
 
        
         
		parence  de  l’eau  à  un  degré  tel  que  d -fû t  égal  à  1.2  ou  1.3m? 
 Une  autre  expérience  montrera  encore  le temps  énorme  que  dure  
 la  précipitation  des poussières  impalpables.  Lé  20  avril 1876 je place  
 dans  deux  flacons de verre transparent de l’eau trouble provenant  d’un  
 dragage  fait devant Morges  par 45»  de  fond ;  le  24  avril  à  la  même  
 heure,  soit  après  quatre  jours  entiers,  l’eau  est  clarifiée dans  l’un  des  
 flacons  sur une  épaisseur  de  6.5e™,  dans  l’autre  sur une  épaisseur de  
 9  cm.  L eau  trouble  forme  au  fond  des  vases  un  nuage  parfaitement  
 bien  limité ;  on  dirait un précipité de gélatine. 
 Ces  expériences  montrent  la  lenteur prodigieuse  avec  laquelle l’al-  
 luvion  impalpable  descend  dans  l’eau.  On  en  déduira la  notion que  
 cette  alluvion  impalpable  peut  être  transportée  dans  le lac  à  de très  
 grandes distances  avant que,  dans  sa  chute,  elle arrive  sur le sol. 
 Je  diviserai  l’alluvion  qui  s'e  dépose dans le  lac  en  deux  typés  différents  
 par  leur  origine:  suivant  que  c’est  de  l’alluvion  f lu v ia t i le   (<)  
 apportée par les  affluents  ou  de l’alluvion  l a c u s t r e  provenant du  lac  
 lui-même.  Ces  deux  types  se  subdivisent  eux-mêmes  d’après  la grosseur  
 ou  plutôt  la  masse  des  matériaux ;  quand  C’est  de  l’alluvion  
 g r o s s i è r e   elle  se  dépose  sur  le  littoral  et  ne  s ’avance  dans  le lac  
 qu’en s’éboulant  en talus ;  quand  c’est  de Talluviôn  im p a lp a b le   (ou  
 peu  dense) elle est  charriée  au loin et se dépose à de grandes  distances  
 jusque  sur le plafond du lac. Nqus avons ainsi quatre formes d’alluvion. 
 I.  Alluvion  lacustre impalpable composée de poussières organiques,  
 débris  de la  vie  animale  et  végétale  dans  le  lac,  de  poussières  organiques  
 apportées  par  les  affluents,  de  poussières  inorganiques  arrachées  
 à la  rive  par  les  mouvements  des  vagues,  de  poussièrès  inorganiques  
 apportées  par  les  affluents  et mélangées  avec  l’eau  du  lac.  
 Cette  alluvion lacustre,  assez légère pour rester fort longtemps en suspension  
 dans  l’eau,  est  charriée  au  loin par les  courants  et  s e  dépose  
 partout dans  le lac,  sur le littoral,  sur les  talus et sur le plafond  du  lac.  
 Celle qui  s’arrête sur le littoral  est reprisé par les vagues, et son  dépôt  
 n est définitif que lorsqu’il  a lieu  dans une couche assez profonde pour  
 que les vagues n’y  agissent plus. L’alluvion  lacustre impalpable est de 
 f1)  G est ce que j’ai désigné plus haut, page 102, sous le nom plus compliqué d’alluvion  
 fluvio-lacustre. Comme il s’agit  ici,  sans aucun  doute,  d’ahuvions déposées  
 dans le lac, et qu’U ne peut y avoir .confusion, je crois pouvoir abréger et l’appeler  
 simplement alluvion fluviatile. 
 dépôt très général  sur  toute  l’étendue  du  lac ;  elle se mêle  à  toutes  les  
 autres  formes  d’alluvion. 
 II.  Alluvion  fluviatile  impalpable.  Quand  un  affluent  est  en  crue,  
 ses  eaux  sont  alourdies par  une  telle  abondance  d’alluvion  minérale  
 impalpable qu’elles  augmentent  assez  de  densité  pour  ne plus  s’étaler  
 à la  surface  du  lac,  et pour descendre  dans les grands fonds en suivant  
 la ligne de plus grande pente  du  cône torrentiel  immergé.  Elles  déposent  
 alors  leur  alluvion  sur  le  plafond  du  lac  et  tendent  à le combler  
 en  le transformant  en une plaine horizontale. 
 J’insisterai  sur  cette  caractéristique  de  l’alluvion  fluviatile  impalpable, 
   qui me paraît  fort bien  déterminéé, mais  demande  à  être précisée. 
  Elle  est  formée par  les  poussières  minérales  en  suspension  dans  
 l’eau des  affluents, mais  celles-ci  rie produisent pas toujours  des  couches  
 distinctes  d’alluvion  dans le lac. Quand les rivières  sont  à l’étiage  
 et  charrient peu,  quand  leur  température  est  égale  ou  supérieure  à  
 celle des  eaux  de surface  du  lac,  quand,  à l’embouchure d’un torrent  
 débordé*  les vagues  du lac mélangent les  eaux  fluviátiles avec les eaux  
 du  lac,  dans  uné  foule de  circonstances, les poussières minérales provenant  
 des  affluents, peuvent  être mises  en  suspensión:  dans  l’eau  du  
 lac,  être promenées  avec  elle par les vagues  et  les  courants ;  dans  ce  
 cas  elles se confondent avec l’alluvion lacustre  et se déposent  avec elle.  
 Il n’y  a  dépôt  d’alluvion  fluviatile  impalpable,  fournissant une  couche  
 spéciale  dans le  sol,  que lorsque les  eaux torrentielles forment dans le  
 lac  une masse distincte, de grande densité, qui  s’écoule dans les grands  
 fonds  et va  s’y  accumuler  sans  se  disperser  dans  l’étendue  indéfinie  
 du lac. Ce  cas  est  représenté  normalement  par  le3  eaux  des  rivières  
 glaciaires  pendant  l’été,  accidentellement par  les torrents  de la plaine  
 lorsqu’ils  sont  débordés.  Nous  développerons  cette  question  intéressante  
 quand  nous  traiterons  du  ravin  sous-lacustre  du  Rhône,  dans  
 un  chapitre  subséquent.  Je  citerai  comme  exemples  de  couches  constituées  
 essentiellement  par  l’alluvion  fluviatile  impalpable  :  la  plaine  
 centrale  du Léman formée par l’alluvion impalpable  du Rhône  et  celle  
 de tous  les  affluents  du  Grand-lac;  le  fond  des  cuvettes  du  Petit-lac  
 formé de la même manière par les  affluents  qui y  aboutissent. 
 III.  Alluvion  lacustre  grossière,  formée  des  sables  arrachés  à  la  
 grève par les  vagues  et emportés  en  avant  par  le  courant  de  retour  
 profond. Exemple :  formation  de la beine  et  du mont. A mesure que le  
 talus  d’éboulement du mont avance dans le  lac,  il  efface  sous  sa  décli