l’apparition et la marche sont soumis à des lois qui nous échappent
encore. Suivant les saisons, ils ont une tendance à suivre des routes
différentes ; les cyclones, par exemple, pendant l’hiver traversent plutôt
l’Atlantique et la Méditerranée, pendant l’été traversent plutôt le continent
européen. Ces perturbations de vaste amplitude, à grandes
allures, régissent le temps, le tem p s q u ’il f a it, le temps météorologique.
Un troisième ordre de perturbations est celui des troubles locaux
et passagers de l’atmosphère, occupant un espace relativement peu
étendu, durant peu; des altérations subites, rapides, violentes, de
courte durée, du calme atmosphérique. Ces altérations sont toutes
plus ou moins caractérisées par le développement de nuages, par des
chutes de pluie, parfois de grêle, par l’abaissement de la chaleur, par
des phénomènes électriques divers, depuis la simple augmentation de
tension jusqu’à la décharge de la foudre, enfin par des vents plus ou
moins violents. Ces perturbations sont les orages, ouragans, tornados,
tempêtes, etc. Leur symptôme dominant, le vent, nous oblige à nous
en occuper ici.
Il est probable que cette classe de perturbations est très complexe-
et qu’il y aurait lieu de la diviser en types nombreux, divers soit par
leur origine, soit par leurs manifestations. Il est possible que les unes
soient dues originairement à des phénomènes thermiques, les autres à
des phénomènes électriques, les autres à des phénomènes mécaniques
(courants d’air). La météorologie scientifique moderne s’occupe avec
ardeur de cette étude; elle n ’est pas encore arrivée à des conclusions
définitives et certaines ; les lois et .théories des phénomènes ne sont
pas encore débrouillées d’une manière classique. Dans cet embarras,
et n’ayant point charge de légiférer en météorologie, étant obligé d’autre
part pour certaines questions d’intérêt limnologique, les seiches
par exemple, de m’éclaircir les notions sur ces phénomènes qui nous
touchent de si près-et remuent si profondément le lac, je vais exposer
la manière purement empirique dont je comprends les perturbations
locales de l’atmosphère.
Les perturbations locales et rapides de l’atmosphère peuvent être
classées en :
I. Perturbations avec mouvement tournant :
a. C y c lo n e et anticyclone.
b. T o rn a d o , ouragan.
c. T rom b e .
II. Perturbations atmosphériques sans mouvement tournant :
d. O ra g e .
Au premier groupe appartiennent tous les mouvements tournants,
depuis le cyclone, qui traverse le continent avec un diamètre de quelque
10, 20 ou 30°, jusqu’au tornado, à l’ouragan-cyclone, d’un plus
petit diamètre, quelques kilomètres seulement, mais d une plus grande
violence; jusqu’à la trombe e n f i n , mouvement tournant de quelques
centaines ou quelques dizaines de mètres de diamètre, dont la violence
peut être parfois excessive. Plus le mouvement est concentré
sur un petit diamètre, plus il est terrible dans ses manifestations, plus
aussi les phénomènes caractéristiques des perturbations atmosphériques
y sont intenses ; les nuages sont plus serrés et plus épais, la pluie
et la grêle sont plus désastreuses, la tension et les décharges électriques
sont plus violentes, le vent tourbillonnant est plus destructeur.
Dans ces divers phénomènes, la direction du courant d air est toujours,
pour autant que nous le savons, centripète. Dans les cyclones,
la convergence en spirale des vents est un fait démontré, dans les
tornados, le mouvement tournant est incontestable (ouragan du 20
février 1879, ouragan du 19 août 1890), la convergence est probable
puisque l’ouragan n’est qu’un cyclone de petit diamètre; dans les
trombes^ enfin, le mouvement ascendant à la partie inférieure est constaté
toutes les fois que le phénomène est assez lent dans ses allures
pour qu’on puisse l’observer (tourbillons de poussière des routes,
trombes des auteurs). Nous pouvons donc attribuer à ces mouvements
tournants les caractères suivants :
Vents spirales convergents à la partie inférieure; mouvement, au
centre de la colonne tourbillonnante, vertical ascendant dans la région
inférieure. D’après ce que nous savons des cyclones, la pression est
fortement diminuée sous le centre du tourbillon.
Tout autre est le mouvement de l’air dans les perturbations sans
mouvements tourbillonnants, que nous appelons orages, et que nous
allons décrire. Cet orage local n’est pas admis par nombre de météorologistes
français ; nous autres habitants des pays de montagnes qui
l’observons tous les jours en été, npus ne pouvons que le constater et
en affirmer l’existence.