4° Lacs mixtes.
Sauf le cas des cratères d’un volcan, tous les barrages que je viens
d’énumérer forment une digue droite ou peu incurvée. Ils ne peuvent
donc à eux seuls représenter les murailles du bassin d’un lac. Il faut,
pour que les eaux s’y accumulent, qu’elles soient contenues par les
parois d’une dépression préexistante qui complètent le barrage sur les
autres côtés. Cette dépression est en général une vallée, soit vallée
orographique, soit vallée d’érosion. Il en résulte que les lacs de barrage
sont le plus souvent des lacs mixtes, dont l’origine est due à
l’existence primordiale d’une vallée et à l’intervention secondaire d’un
barrage.
D’une autre part, nous avons vu que jamais les vallées d’érosion
ne peuvent à elles seules former le bassin d’un la c; il faut, pour que
l’eau puisse s’y amasser, que la vallée soit fermée par un barrage accidentel
ou par un soulèvement local. Nous pourrions montrer qu’il est
de môme bien rare que les vallées orographiques puissent constituer
un bassin fermé, sans l’intervention d’une digue.
Il en résulte qu’il est très peu fréquent que la nature d’un lac soit
simple; il en résulte que là plupart des lacs sont d’origine m ix t e ;
Nous avons donc une quatrième classe de lacs, les lacs mixtes qui
combinent dans leur origine l’action de deux facteurs.
Nous n’essaierons pas de décomposer Cette classe en types distincts.
Toutes les combinaisons possibles peuvent être imaginées entre
les diverses actions qui établissent la vallée ou la dépression du sol,
et celles qui établissent le barrage. Chacune de ces combinaisons formerait
un type spécial de lac mixte ; leur énumération serait oiseuse
En résumé, nous aurons les classes et types des lacs :
PREMIÈRE DIVISION, LACS SIMPLES.
Première classe. Lacs orographiques.
1° Lacs de vallée synclinale.
2° — anticlinale.
3° — isoclinale.
4° Lacs d’effondrement.
5° Lacs de soulèvement local.
6° Lacs d’affaissement local.
Deuxième classe. Lacs d’érosion.
7° Lacs d’érosion par l’eau (représentés seulement dans les lacs
mixtes).
8° Lacs d’érosion par les glaciers (de même, seulement dans les
lacs mixtes).
9° Lacs d’érosion par les vents.
Troisième classe. Lacs de barrages.
10° Lacs dé cratère volcanique.
11° Barrage par une coulée de lave.
12° Barrage par l’éboulement d’une montagne.
13° Barrage par le corps d’un glacier.
14° Barrage par la moraine latérale supérieure d’un glacier.
15° Barrage par la moraine frontale d’un glacier.
16° Barrage par l’alluvion d’un torrent affluent d’une vallée principale.
Les nos 11,12, 13, 14 et 16 ne sont représentés que dans.des lacs
mixtes.
DEUXIÈME DIVISION. LACS MIXTES
Quatrième classe. Dépressions orographiques barrées.
Cinquième classe. Vallées d’érosion barrées.
Je n’énumère pas tous les types possibles de ces deux dernières
classes.
Sur la base de cette classification, à quel type appartient le lac Lém
a n “? Telle est la question qui se pose à nous. La réponse n’est pas
d’évidence immédiate, à en juger par la divergence entre les auteurs
qui se sont appliqués à la donner. H me paraît que nous pouvons
grouper les opinions énoncées à ce sujet en les attribuant à trois
écoles principales :
L’école orographique. Les lacs subalpins en général, le lac Léman
en particulier, ont leur bassin établi par les plissements ou ruptures
des couches du sol. Pour Alphonse Favre (*) le Léman est d’origine
purement orographique : sa partie supérieure, le Haut-lac, est une
(4) Recherches géologiques, loc. cit. 1,186, sq.