Si, enfin, je fais intervenir le fait qui me paraît certain que, entre
l’année 1816 date de la construction du limnimètre Nicod et l’année
1818, il y a eu un affaissèment d’environ 4 pouces de Berne (98mm) du
terrain ou de la maçonnerie du limnimètre, j ’arrive à apporter une correction
importante aux lectures originales de ces deux années ; au
lieu de 65 et 62 pouces je lirais au limnimètre Nicod :
Maximum de 1816 61 pouces
— 1817 58 —
En admettant qu’il y ait eu 166 pouces de différence de niveau entre
les zéros des limnimètres Nicod et Mestrezat, et en adoptant pour ce
dernier l’équation ZL -(- 0.241m, cela me donne en définitive le s cotes
probables :
Maximum de 1816 " 2.813™
— "1817 2.886
En résumé, nous avons par ces divers procédés la hauteur des eaux
d’inondation de 1816 et 1817 aux cotes suivantes dé l’échelle normale
du lac :
18Í6 1817
Observations Mestrezat 2.807™ 2.880™
Marques du Port de Morges (Pache-Martin) 2.882 2.939
Marques du Port de Nyon ' 2.788 2.823
Notes J. Favre, de Rolle 2.785 2.863
Planche Develey (niveau Shuckburgh) 2.799 2.860
Observations Nicod-Delom (coordination Mestrezat) 2.721 2.7Ô4
—- (coord. L. Grand-quai) 2.810 2.883
— (correction Forel) 2.813 2.886
' Moyennes 2.799™ 2.866™
Le zéro du limnimètre Nicod-Delom que j ’ai adopté dans ma coordination
à ZL 4.341™ me donnant les cotes de 1816 par 2.753™, de
1817 par 2.826m, mon zéro serait d’après ces chiffres de 46 ou 40mm
trop bas, et les valeurs que j’en ai tirées devraient être relevées en
moyenne de 43'"™.
— Je rappelle ici le fait, déjà signalé page 242 : i! semblerait que les
hautes eaux de 1816 et 1817 auraient été plus élevées du côté de
Genève que dans le Grand-lac. Les coordinations faites à Genève à
l’occasion du procès du Léman arrivent à des chiffres beaucoup plus
élevés que ceux que je trouve par les observations ci-dessus développées,.^
1)
a Dans la Réponse de Genève, planche IV, tableau graphique :
Maximum de Í 8 Í 6 2.995™
— de 1817 3,017
b M. H. de Saussure a déduit (La question du lac, p. 20) d’observations
et de témoignages recueillis à Genthod que les eaux de 1816 et
1817 se seraient élevées à 20 ou 30e™ au-dessus du repère de la Pierre
du Niton._
c E. Plantamour, dans son mémoire de 1881, relève encore les
maximums de 1816 et 1817 et leur donne les cotes 3.093 et 3.098™ au
Jardin anglais, hauteur à laquelle il faudrait encore ajouter là penib du
lac jusqu’au Jardin anglais.
d Enfin les témoignages unanimes d’une vingtaine de vieillards
âgés de 80 ans et plus qui ont paru devant le tribunal fédéral dans la
séance du 20 juin 1882, ont tous déclaré qu’en 1816 et 1817 les eaux
avaient couvert la Pierre du Niton la plus basse. Tout en faisant la
part de quelques exagérations bien explicables quand on fait appel à
des souvenirs aussi lointains, il me paraît que c’est un fait établi que
dans l’une de ces deux années, 1817 probablement, l’eau a dépassé le
repère de la Pierre du Niton.
Il y a une grande différence entre ces deux séries de chiffres. D’une
part les observations faites dans la partie orientale du lac laissent les
maximums de 1817 et surtout celui de 1816 à 10 ou 20«« au-dessous
de RPN. D’une autre part, les souvenirs encore présents de témoins
oculaires disent qu’à Genève les hautes eaux ont couvert la Pierre du
Niton. Les premières sont aussi certaines que peuvent l’être des faits
aussi éloignés ; les secondes ne peuvent être suspectes, vu la solennité
du lieu où le témoignagea été produit.
Peut-on expliquer cette divergence par des dénivellations locales
dues à la bise qui aurait refoulé les eaux à Genève ; (2) faut-il faire inf1)
Les lectures faites au limnimètre à flotteur de là Machine .hydraulique donnent
püur le maximum de 1816 1191li pouces du pied de roi, pour le maximum de
1817,119 V* pouces. Le zéro du limnimètre étant à Z L $ | 0.60"”, ces cotes représentent
une hauteur d’eau de ZL 2.574” et 2.580“. A ces valeurs, il faut ajouter la
pente de l’eau depuis le banc du Travers jusqu’à la Machine hydraulique. Il n’est ’
pas probable que cette pente ait dépassé 30 à 40™, ce qui rapprocherait ces chiffres
de notre coordination plutôt que de colle dés Genevois.
H Les observations météorologiques de l’époqué s’opposent à cette explication.