ses moraines immergées, avec blocs erratiques formant récifs, sortant
plus ou moins de l’eau, qui se rencontrent sur plusieurs des rives du
Léman. Je citerai comme exemples les moraines littorales d’Yvoire, de
la côte de Préverenges, etc.
Des faits exposés il résulte que, dans la zone côtière, nous avons en
présence simultanément et concurremment l’action d’érosion et l’action
d’alluvion. L’érosion excave la côte et creuse la falaise et la beine
d’érosion, laissant en place les moraines littorales. L’alluvion ordonne
les dépôts sableux de la beine d’alluvion avec son talus d’éboulement,
le mont : l’alluvion fluviatile bâtit la partie émergée des deltas, l’allu-
vion fluvio-lacustre leur partie immergée : l’alluvion enfin établit les
cordons littoraux, leurs lagunes et les dunes qui peuvent les combler,
Description hydrographique des côtes du Léman.
Reprenons maintenant les côtes du lac et faisons-en une description
générale, qui comprendra ainsi la région littorale, sur les bases que nous
venons d’établir.
Si nous partons des bouches du Rhône, ou plutôt du Rouveret, en
longeant la côte suisse, nous trouvons successivement :
1» La p la in e d u R h ô n e du Bouveret à Villeneuve. C’est le delta
d’alluvion du Rhône, fleuve alpin à puissant transport. Il charrie des
galets, des sables et de l’alluvion impalpable, Daiis la série des âges,
ses embouchures ont divagué sur toute la largeur de la plaine. Depuis
les temps historiques, elles sont localisées sur le bord occidental de -la
vallée, à la place occupée actuellement par la grande, bouche du
Rhône, à 800m du Bouveret, et au Vieux-Rhône, 800m plus loin.
Ce rejet vers le côté occidental des bouches du fleuve fait avancer
le delta notablement plus loin sur la côte valaisanne que sur la côte
vaudoise, et le cône immergé est fortement asymétrique. A propos du
plafond du lac nous avons Vu que les courbes isobathes font beaucoup
moins saillie du côté du Bouveret que devant Villeneuve.
Les gros galets, dont le volume atteint la grosseur d’un oeuf, du
poing ou même d’une tête d’enfant, sont déposés à la bouche principale
du Rhône et forment une pointe basse à droite et à gauche du
chenal du fleuve; la grève exondée avance à peu près également de
chaque côté ; mais sur la rive gauche un banc de sable immergé par
les hautes eaux fait une saillie considérable.
Les sables sont charriés par les vagues le long de la côte. Entraînés
surtout par les vagues du vent sudois qui viennent de l’ouest, ils
arrivent jusque près de Villeneuve eh forment, au devant de la grève,
une beine très étendue mesurant par places jusqu’à l km de largeur.
Le front de cette beine n’est pas rectiligne ; il forme une série d’éperons,
au nombre dé 5 ou 6, plus ou moins saillants, désignés par l’appellation
locale d’araws. Ceux-ci se voient sur les courbes isobathes
jusqu’à la profondeur de 50m et plus. Le plus considérable, situé au
devant des Grangettes, limite à l’ouest le golfe de Villeneuve ; c’est sur
cet aran qu’est bâti l’îlot de Peilz. Les sables du Rhône sont très fins
et le mont, qui s’établit au devant de la beine, a une pente fort douce ;
mesurée jusqu’à l’isobathe de 85m, son inclinaison moyenne n’est que
de 16 pour cent, ce qui est fort peu.
Outre les galets et les sables, le Rhône charrie une masse énorme
d’alluvion impalpable qui est entraînée au loin dans le lac, jusque dans
la plaine centrale, comme nous le verrons quand nous ferons la théorie
du ravin sous-lacustre dm Rhône. Une partie de cette alluvion
impalpable se dépose sur le cône immergé et forme la rampe descendante
du plafond du lac. Nous en avons suffisamment décrit l'inclinaison.
Dans la fig. 24 je donne le profil du cône d’alluvion immergé
/.im. u .
(Fig. 24.) Profil du cône sous-lacustre du Khône. 1:50 000e.
du Rhône à l’échelle de 1 : 50 000e. On y voit la lenteur de l’approfondissement
du lac, la faible déclivité de la pente.
2° De Villeneuve à Ouchy, la côte du lac forme une muraille rocheuse
fort inclinée qui se continue sous les eaux par un talus également
fort raide. La côte terrestre est cependant loin d’être verticale.
Dans sa partie la plus rapide, au signal de Chexbres, par exemple, sa
pente ne dépasse pas 50 pour cent, soit un angle de 26°. Nous avons
vu que les talus sous-lacustres avaient des valeurs à peu près du
même ordre.
La fig. 25 à l’échelle de 1 : 25 000e donne le profil du signal de
n , ... 4»
(Fig. 25.) Profil de la côte et du talus devant Chexbres et le Désaley. 1:25 000e.