plissements, à des soulèvements ou à des effondrements des couches
de la terre. Il y a lieu de distinguer :
a L’établissement d’une cuvette dans le pli concave de couches
formant vallée synclinale. C’est ce que Desor, ( ’) dans sa classification
des lacs basée sur la terminologie géologique du Jura, appelait u n
la c d e v a l lo n .
b L’établissement d’une cuvette dans une rupture longitudinale,
une fente déterminée par un excès de plissement sur le sommet ou
les flancs d’une voûte. Les lèvres de la fente s’écartent par le fait du
soulèvement du noyau intérieur de la voûte; l’érosion d’une partie
des couches supérieures peut intervenir pour élargir le bassin du lac.
Suivant la direction de plongement des couches, la vallée ainsi produite
est :
Ou bien a n t ic l in a l e , les couches plongeant de chaque côté dans
une direction opposée. Ce cas ne se produit que sur la ligne de faite
d’une voûte non déjetée.
Ou bien i s o c l in a l e , les couches plongeant des deux côtés de la
vallée Dana la même direction. Cette disposition des couches peut se
présenter ou bien sur les flancs d’une voûte, ou bien au sommet d’une
voûte fortement déjetée.
Ces trois types sont réunis par Desor sous le nom de la c s d e
com b e . Je préfère les appeler la c s d e v a llé e a n t ic l in a l e et la c s
d e v a l lé e is o c lin a le .
Desor établissait un type de lacs orographiques qu’il appelait lacs
de cluse, leur bassin étant creusé dans une vallée transversale
(Durchbruchthal, c lu s e ). La géologie actuelle n’admet plus que ces
vallées transversales soient dues uniquement à des ruptures, à des fissures
des couches, à des faits orographiques ; elle n’y voit plus, comme
action dominante, que des phénomène^ d’érosion. C’est donc à un autre
groupe que doit rentrer ce type de lac, qui est du reste parfaitement
caractérisé.
c L’établissement d’une cuvette peut être dû à un effondrement du
sol causé par l’éboulement des voûtes d’une caverne souterraine. Un
tel lac, que nous appellerons la c d ’e f fo n d rem e n t, ne saurait avoir,
si nous ne nous trompons, ni une grande étendue, ni une grande profondeur.
En effet, des cavernes un peu considérables ne peuvent
(i) ß ßesor. De la physionomie des lacs suisses ; Neuchâtel 1860.
exister que dans les couches supérieures de la terre. Les grands
espaces vides que l’on admettait autrefois entre le noyau liquide et
l’écorce solide du globe ne sauraient exister si les idées modernes sur
la viscosité des matériaux solides sous l’effet de la compression sont
exactes. Or, dans les strates superficielles de la croûte terrestre, de
vastes cavités, de kilomètres de largeur, sont inadmissibles; les
lacs d’effondrement seront donc nécessairement de dimensions restreintes.
. i l
d L’établissement d’un bassin peut être dû à un affaissement local
sur le cours d’une vallée ou à un affaissement général de l’ensemble
du pays. Les eaux, qui auparavant s’écoulaient librement vers la mer,
ne trouvant plus la pente nécessaire, s’accumulent en nappe dans la
cuvette ainsi formée.
e Enfin un soulèvement local peut faire barrage su r le cours d un
fleuve, et retenir les eaux qui s’étendront en lac derrière la digue.
L’école de Lyell a peut-être abusé de ces accidents locaux pour
expliquer facilement tout ce qui ne trouvait pas immédiatement sa
solution d’une autre manière; la géologie actuelle a peut-être trop la
tendance d’oublier ces phénomènes dont l’action est cependant parfois
incontestable.
Les cuvettes formées par ces divers faits orographiques peuvent
être perfectionnées ou complétées par des barrages accidentels,
comme nous allons le voir bientôt.
2° Lacs d’érosion.
En second lieu, les lacs peuvent être formés par des actions mécaniques
de creusement, par l’érosion. A ce point de vue on peut penser
à trois actions différentes : à l’eau courante, aux glaciers, aux vents.
a Erosion p a r l’eau courante. L’eau est le grand agent d é ro sio n ,
_ c’est à elle que sont dues la plus grande partie des vallées ; c est elle
qui creuse, qui sculpte les continents. Mais l’eau courante ne saurait
à elle seule former un lac ; l’érosion qu’elle produit ne peut creuser
qu’un plan incliné, à profil longitudinal plus ou moins régulièrement
ou irrégulièrement en pente jusqu’à la mer ; elle ne saurait excaver
un bassin. Ce n’est qu’au pied d’une cascade que l’on voit l’eau former
des creux et encore ceux-ci sont-ils si petits et si peu profonds qu ils
ne méritent pas le nom de lacs.