ressent, les eaux du Rhône et les eaux du lac, en admettant que leur
densite serait égale à celle de l’eau pure, plus le poids de la matière
en solution, moins le volume de l’eau déplacée par cette matière.
Un tel calcul est-il légitime ? Incontestablement oui, si l’on peut
déterminer dans chaque cas le volume d’eau déplacée dans l’acte de
la solution, l’augmentation de volume de l’eau dans laquelle on fait
dissoudre le'sel.
Mais cette augmentation de volume diffère pour les divers sels. C’est
ce que mon collègue, M. le professeur E. Chuard, de Lausanne, répondant
à mes questions, a élucidé par l’exposé suivant :
« Il n est pas possible de déduire, de la connaissance du poids et de
la densité du résidu fixe de l’eau, la densité de la solution préexistante.
« J’ai pris, par exemple, du chlorure de potassium dont la densité
est très approximativement 2 (en réalité 1.996); j ’ai préparé deux
solutions :
l’une au 1 % densité 1.0065
l’autre au 10 ‘ » 1.0658
« Les valeurs de ces densités sont données par Biedermann (Che-
misches Kalender); je les ai vérifiées à l’aréomètre normal.
« Or par le calcul que vous proposez d’appliquer, on trouve :
1er solution 995e™3 eau, densité 1.0 ï è 995 gr.
5cm3 KC1 » 2.0 10
Densité calculée . . 1.005
et non 1.0065 que donne l’expérience.
« Par le même calcul on trouve pour la 2e solution une densité de
1.050 et non 1.0658.
« Il y a donc écart considérable sur les chiffres de l’expérience.
« D autre part, même si l’on obtenait une concordance entre les chiffres
calculés et les chiffres trouvés expérimentalement, on ne pourrait
appliquer un raisonnement analogue’ à la détermination théorique de
la densité de l’eau, étant connues la quantité et la densité moyenne
du résidu fixe de l’eau." Il faudrait encore tenir compte, non seulement
des gaz en dissolution dans l’eau, mais encore du fait que la plus
grande partie du résidu, les carbonates de calcium et de magnésium,
so n fen dissolution dans l’eau à l’état de bicarbonates, sels sur lesquels
on n ’a pas de données physiques, vu leur instabilité. »
Je m’incline devant les arguments de M. Chuard, et je reconnais
qu’en calculant la densité de l’eau d’après la teneur en sels dissous,
je ferai une erreur. Mais cette erreur sera certainement faible; la différence
dans la quantité des sels en dissolution dans les deux eaux n’est
pas considérable, et la nature de ces sels est probablement à peu près
la même, l’eau du lac étant pour la majeure partie de l’eau du Rhône.
Tout en convenant donc qu’il y a une légère erreur probable dans mon
calcul, j’établirai celui-ci de la manière suivante :
Eau du lac,: (J) Matières dissoutes . . . . 174 mgr. par litre.
Densité de ces matières, calculée : 2.4.
Poids d’eau d é p l a c é e ..................... ..... 73 » »
Excès de poids. . . . . . 101 » »
Eau du Rhône du 6 juillet 1886 (n° X) :
Matières dissoutes . . . . : . . 240 mgr. par litre.
Densité : 2.68. (2)
Poids d’eau déplacée. . . . . . . 92 » ' '>*» '
Excès de poids..................... 148 » »
Il y aurait, d’après ce calcul, un excès de poids de 47 mgr. par litre
en faveur de l’eau du Rhône, ce qui donnerait, toutes choses égales
d’ailleurs, un excès de densité de 0.000 047.
Répétons-le : je saiS que par un tel calcul nous faisons probablement
une erreur; mais je sais que cette erreur est certainement peu forte et
qu’elle n’est pas en tous les cas une erreur de signe. Je me sens en
droit d’affirmer que, du fait des matières en dissolution dans l’eau, il
y a un léger excès de densité dans les eaux du Rhône comparées à
celles du lac, et qu’il y a lieu d’en tenir compte pour l’étude des densités
relatives.
B. Densité relative des eaux contenant de l’alluvion en suspensioti.
Tandis que l’eau du lac ne contient pas normalement de matières
lourdes en suspension, l’eau du Rhône en est fortement chargée; la
quantité a varié en 1886, d’après les analyses de M. Buenzod, de 0.04
à 2.25 gr. par litre. Cette alluvion augmente-t-elle la densité de l’eau ?
Je n’avais pas mis cette question en doute, quand j’ai écrit ma première
note sur les ravins soùs-lacustres (3) ou quand je me suis occupé
(*) Nous donnerons dans un chapitre ultérieur la justification de ces chiffres.
(2) Pour la densité des matières dissoutes dans l’eau du Rhône, j’ai pris 2.68, soit
la densité de l’alluvion du fleuve, détermination de M. E. Chuard.
(3) Comptes-rendus. Acad. sc. Paris, CI, 725,1885. '