient que peu d’intérêt, car les observations- limnimétri-
ques de l’époque n e sont pas assez minutieuses pour que nous puissions
tirer grand’chose de cette comparaison, (i)
Pour le régime de 1840-1880, nous possédons des notes qui nous
ont été communiquées par notre ami £ . Merle d’Aubigné, alors ingénieur
au service des eaux de la ville de Genève. Nous y voyons que
l’opération assez compliquée de la pose des poutrelles du barrage
mobile ôu de leur enlèvement durait plusieurs jours, souvent plut1)
Dans une note de la Cour des- comptes de Genève du 27 novembre 1737, il
est dit que dusage était alors d’ouvrir les digues dès le commencement de mars.
(Genfer-Buch de Berne, n° 15).
De 1739 à 1751 nous possédons quelques notes sur la date des manoeuvres du
barrage; la date moyenne de l’ouverture est'le 17 mars (8 années), celle de la fermeture
le 19 novembre (12 années) ; le barrage était donc fermé pendant 120 jours
environ, soit quatre mois. (Arch. d’Etat de Genève, dossier n» 4666.1
En 1790-92, on ouvrait la digue au mois de mai et même pendant l’hiver, si
c’était nécessaire ; d’après quelques cotes indiquées dans la Lettre des syndics,
de Genève du 29 août 1792, l’ouverture avait eu lieu dans lès années précédentes,
quand l’eau s’élevait aux cotes 34, 42, 38 et 44 pouces de l’échelle du Port-au-bois„
ce qui représente les cotes actuelles ZL -(- 0.92,1.14,1.03 et 1.19”.
sieurs semaines. Suivant les nécessités des crues et décrues plus ou
moins rapides du lac, elle était avancée ou reculée, pressée ou ralentie.
Dans l’usage établi à la suite d’une longue pratique, le barrage
mobile était posé lorsque le lac descendait au-dessous de la cote 1 .3m.
Je me contenterai, pour donner une idée de l’époque de ces manoeuvres,
de citer ici les dates extrêmes des manoeuvres du barrage pendant
six années.
1871.
Enlèvement du barrage.
20 avril — 22 avril.'
Etablissement du barrage.
7 novembre — 17 novembré.
1872. 2 » —- 27 mai. 15 octobre A- 23 octobre.
1873. 17 mars — 23 avril. 30 1 ^— 3 novembre.
1874. 1 » ^ 4 12 juin. 7 V . ' - —. 7 »
1875. 4 mai | | | | 20 mai. 9 » -l’- 4 13 octobre.
1876. 8 m a rs -S 8 avril. 20 > ' —1
D’après ces chiffres, le barrage était fermé de novembre en avril ; il
était ouvert de mai à octobre. Pendant six mois là hauteur du lac était
artificielle, et le débit de l’émissaire n ’avait plus de rapport régulier
avec cette hauteur.
4° Effet des manoeuvres du barrage sur la pente ded'eau
dans le port de Genève.
La nappe superficielle du lac peut être considérée comme étant de
niveau jusqu’au banc du Travers. Cette barre étant l’origine géographique
de l’émissaire du lac, le fleuve commence sa pente à partir de
ce pojnt. -
La pente de surface d’un fleuve varie, le long de son cours, suivant
la section transverse des profils, soit amont, soit aval ; là où le profil
est resserré, il diminue la pente amont et augmente la pente aval ; là
où le profil s’élargit, la pente diminue.
La pente superficielle du Rhône dans la traversée de Genève intéresse
grandement le jeu des artifices-hydrauliques mis en mouvement
par le fleuve ; ce point de vue ne nous occupera pas ici. Mais elle
intéresse aussi le régime du lac et c’est ce qui nous touche, car tous
les appareils limnimétriques de Genève, sauf ceux de Sécheron, sont
en aval du banc du Travers, c’est-à-dire dans le fleuve; pour tirer des
observations limnimétriques de Genève des notions exactes sur la
hauteur du lac, il faut y apporter une correction annulant la valeur de