« En été le Rhône a régulièrement chaque jour ses heures de crois-
» sance et de décroissance, dans une assez large mesure-; à son arri-
» vée au lac, il commence à croître vers minuit ; cette crue augmente
» jusqu’à 10 h. du matin ; depuis cette heure, il décroît jusqu’à mi-
» nuit, la chaleur du jour ne faisant sentir son arrivée au lac que le
» lendemain matin, de minuit à 10 h. »
La deuxième citation est tirée d’un travail de S. Nicod-Delom de
Vevey, présenté le 1er mai 1833 à la Société vaudoise des sciences naturelles
: (*) « En été, lorsque la hauteur de la surface du lac est res-
» tée 4 ou 5 jours stationnaire, que les affluents, le Rhône compris,
» n’ont subi aucune augmentation ou crue momentanée, qüe le temps
» était au beau et bien calme, le ciel sans nuage, la température
» à 21° R, entre 2 et 3 h. après-midi, le limnimètre observé le matin
» et puis le soir indiquait une baisse de 3/4 de pouce de la surface du
» lac que je présume être produite par l’évaporation (?), ayant répété
» plusieurs fois l’observation dans les mêmes circonstances ».
2° VARIATION PÉRIODIQUE ANNUELLE
Rappelons en commençant deux faits fondamentaux :
a Pour étudier le régime naturel du Léman, nous devons nous
adresser à la limnimétrie antérieure aux grands travaux modernes de
la régularisation du lac, antérieure par conséquent à: l’année 1884. Le
régime actuel du lac est presque entièrement artificiel, et si nous
voulons nous occuper des faits naturels, nous devons parler au passé.
b Même en nous limitant à la limnimétrie antérieure à 1884, nous
devons nous souvenir que depuis 1713, etpeut-être même auparavant,
le Léman n’est plus un lac sauvage ; que des digues et artifices ont
été établis sur son émissaire et que, en particulier, des barrages mobiles
relevaient les eaux de l’hiver, ou plutôt empêchaient les basses
eaux de s’abaisser à leur niveau naturel, et diminuaient ainsi l’amplitude
de la variation annuelle. Le développement des artifices de Genève
ayant été progressif, plus haut nous pourrons remonter dans le passé,
plus près nous nous rapprocherons de l’état de nature qui nous intéresse
actuellement.
Quoi qu’il en soit, dans les faits à nous connus, nous constatons
(*) Dossier Nicod-Delom, chez M. M. Morel, avocat à Lausanne.
une variation périodique parfaitement marquée ; elle eût été plus forte
si le lac avait été à l’état sauvage.
Dans son mémoire de 1881, où il analyse les observations limnimé-
triques de Genève, de 1838 à 1880, E. Plantamour donne la courbe
des variations annuelles dans la formule suivante, où /¡. représente la
hauteur du lac au-dessus et au-dessous de la moyenne ZL + 1.4312“ ,.
M représente la date exprimée en degrés sexagésimaux, l’année entière
étant comptée pour 360° :
Iv^fz 1.4312m -|- 0.5434™ sin (M -f- 231°,2') + 0.1739“ sin (2 M
+ 20°,21.5’)% 0.0474“ sin (3 M + 107«,12’),
l’erreur entre les résultats du calcul et les observations, étant de
+ 9mm.
Cette formule n ’est pas d’un usage très facile. Pour la plus grande
commodité du lecteur, je préfère lui donner ici la courbe sous une
autre forme. Je tirerai des moyennes mensuelles des années 1818 à
1880 les moyennes générales qui sont les suivantes :
Janvier 0.928“ Juillet 2.032“
Février 0.888 Août 2.136
Mars 0.900 Septembre 1.876
Avril 0.991. Octobre 1.432
Mai 1.204 Novembre 1.160
Juin 1.611 Décembre 1.030
Ces chiffres qui se traduisent par une courbe assez régulière (fii
suffiront à' ma démonstration.
On y voit que les eaux du lac étaient basses en hiver, et hautes en
été ; que, entre la moyenne du mois le plus élevé et celle du mois le
plus bas, il y a une différence notable :
Moyenne d’août 2.136“
» de février 0.888 différence 1.248“
Si au lieu de nous adresser aux moyennes mensuelles, nous p re nons
les cotes des maximums et celles des minimums, nous avons ce
que nous appelons la v a r i a t io n a n n u e l le .
Moyenne des maximums 2.284“
Moyenne des minimums 0.742 différence 1.542“
La plus forte variation annuelle connue est celle :
du maximum de 1817 2.880“
au minimum de 1818 0.602“ différence 2.278“